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Globalement, cet épisode s'est déroulé sans embûches, et c'est un peu regrettable: «Top Chef» s'est tellement professionnalisé ces dernières années que certes, tous les plats ont l'air exceptionnel. Mais on n'a plus jamais de gens qui renversent leur plat par terre, qui font exploser leur siphon ou qui s'amputent à la mandoline. Et c'est quand même UN PEU DOMMAGE. On veut de la tension, des rebondissements, des vrais enjeux. Le seul drama dans cet épisode, c'est quand une assiette se casse toute seule pendant une dégustation, et ça ne décontenance absolument personne.
La première épreuve sera jugée par Pía León, «meilleure femme chef du monde», parce qu'il faudrait pas trop les mélanger au reste de la population non plus. Hélène Darroze s'enthousiasme: «Je crois que le ton est donné.» Le ton du féminisme washing ouais. Bref. Le thème de cette épreuve? Le maïs. C'est pas possible, y a quelqu'un dans la prod qui a regardé «Twin Peaks Fire Walk With Me» avant le début de l'émission, non?
Mais le thème implicite de l'épisode, c'est surtout la maltraitance. Cinq minutes après le lancement de l'épisode, Etchebest est déjà en train de frapper un de ses candidats. Dans la brigade de Paul Pairet, le pauvre Lilian est contraint à porter une casquette, tout ça parce que ses camarades ont un complexe capillaire. Hé les aspirants Gavroche là, laissez ses cheveux tranquilles. Enfin, soutien total à Pascal, le gagnant d'«Objectif Top Chef», pris en otage par une équipe de nordistes. Pascal, s'ils commencent à te parler de chicon, cours sans te retourner.
La brigade Etchebest, composée de Sébastien (petit lapin), Mickaël (lunettes de tueur en série) et Pascal (otage), va donc sublimer le maïs. Pour ce faire, les trois décident de faire un cannelloni au maïs et au tourteau, accompagné d'un praliné de maïs. Ils prononcent tellement le mot «laser» qu'on se croirait dans un centre de dermatologie, mais on ne leur en tiendra pas rigueur parce que CALAB: Ça A L'Air Bon.
Du côté de la brigade Viel, Lucie explique le programme: «On est partis sur le taco tuesday. C'est un événement. Aux États-Unis. C'est tous les mardis. C'est pour honorer la cuisine mexicaine. La cuisine mexicaine est à base de maïs.» Lucie a très clairement été envoyée sur Terre par une armée extraterrestre pour faire des repérages avant l'invasion. Méfiez-vous.
Je ne sais pas si on peut vraiment qualifier le taco tuesday d'«événement» visant à «honorer» la cuisine mexicaine, à moins de considérer que l'happy hour est un «événement» visant à «honorer la culture irlandaise», mais soit. Leur recette sera donc centrée sur un taco de maïs soufflé, par Tania évidemment, qui nous avait déjà fait une pizza soufflée la semaine dernière. Tania aime tellement souffler, on dirait le mistral.
Et puis Lucie, la candidate qui avait dit à son chef Alexandre Mazzia d'aller se faire cuire un œuf et qui vit depuis dans la honte, commence à assassiner verbalement ses coéquipiers. Renaud lui demande de goûter son bouillon, Lucie lui répond: «Bah ça a pas de goût.» La pauvre Tania essaie de trouver des solutions pour rendre le bouillon plus savoureux, mais Lucie, telle une Miranda Priestly des fourneaux, refuse sèchement toutes ses suggestions: «Non», «Pour moi c'est sans intérêt aucun». Sans, évidemment, proposer quoi que ce soit de son côté. Ça doit être cool de bosser avec elle!
Heureusement, Glenn Viel fait redescendre la tension et les enjoint gentiment mais fermement à mieux communiquer. *voix de grand-mère* Il a l'air bien, ce Glenn Viel.
On passe à ma brigade préférée: celle des losers, ou comme dirait Stéphane, «la brigade solitaire, coachée par aucun chef». Dur Stéphane, dur. Arnaud et Elis, les candidats solitaires, ont décidé de se renommer «brigade du tigre», mais pour un surnom moins sécuritaire, je préfèrerais les appeler la brigade Harry Potter, en hommage à leurs lunettes rondes. Loin d'être abattus par leur désavantage dans l'émission, les deux candidats sont adorables, se font sans cesse goûter des aliments en disant «tiens goûte ça pépère», et semblent en symbiose totale. Comme le souligne Arnaud: «Je pense que l'échange est extraordinaire. Il a des mots réconfortants, je pense que j'ai des mots réconfortants pour lui.» On n'avait pas vu de duo aussi chou depuis Joey et Chandler.
Par contre, côté recette, ça a l'air un peu compliqué. Pour sublimer le maïs dans tous ses états, les deux pépères ont décidé de faire... une «poitrine de porc, jus de porc et maïs».
Elis: «c'est 100% maïs».
Le maïs:
Mais honnêtement, ça sera toujours mieux que la brigade des cool kids: Louise, Wilfried et Thibaut, qui se sentent particulièrement en confiance. Tous les ans, il y a une brigade qui devient un peu le BDE de «Top Chef», et cette année, ce sont eux. Enfin, surtout Wilfried et Louise, qui rappellent que «tous les deux, on a été au Pérou, on a travaillé au Chili, on a mangé chez Pía León»... Et le pauvre Thibaut qui est là «moi j'aime bien les escargots».
Les trois candidats décident de faire un kaiseki (une présentation en plusieurs services d'origine japonaise) autour du maïs, avec notamment un «maïsotto», qui n'est pas le cousin italien de Maïté mais un risotto de maïs. D'ailleurs, les «astuces» suggérées par l'émission dans le coin de l'écran sont toujours hilarantes: «pour apporter de la texture à votre maïsotto»... Qui va faire un MAÏSOTTO Bernard, qui??? Personnellement je google toutes les semaines «œuf mollet combien de minutes», donc revoyez un peu votre sens des priorités quand vous préparez vos PowerPoints soi-disant utiles.
Enfin, la brigade des casquettes prépare des gnocchis de maïs. Avec la brigade des lunettes rondes, c'est ma brigade préférée: ils sont tous beaucoup trop mignons. À un moment, Ambroise vante les mérites de son camarade Lilian, et dit «je lui tire mon chapeau». Hilarant.
La dégustation de Pía León commence, tandis que les candidats la regardent depuis un moniteur. Et c'est un peu glauque: ils sont tous en mode «allez t'aimes ça hein», «allez croque dedans», «allez vas-y», «dis quelque chose». Une astucieuse mise en abyme qui nous rappelle, à nous téléspectateurs, qu'on est tous le voyeur de quelqu'un d'autre.
Finalement, les zinzins d'Etchebest remportent l'épreuve, et sont qualifiés aux côtés de l'équipe des petites casquettes. Leur célébration nous donne l'occasion de voir Jordan et Ambroise sans couvre-chef, et on dirait qu'ils sont nus, c'est très perturbant.
Au moment des résultats, on nous explique que les équipes qui arrivent en troisième et en quatrième position devront respectivement envoyer un et deux candidats dans la deuxième épreuve, tandis que la cinquième équipe participera intégralement à l'épreuve. Euh, il est déjà 22h30 et je n'ai pas de diplôme en physique nucléaire, va peut-être falloir faire plus simple la prochaine fois les gars.
Glenn Viel doit envoyer quelqu'un de sa brigade en deuxième épreuve, et Renaud s'autodésigne immédiatement. Après tout, c'est vrai que c'est un pro de l'élimination. Arnaud et Elis, les choupis à lunettes, sont également envoyés en deuxième épreuve. Et joie infinie, les rouges de Darroze, qui se disaient encore «bah, sereins quoi» au moment d'annoncer le vainqueur, finissent derniers. Une défaite plus savoureuse que n'importe quel plat de l'émission.
La deuxième épreuve a été pensée par Francis Mallmann, chef argentin que l'on surnomme le «maître du feu», pas parce qu'il a gagné «Koh Lanta» mais parce qu'il cuit tout à la flamme. On le connaît également comme le mec de Chef's Table dont la maison en Patagonie a l'air d'être le meilleur spot de télétravail de tous les temps. À cause des restrictions sanitaires, Francis n'a pas pu être présent, mais il est remplacé par son chef exécutif Francesco, et on ne va pas s'en plaindre.
L'objectif sera simple: préparer un plat sur le brasero spécial inventé par Francis Mallmann. Cette épreuve consistera ainsi à voir les candidats se faire asphyxier pendant que le chef légendaire, en voix off depuis l'Argentine, raconte son amour des légumes à la plancha.
Louise, séparée du reste de sa brigade, décide de faire un plat végétarien à base d'aubergine, d'avocat et d'œufs cuits dans la braise. CALPM: Ça A L'Air Pas Mal. Ses camarades, Wilfried et Thibaut, font un agneau suspendu et laqué: CALABBBBBBBBBBB (ça a l'air bon bon bon bon bon bon bon bon bon bon bon).
De leur côté, Elis et Arnaud, aka Tempête et Pépère, font un saumon fumé. Ça a l'air délicieux (CALAD? Ok j'arrête), même si pour l'instant leurs plats ont toujours l'air un peu simples face au reste de la compétition. C'est très «viande légumes» ou «poisson légumes», alors que les autres ils te font du maïsotto ou de l'huile fumée quoi.
Renaud, quant à lui, fait du foie gras poêlé au barbecue (MIAM: Merci d'Inviter Anaïs Maintenant), mais avec de l'ananas et un condiment de patate douce (pas miam).
La dégustation démarre, et le chef Francesco a l'air aussi intransigeant qu'adorable. Faites-le revenir!!! L'idéal en fait, ce serait un «Top Chef All Stars», où Francesco combattrait contre Mauro Colagreco et Sébastien Vauxion. ÇA, ça serait du grand spectacle.
Lors de la dégustation, les légumes d'Elis et Arnaud ne sont pas assez cuits, et l'association ananas-foie gras de Renaud ne plaît pas à Francesco, on a donc assez peu de suspense concernant les perdants de l'épreuve. Louise remporte l'épreuve avec un coup de cœur, et les rouges font un carton plein puisque la deuxième place est prise par Wilfried et Thibaut. Bien joué.
Ce sont donc Arnaud, Renaud et Elis qui se retrouvent au repêchage, avec une épreuve autour de la courge. On va passer vite parce que je sais pas trop quoi vous dire. C'est de la courge quoi. Renaud commet une erreur fatale et choisit une courge spaghetti, c'est-à-dire la plus insipide de toutes les courges (marrant c'est comme ça que m'appelait mon ex).
Au final, c'est Arnaud qui arrive premier (et atterrit donc dans la brigade de Glenn Viel), Elis deuxième, et c'est la courge de Renaud qui est éliminée. Alors qu'il s'était porté volontaire!! C'est un final très triste, pour Renaud, qui n'a réussi à battre sa performance de la dernière fois que d'un épisode, et pour le meilleur duo de cette émission, tragiquement séparé par les circonstances.
Un truc dont j'avais vraiment besoin sans savoir que j'en avais besoin: Stéphane Rotenberg en col roulé blanc. Je veux qu'il me lise des histoires au coin du feu.
Quand tu sors de deux ans de pandémie et qu'on t'annonce une troisième guerre mondiale:
Les monstres de ma paralysie du sommeil au bout du lit:
«C'est réconfortant d'avoir toutes ces personnes dans sa tête», Elis en fait c'est Edward Norton dans «Fight Club».
La semaine prochaine: ÁNGEL LEÓN!!
Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original