Vous vous rappelez de Catfish? En 2010, déjà, l'émission diffusée sur MTV avertissait des dangers des rencontres virtuelles. De nos jours, avec l'utilisation quotidienne des applications de rencontres, L'arnaqueur de Tinder, produit par les créateurs de Don't F**k With Cats, est l'avertissement suprême pour ne plus tomber dans le panneau. Un documentaire haletant qui brosse le portrait d'une crapule, avant de glisser vers les destins croisés de trois femmes lésées: la Norvégienne Cecilie, la Suédoise Pernilla et la Hollandaise Ayleen.
Des voitures de sport, des montres affreusement onéreuses, des hôtels luxueux, un garde du corps. Simon Leviev est apparemment un jet-setteur à la vie fastueuse. Il se présente comme un magnat des diamants. Le fric coule à flot, mais derrière cette existence fabuleuse, l'homme a brisé des vies, se jouant de femmes vulnérables.
Simon Leviev n'est pas celui qu'il prétend être. En réalité, il s'appelle Shimon Hayut, un Israélien né en 1990. Et le grand tombeur n'est pas à son coup d'essai. Le poker menteur avait déjà pris ses racines en 2015, en Finlande. Mais plus le récit avance, plus l'arnaque devient énorme. Des millions extorquées à des femmes grugées et aveuglées par une vie qu'elles n'avaient osé imaginer. Cela prouve une chose du bonhomme: jouer sur les sentiments le rend d'autant plus méprisable.
Des folies dignes d'un film tel que Pretty Woman, pour ces 3 femmes, pour enfin s'effondrer de toutes pièces. Un petit jeu que Leviev (ou Ayut) avait savamment orchestré grâce à une myriade d'identités, doublé d'un système de Ponzi. D'un agent du Mossad à un ponte de l'industrie de l'armement, en passant par son activité de diamantaire, l'escroc s'est cru dans Arrête-moi si tu peux, sans le talent ni l'élégance de DiCaprio.
Pour son premier long-métrage, Felicity Morris nous pond une jolie pépite. Un documentaire qui infuse le crime, l'arnaque, pour passer le gros braquet et injecter de nouvelles couches dans une dernière partie joliment construite. Et c'est bien un thriller d'investigation qui pointe le bout de son nez, avec en toile de fond cette quête éperdue de l'amour dans la jungle virtuelle.
Avant le baisser de rideau, L'arnaqueur de Tinder nous apprend que l'homme n'est plus derrière les barreaux, qu'il mène la grande vie au bras d'une mannequin israélienne. La fripouille est un homme libre. Un comble, alors que les trois femmes aperçues dans le film continuent à rembourser leurs dettes. Sur ce coup, la justice fait pâle figure.