Mais qui est ce groupe qui bat des records, mais que personne ne connaît?
Si je vous dis «BTS», vous pensez peut-être à l'appellation anglaise «Behind the Scene», signifiant derrière les coulisses, ou encore le brevet de technicien supérieur français. Alors oui, mais aujourd'hui, BTS (qui se prononce Bi-Ti-Aisse) fait surtout référence à un groupe coréen de musique.
Jeudi 2 septembre, RM, Jin, Suga, J-Hope, Jimin, V et Jungkook sont entrés dans le Hall of Fame 2022 grâce à leurs 23 titres dans le Guinness Book. Je vous en liste quelques-uns:
- La vidéo YouTube la plus regardée en 24 heures.
- Le plus de semaines au n°1 du palmarès Social 50 de Billboard.
- Le plus de billets vendus pour un concert diffusé en direct.
- Premier groupe de K-pop à atteindre la première place du US Artist 100.
Ça ne vous dit toujours rien? C'est normal.
Ça ne prend pas chez nous
Il y a encore 5 ans, le succès de ce boysband ne s'exportait pas en dehors des frontières de l'Asie. Mais depuis leur première apparition aux Etats-Unis, à l'occasion des Billboard Music Awards en 2017, l'attention autour de ces sept extraterrestres ne fait que grandir. À tel point qu'ils remplissent des stades en quelques minutes et enchainent les tournées dans le monde entier. Mais la vague K-Pop a de la peine à prendre en Suisse.
J'ai mené une enquête approfondie dans un cercle restreint, c'est-à-dire, mes amis, tous la vingtaine, pour comprendre les raisons de leur désintérêt. Voici quelques éléments de réponse:
La barrière de la langue
Même si les trois derniers singles étaient en anglais (donc plus compréhensible), l'entièreté de leur discographie est en coréen ou en japonais. Compliqué pour chanter ou simplement pour saisir le sens des chansons, comme l'explique Malika, 23 ans:
L'industrie de la K-pop dérange
Les rouages de cette industrie semblent également gêner. Depuis quelque temps, de nombreux articles et reportages sont sorties, mettant en lumière le monde impitoyable de la K-pop. Pour vous donner une idée, en 2019, les sept chanteurs avaient pris leurs premières vacances en six ans. À présent au courant des coulisses de l’industrie, Estelle, 24 ans, confie trouver ce «style de vie hardcore».
Ce rythme à 100 à l'heure n'épargne aucun artiste. Chaque année, des dizaines de nouveaux groupes arrivent sur le marché. Il faut se démarquer, car la concurrence est rude. Le nombre de projets réalisé par an est, lui aussi, hallucinant et quelque peu décourageant à suivre, comme pour Félix, 22 ans:
Une image trop lisse et parfaite
Pour ne pas échouer dans ce milieu, les groupes ont besoin d'albums ou de singles marquants, mais aussi et surtout, de ne pas «fauter». En clair, une erreur et c'est la fin. Par exemple, Cube Entertainment, un label de K-pop, a licencié ces deux stars, Hyuna et E’Dawn, car ils étaient en couple, quelque chose de très mal vu et de souvent interdit dans les contrats. Pour éviter ce genre de situation, les idols (nom donné aux artistes coréens) dégagent souvent «une image trop contrôlée et parfaite, très éloignée de la réalité», indique Estelle.
La phase Boysband est révolue
Après One direction, les Jonas Brothers ou encore Tokio Hotel aux débuts des années 2000, il semble que l'intérêt pour ce genre de groupes composés de beaux et de jeunes garçons se soit estompé:
Personne n'écoute ce genre autour d'eux
Une autre raison qui est revenue à plusieurs reprises est l'impact de l'entourage sur la découverte de BTS. Il semble que si personne n'écoute ce genre de musique autour d'eux, cela n'attise pas forcément leur curiosité. Thomas, 22 ans, avoue, par conséquence, «ne rester que dans ce qu'il connait». Elsa, 23 ans, ajoute:
Des fans suisses moins actifs
Justement, un point important du succès de BTS repose sur l'engagement de leurs fans. Un de leurs récents records le montre bien: ils détiennent le compte TikTok qui a atteint le plus rapidement le million d’abonnés. Dans le monde entier, les fans se mobilisent inlassablement pour BTS. Que ce soit pour demander aux radios de passer leurs singles, de solliciter les médias pour qu'ils parlent d'eux, de voter pour le groupe à toutes les cérémonies musicales, les Armys ne lâchent rien. Ces actions leur permettent de faire connaitre les sept coréens dans leur pays.
Si en Suisse les fans y participent, la communauté n'est cependant pas très grande. Par exemple, le compte fan officiel français réunit 44'400 followers sur Instagram, alors qu'ici, aucun groupe officiel n'existe sur le réseau social. Difficile d'amener de l'attention sur le groupe.
Ce n’est pas tout blanc ou tout noir
Bon, pour la plupart de mes potes, même si les sonorités ou les choix esthétiques du boysband coréen ne sont pas leur tasse de thé, ils s'accordent à dire que certaines chansons se laissent écouter, comme c'est le cas pour Saskia, 23 ans:
En tout cas, la folie BTS ne semble pas s'essouffler. En mai dernier, le groupe s'était associé à McDonald’s en sortant un menu spécial. Cette collab avait provoqué une ruée des fans dans les fast food, risquant d'accélérer la diffusion du Covid. Face au succès de l'opération, des McDo indonésiens avaient pris la décision de fermer.
Comme les Kardashian, tout ce que touche BTS se transforme en or. Sur ce, je vous laisse, je vais aller écouter 피 땀 눈물.
