L'union fait la force et ça, bien que très primitifs, nos ancêtres semblaient l'avoir compris. En 1291, des représentants d'Uri, Schwytz et Unterwald signèrent un traité garantissant une alliance défensive entre les trois cantons. Ce traité n'était certainement pas le premier entre les trois signataires et sa date précise reste inconnue. Pas de quoi décourager les historiens du 19e siècle qui choisirent cet événement comme l'acte de naissance de notre petite nation avec le 1er août en guise de date d'anniversaire symbolique.
Soyons honnêtes, nos ancêtres devaient plutôt ressembler à des grizzlys suisses allemands mal léchés qu'à des demi-dieux grecs armés d'arbalètes qu'on voit dans certains tableaux. Mais quelle raison les a donc poussés à conclure une alliance? Pour la force du pouvoir de l'amitié? Que nenni. Pour se défendre contre les méchants Habsbourg et leurs armures brillantes? On se rapproche. Pour des raisons qui résonnent étrangement avec l'image qu'on se fait de la Suisse moderne? On peut choisir de voir les choses comme ça.
En effet, c'est sans doute des intérêts économiques qui ont motivé cet accord. Malgré la misère qui régnait en Europe à ce moment, le contrôle des cols alpins situés sur un axe économique majeur, générait de confortables profits pour les Confédérés. Ils n'étaient peut-être pas si différents de nous aujourd'hui ces cantons primitifs et leurs représentants mal léchés.
Entre 1861 et 1865, une atroce guerre civile ravagea les Etats-Unis. La guerre de Sécession est un des conflits les plus meurtriers de l'histoire et provoqua la mort de plus de 600 000 Américains. Ils auraient peut-être dû s'inspirer de nous, comme avec leur système politique fédéral et bicaméral. En effet, 20 ans plus tôt, une guerre civile opposant cantons conservateurs catholiques et cantons radicaux protestants ravagea complètement la Suisse... Durée des hostilités: 25 jours. Bilan humain: 93 morts. En plus, les Confédérés vainqueurs laissèrent aux sécessionnistes vaincus leurs armes, pour ne pas les humilier.
En lisant ça, on en vient quand même à se demander si être complètement ramollo face aux conflits est un trait héréditaire chez les Confédérés et si la culture du Chasselas et des fromages alpins un peu trop bleus n'aurait pas englué nos cerveaux de façon durable. Se plaindre de ça serait toutefois mal placé, abstenons-nous juste de dire «ah oui nous aussi on a connu la guerre hein» à ce pote qui vient de Bosnie.
Cet événement n'est pas non plus à minimiser, les perdants étaient partisans de l'indépendance des cantons et la victoire des radicaux a mené à la création de la Suisse sous sa forme moderne: un Etat fédéral avec Berne comme capitale, le tout étant défini dans la Constitution de 1848.
Vous avez eu des sujets très connus jusqu'ici, il est maintenant temps de plonger dans les parties les plus méconnues de l'histoire de Dame Helvétie. Est-ce que vous saviez que la Suisse était restée neutre pendant la Deuxième Guerre mondiale? Eh oui, nous vous prions de garder votre calme face à un tel scoop, laissez la place aux experts, nous allons tout vous expliquer.
Entre 1939 et 1945, notre petit pays alpin a, pour utiliser le jargon historique correct, un peu le cul entre deux chaises. D'un côté les puissances alliées qui s'arrachent nos canons antiaériens Oerlikon de 20 millimètres ainsi que nos détonateurs nécessitant des mouvements horlogers précis. De l'autre, les puissances de l'Axe, notamment l'Allemagne nazie qui nous vend son charbon en échange de quelque chose qu'elle ne peut obtenir nulle part ailleurs: des francs suisses, d'une importance absolument cruciale à son économie de guerre, car ils lui permettent d'acheter des biens sur les marchés internationaux ayant mis l'Allemagne sous embargo.
Le beurre et l'argent du beurre, avec en prime le plaisir malin de savoir qu'ironiquement, le charbon allemand permettait la production des armes pour les alliés. Ce ne sera pas vraiment du goût des vainqueurs qui reprocheront à la Suisse d'avoir ainsi prolongé la guerre inutilement...
La Suisse et l'Union européenne (UE), c'est l'histoire d'un «je t'aime moi non plus» jamais terminé. Le 6 décembre 1992, le destin de la Suisse a failli basculer du côté lumineux ou obscur selon les sensibilités politiques. Enfin… Pas tout à fait puisque c’est avec la double majorité du peuple et des cantons que la Suisse a poliment rejeté le référendum pour une adhésion à l’Espace économique européen (EEE). Certains prédisaient une catastrophe économique, car il est vrai que la Suisse dépend fortement de ses échanges commerciaux avec les pays européens pour sa prospérité, mais celle-ci n'a pas vraiment eu lieu. On pensait l'affaire close, mais loin de là.
Par la Suisse, euh… La suite, pardon, en juin 2001, commence une série de négociations pour des accords bilatéraux entre l’UE et le pays du chocolat (mais pas seulement le chocolat, on a aussi Rodger et le thé froid de la Migros). Ces négociations portaient sur des thèmes comme la fiscalité, l’épargne ou encore la lutte contre la fraude (que des trucs qui ont l’air super fun). L'année 2004 signe la sortie de la saison 2 des accords bilatéraux avec plusieurs nouveaux thèmes débattus et notamment les fameux accords de Schengen qui nous permettent de vagabonder tranquillou partout en Europe, ou encore ceux de Dublin. En gros, ce que l’on retient surtout, c’est que nos accords avec l’UE nous procurent certains avantages à en être membre sans avoir à subir les trucs relous.
Puis, les Européens en ont eu marre de nous voir profiter des bénéfices de l'Union sans nous impliquer politiquement. On a commencé à discuter d'un accord-cadre qui engloberait tous les bilatéraux et approfondirait l'intégration politique. Mais tout ça, c'était avant que le Conseil fédéral décide de brutalement rompre les négociations en 2021, et patatras! Les relations UE-Suisses plongèrent dans l'incertitude. Les bilatérales vont-elles continuer à tenir? Va-t-on vers une rupture des relations économiques avec l'UE? Ou au contraire, la Suisse va-t-elle se raviser et intégrer l'Union? Impossible à prédire. Mais ce qui est certain, c'est que les relations avec Bruxelles sont le feuilleton de l'actu internationale suisse du 21e siècle.