Un aéroport, c'est un monde en soi. Pas étonnant que le cinéma s'y plaise autant lorsqu'il faut parier sur la survie de plusieurs milliers d'êtres humains (forcément) innocents. Les plus nostalgiques d'entre vous se souviendront alors de 58 Minutes pour vivre, le deuxième volet des aventures de John McClane, aka Bruce Willis, dans la saga Die Hard. Le pitch? Une veille de Noël, un avion, des méchants très méchants, une sécurité de l'aéroport peu coopérative et un antihéros qui doit se démerder tout seul pour sauver le monde (et sa meuf).
Vous l'aurez compris, ce résumé sied mot pour mot au nouveau thriller déballé par Netflix, baptisé Carry-On. Un gros shoot de suspense qui se déroule dans les dédales du terminal 7 de l'aéroport de Los Angeles, quelques heures avant la première bouchée de dinde. Les pieds sur terre, son réalisateur, Jaume Collet-Serra, ne cache pas que «Die Hard était notre étoile du Nord tout au long de ce processus, pour une nouvelle génération».
Dans le rôle du gentil toujours au mauvais endroit au mauvais moment, il faut néanmoins se farcir Taron Egerton (Kingsman), un poil plus crispé et moins rigolo que Bruce Willis. Ethan Kopek est un jeune agent de la TSA qui n'a pas choisi le bon jour pour être promu au contrôle des bagages. Quelques minutes après avoir pris son poste, une oreillette atterrit dans son lobe et ne le quittera plus.
A l'autre bout du fil, le bad guy, parfaitement incarné par Jason Bateman (Ozark) et bien décidé à faire passer une valise noire au contenu hautement suspect. Ce «voyageur mystérieux», enfin... surtout sa voix, est le vrai point fort de Carry-On. Dans un savant mélange d'instructions et de menaces, parfois parsemé de leçons de vie (trop) attendues, c'est bien le timbre grave et serein de Jason Bateman qui va nous mener au bout de l'adrénaline. L'intrigue du film, elle, est suffisamment binaire pour tenir la route et pour que l'on puisse lui coller l'étiquette de film de Noël.
Durant 100 bonnes minutes, le jeune agent va tenter de sauver des centaines (voire des milliers) de passagers d'un poison russe et d'un plan machiavélique de ce Jason Bateman glaçant. Bien sûr, un film d'action facile à digérer ne serait rien sans une femme fragile, enceinte, agaçante et menacée de mort. La copine d'Etan Kopek, elle aussi une employée de l'aéroport (c'est pratique), ignore tout de ce qui se trame à LAX. De quoi rajouter une couche de suspense à cette affaire.
Si le tout fonctionne, c'est d'abord grâce à son rythme et sa réalisation, qui nous fige sur le canapé jusqu'à la fin (heureuse, bah oui). Et il faut dire que c'était plutôt malin de placer l'action au contrôle des bagages, là où aucun passager n'a envie de comprendre qu'un liquide suspect a parfois le pouvoir d'exterminer une bonne grappe de touristes en burn-out de Noël.
De quoi égaler le génie vintage de Bruce Willis? Halte-là, chers cinéphiles de fin d'année. Disons qu'il y a de grandes chances pour que ceux qui ont bouffé du Die Hard à la bonne époque bâillent plus que les autres, déçus par l'absence d'humour un peu beauf. Mais ce serait mentir d'affirmer que les aventures d'Ethan Kopek ne valent pas un... kopeck.
En résumé, foncez: c'est divertissant.