Les emojis font partie de notre monde, depuis maintenant une quinzaine d'années et l'émergence des applications de discussion. De MSN à Snapchat en passant par Whatsapp et Instagram, un simple ajout de ce petit symbole dans une conversation permet de clarifier ses intentions ou d'ajouter un petit grain de folie.
Des emojis, il y en a pour tous les goûts. Pour les boomers, les millenials, les gen Z, les alphas. Pour les intellos, les rigolos, comme les beaufs. Chacun les utilise en fonction de sa sensibilité, l'auteur de ces lignes y compris. Les emojis catégorisent aussi votre tranche d'âge. Le fameux 👍 en réponse à un message vous trahira à coup sûr.
Mais il existe une ligne rouge à ne pas franchir. Un emoji qui fait trembler le bon goût. Il me fait saigner les yeux. Il est insupportable, je le déteste, il me répugne et je méprise les personnes qui l'utilisent.
Oui, lui. Vous l'avez déjà vu. Utilisé par tous les boomers loufoques et potaches, toutes les fofolles du Fofollistan et autres oncles et tantes farfelus, il n'est adapté à aucune situation, n'est jamais pertinent. Vous pensez être plus drôle que les autres? Pourquoi ne pas utiliser le smiley qui a l'air d'être radicalement plus excentrique et fantaisiste que vous? Dis donc, vous ne seriez pas un peu DÉCALÉ par hasard, espèce d'Alain Chabat foufou du genou?
D'autres smileys discutables peuvent se défendre. Prenez l'équivalent potable de l'emoji interdit: 😜. Ce clin d'œil complice porte avec lui une dose d'ironie et assume son côté taquin. Tout le monde ne l'apprécie pas. Mais il est tolérable comme l'est un véritable clin d'œil appuyé par-dessus une paire de lunettes à soleil par votre cousin, après une blague bien débile.
Est-ce que je dis ça parce que moi, je l'utilise? Bon, peut-être. Mais reconnaissons-le: lui, non 🤪. Il n'est pas défendable. Personne ne fait cette tête ou projette l'émotion qu'il dégage dans la vraie vie. Personne, bordel, jamais. Imaginez-vous:
Ce qu'il évoque au mieux, c'est le rire de Dingo — vous savez, le copain de Mickey un peu simplet qui a été bercé trop près du mur quand il était bébé.
Vous ressemblez à Dingo? Etes-vous vraiment le personnage haut en couleur, fantasque et extravagant que vous croyez être? Utiliser un emoji aussi cringe pour exprimer votre caractère truculent, c'est plutôt cheap, en fait. Essayez de faire une phrase qui prouve que vous êtes drôle plutôt que d'envoyer ce malheureux émoticône.
Au fait, d'où vient-il, ce smiley de l'enfer qui ne devrait pas exister? Tous les emojis sont choisis par le très sérieux Consortium Unicode, qui décide quel petit visage rigolo verra le jour et pourra être utilisé par des milliards de personnes.
Comment en est-il arrivé au point de donner son feu vert à ce qui allait devenir le pire emoji de tous les temps? 🤪 Contacté, l'Unicode Consortium explique laconiquement ne pas avoir d'informations supplémentaires à donner sur ce smiley. Quelques informations figurent toutefois sur son site. Rajouté en mai 2017 au panel des émoticônes avec le pack 5.0, il s'appelle «zany face» ou encore «goofy face», soit «tête loufoque». De circonstance puisque Dingo s'appelle «Goofy» en anglais.
Vous aussi, vous voulez créer un smiley saugrenu? Chaque année, on peut envoyer un dossier complet de propositions pour la création d'un nouvel emoji.
Les critères sont nombreux et exigeants et le Consortium, bien conscient que sa base s'agrandit inexorablement, accepte de moins en moins de propositions chaque année car il craint un «point de saturation». Mais ensuite:
Si l'organisation se décide à réduire le nombre d'emojis, on sait lequel ils pourront éjecter en premier. 😎