L'action Credit Suisse poursuivait sa chute, mercredi, dans un marché alimenté par les craintes pour le secteur bancaire. Le principal actionnaire du groupe bancaire zurichois a encore jeté de l'huile sur le feu en excluant tout nouveau soutien financier.
A 14h30, le titre du numéro deux bancaire helvétique s'effondrait de 29,7% à 1,5755 franc, un nouveau plus bas historique, dans un important volume de 296,4 millions d'actions échangées. Depuis le début de l'année, la nominative a perdu 39,4%.
La capitalisation boursière continuait aussi à s'effondrer à 6,7 milliards de francs, à comparer aux 59,4 milliards du rival UBS ou aux 11,3 milliards de Julius Bär.
La Première ministre française Elisabeth Borne a demandé mercredi aux autorités suisses de régler les problèmes de la banque Credit Suisse, dont la situation suscite des inquiétudes sur les marchés financiers.
«Ce sujet est du ressort des autorités suisses. Il doit être réglé par elles», a affirmé devant le Sénat la Première ministre française, précisant que le ministre français des Finances Bruno Le Maire «aurait un contact avec son homologue suisse dans les prochaines heures».
Cette chute s'inscrit dans le contexte d'un mouvement généralisé d'aversion aux risques touchant les titres bancaires, écrivent les analystes de Capital Economics dans un commentaire.
Capital Economics rappelle que Credit Suisse, classée d'importance systémique par le régulateur suisse, est d'une importance plus cruciale pour l'économie mondiale que des banques régionales américaines. Son bilan est bien plus important que celui de SVB et plus interconnecté mondialement.
Cela pourrait aussi avoir un impact sur la décision de politique monétaire jeudi de la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait dans ce contexte tendu adopter une position attentiste, ont-ils ajouté.
Arthur Jurus, stratégiste senior auprès de la banque Oddo BHF, a pour sa part indiqué que le CDS (Credit default swap, couverture de défaillance) à cinq ans de Credit Suisse était à +625 points de base (pb), «en hausse de 200pb en quelques jours et à son plus haut niveau historique».
Cette nouvelle chute intervient après une série de mauvaises nouvelles pour le secteur bancaire en général et pour Credit Suisse en particulier depuis lundi. Le principal actionnaire de Credit Suisse, le saoudien Saudi National Bank (SNB), a ainsi exclu mercredi un nouveau soutien à la banque zurichoise en difficulté.
Interrogé sur Bloomberg TV sur d'éventuelles nouvelles aides financières à Credit Suisse, le président de SNB, Ammar Al Khudairy a répondu:
Credit Suisse avait annoncé en octobre dernier un vaste plan de restructuration, comprenant notamment une augmentation de capital de quatre milliards de francs. La Saudi National Bank s'était alors engagée à hauteur de 1,5 milliard, raflant 9,9% du capital-actions de la banque avec cette opération.
Mardi, Credit Suisse avait reconnu dans son rapport annuel continuer à lutter contre les sorties de liquidités, qui ont ralenti, mais sans que la tendance s'inverse. «Ces reflux se sont stabilisés à des niveaux bien moindres, mais n'ont pas encore inversé la tendance à la date de publication du rapport», avait précisé l'établissement dans le document.
Le groupe zurichois avait subi l'année dernière des retraits massifs de liquidités de 123,2 milliards de francs, dont 110,5 milliards au seul quatrième trimestre.
Lundi déjà, la semaine avait mal commencé pour Credit Suisse, suite aux déboires de plusieurs banques américaines.
Aux Etats-Unis, Silicon Valley Bank (SVB) a été fermée vendredi par les autorités. Sa disparition représente non seulement la plus grande faillite bancaire depuis celle de Washington Mutual en 2008, mais aussi la deuxième plus grosse défaillance d'une banque de détail aux Etats-Unis. La banque, spécialisée dans le financement des jeunes pousses, ne parvenait plus à faire face aux retraits massifs de ses clients, principalement des acteurs de la Tech, et ses ultimes tentatives de lever de l'argent frais n'ont pas abouti.
La vague de retraits qui a suivi a provoqué la défaillance de deux autres banques, Signature Bank et Silvergate Bank, plus petites, mais connues pour leurs liens particuliers avec le milieu des cryptomonnaies. (jah/ats)