Originaire de Meyrin, Renée Pellet née Châtelain vit le jour le 10 janvier 1905. Nichée dans la campagne genevoise, Meyrin comptait alors à peine un millier d’âmes et avait un visage bien différent de celui de l’actuelle ville à la frontière française. La région avait connu un passé mouvementé, marqué par les tensions entre Genève et la Savoie, avant de rejoindre la Suisse en 1815.
Meyrin entama son saut dans la modernité en 1922 avec la construction d’une première piste d’aviation à Cointrin. Alors âgée de 17 ans, Renée assista à ces bouleversements, elle qui avait justement effectué sa scolarité à Cointrin où sa famille s’était installée en 1916. Son entrée en politique était encore une perspective distante.
Renée possédait des dispositions évidentes pour le théâtre et le chant qui n’échappèrent pas à son instituteur, lui-même ancien élève du célèbre musicien et pédagogue genevois Emile Jacques-Dalcroze. Il l’encouragea à rejoindre un groupe littéraire et musical amateur. C’est là-bas que la jeune femme s’affirma et apprit notamment à s’exprimer en public, un talent qui lui servira plus tard sur la scène politique. Parallèlement à la littérature et à la musique, Renée Châtelain suivit un apprentissage dans l’horlogerie et travailla comme régleuse, en charge de la précision des produits, dans une fabrique horlogère à partir de 1923.
Elle épousa Alphonse Pellet en 1932. Cette union fut toutefois de courte durée puisqu’Alphonse décéda quelques mois plus tard. Jeune veuve, Renée Pellet ne se remaria plus, préférant s’engager de plus en plus au service de la collectivité. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle intégra ainsi la Défense aérienne passive, une division chargée de défendre la population contre les attaques aériennes.
En 1958, Renée choisit d’arrêter de travailler pour s’occuper de sa mère malade tout en s’investissant au sein de l’association Suisse-URSS. Cette organisation qui visait à promouvoir les relations entre la Suisse et l’Union soviétique attirait essentiellement des personnes sensibles à la cause socialiste. Proche des idées socialistes, Renée effectua un voyage culturel en URSS la même année, dans un contexte de fortes tensions entre Est et Ouest. A la même époque, Meyrin se retrouva une nouvelle fois aux premières loges du progrès technologique avec la création du CERN.
Bien qu’elle eût toujours été une observatrice attentive de la vie politique, Renée Pellet ne devint véritablement active qu’à l’âge de 58 ans, en octobre 1960, lorsqu’elle se porta candidate à l’élection complémentaire d’un adjoint au maire de Meyrin. Inscrite sur la liste du «Mouvement féminin de Meyrin», une mouvance hors parti, elle remporta le scrutin et marqua ainsi l’histoire. Genève n’avait accordé le droit de vote aux femmes au niveau cantonal que quelques mois auparavant, en mars.
En s’imposant face à deux candidats masculins, Renée Pellet devint la première femme à accéder à un exécutif en Suisse romande.
Durant son mandat, Renée Pellet s’occupa notamment des routes, de la voirie et du service social dans la commune. Meyrin connut une croissance fulgurante au cours de cette période du fait de sa proximité avec la ville de Genève. En 1963, Renée Pellet ne fut toutefois pas réélue à son poste. La croissance de la population fut l’une des principales raisons de cette défaite: les nouveaux habitants et habitantes n’ayant pas de lien avec la commune et son passé, ils ne furent pas sensibles à l’ancrage local de la candidate.
Renée parvint tout de même à être élue au conseil municipal, où elle demeura jusqu’en 1975. Au cours de ce nouveau mandat, elle présida le conseil de 1968 à 1969.
Renée Pellet était une pionnière. Première femme en Suisse romande à être élue dans un exécutif, elle contribua à ouvrir la voie aux femmes suisses en politique. La Meyrinoise s’engagea pour la justice sociale jusqu’à son décès en décembre 1985. Elle symbolise aujourd’hui encore le courage, l’engagement ainsi qu’une foi inébranlable en une société meilleure.