Le 12 mai 2023, le rêve de nombreux joueurs devient réalité après 7 longues années d'un jeu qui avait accompagné la sortie de la Nintendo Switch. Histoire de boucler la boucle, Tears of the Kingdom apparait comme le chant du cygne d'une console en fin de vie, et semble afficher les mêmes ambitions que son prédécesseur: révolutionner l'industrie vidéoludique par l'ingéniosité de son gameplay, plutôt que par la technique, le terrain étant déjà bien occupé par Microsoft et PlayStation.
Si on se base sur les critiques qui ont pu tester le jeu en avant-première, le dernier volet de la légende de Zelda semble bien parti pour tenir ses promesses, certains jugent même qu’il risque d'influencer le futur du jeu vidéo.
Tout commença dans les années 80 à Kyoto pour un certain Shigeru Miyamoto. Ce concepteur de jeux vidéo est l'inventeur de Super Mario. Il doit créer de nouvelles licences pour le compte de Nintendo.
C'est en se remémorant ses promenades dans la campagne autour de sa maison d'enfance à Kyoto que l'inspiration vint. Petit, il aimait flâner dans des forêts, des lacs, des grottes et des villages campagnards. Selon Miyamoto, une des expériences les plus mémorables fut la découverte d'une caverne au milieu des bois. Après avoir un peu hésité, il est entré et l’a explorée à l’aide d'une lanterne. C'est ainsi que ce souvenir a influencé son travail, car l’exploration de cavernes est une partie importante de Zelda.
Rajoutons à cela un peu de mythologies inspirées de toutes les cultures et un hommage à la femme de l'écrivain Francis Scott Fitzgerald qui se nommait Zelda. Ainsi Shigeru Miyamoto considère The Legend of Zelda comme un «jardin miniature» amené à la vie avec lequel on peut jouer. Ainsi 37 ans plus tard, le jardin est devenu un gigantesque monde ouvert tout en gardant le sel qui fait le génie de cette licence: l'exploration et la découverte.
Le paradoxe de la licence Zelda, c'est de proposer systématiquement une histoire relativement proche, tout en proposant quelque chose de nouveau. À la manière d'un plat de pâtes, les jeux Zelda se dégustent sous plusieurs formes et à toutes les sauces. Chaque volet a su trouver l’inspiration, l’originalité et l’inventivité nécessaire avec ce petit supplément qui fait que chaque épisode est unique avec un charme qui lui est propre.
Un jeu estampillé The Legend of Zelda est un jeu d'action-aventure où le joueur incarne continuellement un personnage muet prénommé Link. Par la force des choses, il se retrouve embarqué dans diverses aventures, armé d'une épée, d'un bouclier et d'une foule d'autres objets incroyablement variés qui lui permet de vadrouiller à sa guise et de terminer le jeu en sauvant la princesse Zelda, fille du souverain d’Hyrule de la menace de Ganondorf, l'antagoniste principal, également représenté quelques fois sous une forme bestiale et abstraite nommée Ganon.
Selon Metacritic, qui répertorie les notes de toute la presse et de tous les sites spécialisés, l'épisode Ocarina of Time, sorti en 1998 sur Nintendo 64, est le meilleur jeu vidéo de tous les temps, toutes consoles confondues. D'ailleurs, six jeux, parmi les vingt titres de la série principale, obtiennent un score moyen supérieur à 95%. Les statistiques ont parlé, tout le monde aime Zelda.
Pour beaucoup de joueurs, dont je fais partie, la découverte de Breath of the Wild en 2017 fut un choc avant de devenir un souvenir marquant. En effet, Nintendo prenait le risque de se mettre une immense partie des joueurs à dos, habitué à des aventures dirigistes, en les livrant à eux même dans un gigantesque monde ouvert.
Ainsi, il fallait désapprendre ce que des années de pratique vidéoludique avaient mise en œuvre dans nos inconscients de joueurs habitués à avoir une carte et d'aller d'un point A à un point B en suivant un itinéraire. Une déconstruction saine, permettant au joueur de retrouver un esprit de liberté et l'incitant à en arpenter un monde aussi apaisant que dangereux dans les moindres recoins et à apprivoiser son environnement.
Une fois de plus, Tears of the Kingdom semble vouloir reproduire le même schéma de liberté tout en voulant faire appel au sens pratique du joueur et en lui offrant des possibilités de permissivité complètement folles. Ainsi, les nouveaux pouvoirs de Link permettant de fusionner des objets de l'environnement afin de créer des armes, des véhicules ou des moyens d'accès ont l'effet d'un bac à sable géant où tout est possible grâce à la magie de la physique. Des mécaniques inédites et complètement folles pour un Nouveau Monde ouvert qui s’annonce une fois de plus révolutionnaire de par son accent mis sur la verticalité grâce à la présence des îles célestes. Une dimension aérienne qui donne à l'aventure un nouveau souffle pour la saga
Quand on voit les graphismes qu'un PC, une PS5 où qu'une Xbox peuvent offrir, il est clair que la Switch à une allure de Citroën 2 CV sur un circuit de Formule1. Néanmoins, ce que Tears of the Kingdom propose, tout comme son prédécesseur, c'est une direction artistique qui s'émancipe des limitations techniques de la machine pour proposer un monde envoutant et poétique. Un vaste monde dont les hautes herbes sont balayées par les vents que l'ont entend souffler au son des grillons, nappés par quelques notes de piano. Une véritable expérience relaxante malgré les dangers dans un paysage majestueux dominé par la couleur dorée de la végétation et des îles célestes flottant à l'horizon.
Si techniquement le jeu est limité par la faible puissance de la Switch, dont les performances sont moindres qu'un iPhone 14, cela fait des années que l'industrie du jeu vidéo japonais mise sur la direction artistique. Des limitations techniques effacées par la beauté d'une véritable patte minimaliste qui nous permettent d’y jouer où bon nous semble, et ça, c'est toute la magie de la console de Nintendo qui après sept ans de loyaux services tient visiblement son chef-d'œuvre.