«Il ne faut pas parler d'argent», nous apprend-on dès le plus jeune âge. En Suisse, le sujet reste tabou, même avec nos proches. Les Helvètes ignorent donc à peu près tout de la manière dont leurs concitoyens gèrent leur fortune. Une nouvelle étude de moneyland.ch vient éclairer leur lanterne: la plateforme de comparaison pour les banques, les assurances et la téléphonie a interrogé 1500 personnes pour savoir si elles avaient de l'argent investi dans différentes formes de placement et, si oui, combien.
Il en ressort tout d'abord que Monsieur et Madame Tout-le-Monde sont plutôt conservateurs en matière d'investissement: les comptes privé et d'épargne demeurent les moyens les plus appréciés, même s'il ne s'agit pas vraiment de formes d'investissement classiques. Sur le premier, 91% des sondés ont indiqué y déposer au moins une partie de leur argent. Le compte d'épargne arrive en deuxième position avec 84%. Plus d'un tiers de la population a même placé «beaucoup d'argent ou la totalité de sa fortune» dans l'un ou l'autre de ces comptes.
L'attitude conservatrice des Suisses en matière de placement se reflète également dans la popularité de l'argent liquide, bien que seule une minorité détienne la plupart de sa fortune en espèces. Les participants à l'enquête sont 67% à affirmer conserver billets et pièces à la maison. Et 31% gardent l'argent liquide dans leur coffre-fort.
En revanche, seuls 36% de l'échantillon ont indiqué avoir investi au moins une partie de leur fortune dans des actions suisses. Pour les actions étrangères, c'est un peu moins (32 %). Les fonds de prévoyance 3a et autres titres sont également moins populaires que les comptes d'épargne 3a standards: 7% placent leur argent dans des titres 3a, alors que 62% ont de l'argent sur un compte d'épargne 3a.
De nombreux Suisses ne résistent pas non plus à l'attrait de l'or. Bien qu'il soit moins adapté à la constitution d'un patrimoine, 30% de toutes les personnes interrogées ont déclaré avoir investi au moins un peu dans le précieux métal.
Compte tenu de la frilosité au risque de nombreux investisseurs, il peut paraître étonnant que les cryptomonnaies aient trouvé leur place dans de nombreux portefeuilles suisses. Parmi les personnes interrogées, 26% ont déclaré détenir des bitcoins. De même, 26% ont investi dans d'autres cryptomonnaies. Enfin, 12% ont même placé une grande partie de leur fortune en bitcoins.
Quel que soit le moyen retenu, les hommes sont plus nombreux que les femmes à déclarer avoir investi au moins un certain montant de leur patrimoine. Ils n'investissent pas seulement davantage, mais sont aussi plus enclins à prendre des risques. La différence est particulièrement nette pour les actions nationales: 45% des hommes ont des actions d'entreprises suisses dans leur portefeuille, contre seulement 26% des femmes.
Donnée intéressante: la manière dont les Suisses investissent leur argent évolue avec leur fortune.
Ce chiffre atteint 75% pour qui dispose de plus d'un million de francs. A l'inverse, seuls 20% des individus possédant moins de 20 000 francs ont investi une partie de leur argent dans des actions suisses.
On observe la même chose pour les actions étrangères: 69% des millionnaires ont des actions étrangères, contre seulement 19% des sondés avec moins de 20 000 francs.
Par ailleurs, il apparaît indéniablement que les investisseurs suisses actifs sont peu nombreux à se frotter aux fonds indiciels négociés en bourse (ETF). Seuls 34%, selon l'étude. Avec 32%, les fonds gérés activement sont à peine moins populaires que les fonds indiciels «passifs» – et ce, bien qu'ils soient souvent nettement plus chers en termes de frais.
Ceux-ci intéressent manifestement les investisseurs plus fortunés. Environ 60% des personnes disposant d'une fortune de 500 000 francs ou plus ont investi dans des ETF. En revanche, ce chiffre n'est que de 20% chez les personnes dont la fortune est inférieure à 20 000 francs.
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)