Et dire qu'on se croyait condamné à enjamber l'échéance christique dans la niaiserie des comédies romantiques. Parce que Londres doit (di)gérer la mort de l'ambassadeur de Chine sur ses terres, les fêtes de fin d'année retrouvent enfin l'odeur du sang fraîchement versé. Et comme les bouchères armées jusqu'aux dents sont à la mode, on a la chance d'accueillir l'irrésistible Keira Knightley au sommet de la série Netflix la plus mortelle du moment.
Le pitch de Black Doves est aussi simple que recharger un flingue. Une organisation secrète baptisée «Colombes noires» fourgue des renseignements aux plus offrants, sans s'embarrasser de la moindre morale. Grâce à (ou à cause de) son passé bourré de casseroles, Keira va retrouver l'envie de vivre en tuant des gens, sous une fausse identité. Helen Webb (Keira) devient alors la nouvelle égérie des Colombes et bientôt l'épouse du futur ministre britannique de la Défense. Parfait pour tutoyer les chuchotements des puissants et cuisiner des biscuits à la cannelle. Jusqu'à s'emmerder sous les dorures du pouvoir britannique.
Par chance, un adultère va venir se rajouter à la susceptibilité diplomatique des Chinois, offrant à Helen l'opportunité de tenter de sauver le monde et quelques brisés au passage. Animée par un esprit de vengeance qui sent la poudre, cette fantastique espionne au foyer est secondée par Sam (Ben Whishaw), un tueur professionnel chargé de la protéger. Ensemble, ils vont semer la terreur et l'esprit de Noël dans les rues de Londres, avec la même énergie que des lutins sous kétamine.
Bien sûr, Black Doves ne prétend pas être un Borgen à l'hémoglobine ou une sorte de House of Cards à la menthe. Mais si les détails politiques sont dérisoires et semés d'incohérences, l'énergie et l'humour avec lesquels cette série a été écrite en font un formidable défouloir. Les dialogues sont aussi bien chorégraphiés que les brisements de nuques et tout le monde joue à la perfection. Pas étonnant que l'œuvre de Joe Barton, réalisée par Alex Gabassi et Lisa Gunning, soit la plus regardée en ce moment sur Netflix.
Dans une ambiance qui rappelle parfois certaines joies vintages, des coups dans la gueule de Maman j'ai raté l'avion, aux coups de pelle du Père Noël est une ordure, ces huit épisodes de cinquante minutes ont de quoi faire digérer les dindes avec des flingues. Le pire? C'est que ça parvient à se montrer touchant, sans être gluant.
Joyeuses Fêtes.