L'espace et les astronautes ont le vent en poupe ces derniers jours. Dans la foulée de la très bonne série Apple Constellation et du film Spaceman sur Netflix, l'immensité de l'univers retrouve une nouvelle fois nos écrans.
Avec The Signal, c'est une aventure métaphysique qui enclenche les réacteurs de la fusée amorcée par Netflix. Nous découvrons Paula (Perri Baimeister), une astronaute allemande engagée par une fondation privée, pilotée par une mystérieuse milliardaire tout juste revenue d'une mission spatiale dans l'ISS. Mais son retour sur Terre ne fera pas long feu: l'avion qui la rapatrie s'écrase dans l'Atlantique.
Elle laisse son mari Sven (Florian David Fitz) et sa fille malentendante Charlie (Yuna Bennett) derrière elle, prisonniers d'un deuil profond. Surtout, les mystères qui entourent le crash vont enfler jusqu'à éclabousser la sphère publique. Car Paula aurait mal digéré son exploration spatiale: dès le premier épisode, elle peine à activer les parachutes de la capsule, expulsée de la station ISS, qui s'apprête à atterrir sur la surface du globe. A 49 secondes près, elle et son équipier manquent de finir écrabouillés.
La narration se cheville autour des zones d'ombre de Paula, nous baladant entre le présent et le passé. Ces flashbacks fonctionnent bien, densifient le suspens autour de cette astronaute déboussolée. Plus nous nous enfonçons dans le passé de Paula, plus les secrets refont surface; des non-dits qui empoisonnent l'existence de la petite Charlie, qui entretenait une relation fusionnelle avec sa mère. La petite est d'ailleurs persuadée que sa génitrice est encore en vie, contrairement à Sven, avalé par la pression et recraché par la lourdeur du deuil.
Outre la mort, il est infiniment complexe de mesurer l'acte de Paula dans cet avion. Son hypothétique implication dans le crash opposera même Sven à la véhémence de l'opinion publique. Les foules campent devant la maison de la famille pour hurler leurs peines. Le drame dévie peu à peu de son axe pour dériver vers l'infinité inexplorée de l'univers. Puisque Paula aurait, selon toutes vraisemblances, fait une découverte historique.
The Signal, créée par le trio Florian David Fitz, Nadine Gottmann et Kim Zimmermann, tisse les liens humains et les mystères de notre existence. L'intrigue est diluée en quatre épisodes d'une heure, la rendant tendue et précise. Une vraie boîte noire, où les indices sont disséminés par-ci, par-là. Le spectateur procède à un récolement des indices les plus chiches, afin de tenter de recomposer le puzzle de Paula et de sa mystérieuse disparition.
On se prend au jeu, on tente de vérifier cette spectrale vérité, dont la réalité est aussi fragile qu'un mirage de chaleur. Un secret qui n'est pas aussi vaste et hypnotique que l'univers, mais The Signal, par sa profondeur et sa retenue, est efficace et aussi brillante qu'une étoile.
«The Signal» est disponible en intégralité depuis le 7 mars sur Netflix.