Au début de la confinette, malgré notre intolérance au gluten, on s'est chauffé pour faire notre propre pain au levain. On a regardé des tutos en se disant: «Mais c’est facile!» On a même instagramé notre œuvre, persuadé d’être paré pour la vie en cottage.
Aujourd’hui: On se dit que le pain, c’est bon, mais que c’est chiant à faire.
Au début de la confinette, on était solidaire. On faisait les courses pour cet adorable couple d'octogénaires qui habitent sur le palier d’en face.
Maintenant, on serait prêt à sacrifier les vieux sur l’autel de la réouverture des bars. D'ici là...
Au début de la confinette, on savait qu’ils étaient sept et qu’il y en avait un qui s’appelait Alain Berset (l'homme au crâne bien lustré, je crois).
Maintenant, on ne connaît toujours par leurs noms mais quand on les voit ensemble, on sait que ça n'est pas une bonne nouvelle.
Au début de la confinette, on faisait des apéros sur House Party ou Zoom, soi disant pour créer du lien social.
Maintenant, on se bourre la gueule tout seul. Et comme tout le monde le fait, personne ne juge.
Au début de la confinette, on applaudissait au balcon avec les voisins en mode: «C'est tellement beau de voir cette union». Même que parfois, on faisait du bruit avec des casseroles.
Maintenant, si on voit que nos voisins sont plus de cinq, on appelle les flics.
Au début de la confinette, on se disait que Paléo allait avoir lieu en mode: «C'est bon tranquille, on va pouvoir manger des hot-fondues en s'époumonant sur du Céline.»
Maintenant, on écoute des albums live pour avoir l’impression d’être en concert (en pleurant dans le noir).
Au début de la confinette, on s'est motivé à faire du fitness à la maison, en poussant les meubles, devant des vidéos YouTube.
Maintenant, on ne descend même plus les poubelles, on les lance depuis le 3e étage.
Au début de la confinette, on allait se poser dans des parcs pour caresser l’herbe.
Maintenant, l’herbe, on la fume dans le canapé en attendant le livreur Uber Eats.
Au début de la confinette, on se disait que ce serait sympa de faire des vacances en Suisse, genre: «Les Grisons, il paraît que c’est ma-gni-fique!»
Maintenant, on n'est toujours pas dépaysé et en plus on est pauvre.
Au début de la confinette, on disait tout le temps: «merde! mon masque» en allant faire les courses.
Maintenant, on dit toujours «merde! mon masque».
Au début de la confinette, on voulait que personne ne nous touche.
Maintenant, on va exprès chez le coiffeur pour qu’il nous fasse un massage crânien.