Si vous ne connaissez pas John Wick, alors vous êtes simplement passé à côté d'une saga qui a simplement remis sur le devant de la scène le cinéma d'action à l'ancienne. Un genre qui a un peu disparu du grand écran, remplacé par des superhéros numériques qui depuis plus de vingt ans nous ont fait peu à peu oublier la sensation de voir du «vrai». La saga John Wick, en véritable lettre d'amour au cinéma hongkongais, a vu sa mise en scène redéfinir le cinéma d'action contemporain en offrant un terrain de jeu aux meilleurs cascadeurs et acteurs de film d'arts martiaux.
Depuis le 22 mars, John Wick Chapitre 4 est sur les écrans. Une conclusion qui a des allures d'opéra, tant tout frôle la démesure. En effet, de Tokyo, en passant par Berlin et Paris, John Wick brise des nuques, explose des voitures et vide un quintal de chargeurs pendant près de 3h avec des séquences d'action si démentielles qu'elles donnent à n'importe quel James Bond la fadeur d'un yaourt nature. Le film est d'ailleurs un véritable succès financier puisqu'il signe le meilleur démarrage pour son premier week-end d'exploitation et atteint 93% de critiques favorables sur Rotten Tomatoes.
Portée par Keanu Reeves et les anciens cascadeurs Chad Stahelski et David Leigh devenus réalisateurs, cette saga a débuté en 2014, arrivant de nulle part. Elle doit son succès au bouche-à-oreille et surtout grâce à son pitch ô combien basique et quelqu'un peu ridicule qui sert avant tout de prétexte pour offrir les scènes d'actions les plus jouissives possibles. En effet, John Wick premier du nom, sur un post-it, c'est l'histoire d'un ancien tueur à gages qui décide de se venger du vol de sa voiture et du meurtre de son chien en décimant toute la pègre (l'équivalent de la population romande) dans des plans-séquences de fusillades et des combats chorégraphiés au millimètres avec la grâce d'un ballet. Les scènes de John Wick se regardent comme des numéros de danse tant l’action y est chorégraphiée avec brio, en véritable ode à l’art martial et à la beauté du mouvement.
Alors oui, dit comme ça, si on se base sur le scénario, le doute est permis quant à la qualité de l'œuvre, mais personne ne regarde le Lac des Cygnes pour son synopsis. Si John Wick est une saga passionnante, ce n'est pas pour son scénario, mais bien par la mythologie qu'elle propose: celle d'un monde sous-terrain, régi par des entités supérieures et mystérieuses qui seront étendues dans les films suivants, John Wick 2 (2017), John Wick: Parabellum (2019) et John Wick: Chapitre 4 (2022).
Si John Wick a cette aura si particulière, c'est parce que son univers l'est tout autant. Inspiré des codes des mangas japonais et du film noir, la série lorgne du côté du mysticisme de la Franc-Maçonnerie. Le monde est régulé par des sociétés secrètes, avec ses sanctuaires, ses règles, ses tribus et ses codes. Plus que jamais, le film grossit le trait de l'invraisemblance qui aurait pu être ridicule, mais qui, dans sa démarche jusqu'au-boutiste, ne vire jamais au risible. La police n'existe pas, les dommages collatéraux n'ont pas d'importance, le monde volontairement factice de John Wick appartient aux criminels et les mises à mort deviennent alors cathartiques pour le spectateur.
En effet, les antagonistes craignent John Wick, le croque-mitaine, le monstre endormi réveillé par erreur. Le personnage de John Wick, dont on découvrira très peu le passé si ce n'est ses origines biélorusses, est surnommé «Baba Yaga». Une figure mythologique connue qui n'est autre qu'une sorcière dans les contes slaves, une représentation de la mort et de la peur, qui donne à son personnage ses allures de héros invincible et sans pitié toujours impeccablement bien habillé. Une dimension mythique qui contraste avec l'incarnation de Keanu Reeves, ce tueur à la retraite marqué par le deuil de sa femme et dont la démarche un peu boiteuse n'aspire qu'à le mener vers une vie paisible.
Si le destin de John Wick semble se conclure par le dernier volet actuellement sur les écrans, l'univers développé par Keanu Reeves et le réalisateur Chad Stahelski n'a pas fini de faire parler de lui et va même connaître un nouveau développement avec la sortie prochaine de Ballerina, un spin-off avec Ana de Armas dans le rôle principal. Selon le scénariste Shay Hatten, le film permettra d’en apprendre plus sur les origines du personnage incarné par Keanu Reeves. L'actrice, qui a été nominée aux Oscars pour son rôle de Marylin Monroe dans Blonde, a démontré ses talents pour le cinéma d'action à plusieurs reprises, que ce soit en James Bond Girl dans Mourir peut attendre ou aux côtés de Ryan Gosling dans le film The Grey Man produit par Netflix.
Dans ce film, dont l’action se situe entre le 3e et le 4e volet de la saga originale, Ana de Armas jouera le rôle de Rooney, une danseuse formée pour tuer qui va se lancer dans une quête de vengeance après le meurtre de sa famille. Une course folle qui lèvera le voile sur le passé de John Wick. Shay Hatten, le scénariste du film qui a également écrit le dernier volet, explique:
On rappellera que Ballerina verra Anjelica Huston reprendre le rôle de «la directrice» qui forme des danseuses en tueuses professionnelles. Un personnage qu’elle avait déjà incarné dans le 3e volet. Keanu Reeves, Ian McShane ainsi que le regretté Lance Reddick décédé dernièrement seront également présent au casting.
L'univers étendu de John Wick passera également par le format télévisé. En effet, la plateforme Prime Video accueillera une série dérivée, The Continental, centrée sur l’hôtel emblématique New-Yorkais qui sert de point de rencontre pour les criminels les plus dangereux du monde. The Continental sera déclinée en trois épisodes et racontera les origines du jeune Winston Scott, le personnage joué par Ian McShane dans la franchise cinématographique. Cette série qui prend place dans le New York des années 1970 a dans son casting une légende puisqu'il s'agit de Mel Gibson qui prêtera ses traits au personnage principal, un certain Cormac. Si la série n'a pas de date précise, elle devrait être diffusée dans le courant de l'année 2023.
Vous savez désormais tout sur ce héros aussi bien habillé qu'increvable. Si vous n'avez jamais vu John Wick et que vous aimez les hécatombes faites avec élégance, c'est de la gastronomie servie en quatre plats par Keanu Reeves, chef 3 étoiles sur le guide des personnalités préférées du monde entier, et ce n'est pas que moi qui le dit, c'est Internet.