L'adolescence est une grosse zone de turbulence émotionnelle et physique, métaphoriquement parlant. Dans Yellowjackets, elle est bien réelle et secoue durement. Ici, le passé infuse le présent, les secrets vampirisent quatre femmes rescapées d'un crash qui s'est déroulé en 1996.
L'entame du premier épisode nous déballe la marchandise: une jeune femme sprinte au milieu des bois, terrorisée, se retournant à maintes reprises, avant de tomber dans un piège, où elle s'empale. La mise en bouche flaire bon le sang frais, avant qu'on ne bascule 25 ans plus tard, en 2021.
Yellowjackets, librement adaptée du roman de William Golding Sa Majesté des mouches, pourrait vous rendre accro – on pose ça là, sans prétention. La première création de Lyle et Bart Nickerson est un habile croisement entre Lost – la première saison, la meilleure – et un drame adolescent bien ficelé. Inutile de passer par quatre chemins: c'est savoureux. Impossible de décrocher ou de détourner le regard, vous êtes ferrés comme un vulgaire poisson.
A force de suivre ces lycéennes dans cette forêt bordée par les Rocheuses canadiennes, le script ne cesse de nous prendre par surprise. Le show devient imprévisible, parfois provocateur, pulsant l'ambiguïté et les non-dits.
Les aficionados de Lost, voire de la surprenante The Wilds (sur Amazon Prime), et même si nous poussons un peu plus loin l'audace, de Desperate Housewives, prendront sans hésiter leur pied. Une congruence des genres pour une intrigue mêlant sauts temporels et conflits personnels. A travers Misty (la version ado, Sammi Hanratty et la version adulte, Christina Ricci), Nat (Sophie Thatcher puis Juliette Lewis), Taissa (Jasmin Savoy Brown puis Tawny Cypress) et l'excellent personnage de Shauna (Sophie Nélisse et Melanie Lynskey), c'est un coup d'oeil dans le rétro, pour le meilleur et pour le pire.
Yellowjackets, outre l'ambiance mystérieuse en terres inconnues, révèle des scènes horrifiques et une mise en scène savamment orchestrée. Un facteur imparable dans le paysage saturé des séries pour planter les jalons d'une histoire qui vous agrippera. Dix épisodes de près d'une heure à faire l'élastique entre présent et passé. Un petit exploit capable de vous faire rater des apéros et intégrer comme nouvelle excuse «peux pas, j'ai Yellowjackets».
Yellowjackets est disponible en intégralité sur MyCanal.