Les primes d'assurance-maladie devraient une nouvelle fois augmenter de plus de 5%. C'en est trop pour la Fédération romande des consommateurs (FRC). Elle attend du Conseil fédéral qu'il applique le droit d'urgence pour geler la hausse des prix.
Selon la secrétaire générale de l'organisation et conseillère nationale verte, Sophie Michaud Gigon, la situation est doublement préoccupante. D'une part, les classes à revenus faibles et modérés sont déjà sous pression à cause de la hausse des loyers, des prix de l'énergie, des transports publics et des denrées alimentaires. Sans compter l'augmentation des primes. «Cela ne peut pas continuer ainsi», déclare Michaud Gigon.
D'autre part, toutes les tentatives de réforme lancées durant la législature ont à nouveau échoué.
Mais comment assumer la hausse des coûts de la santé si les primes sont gelées? Qui paiera la différence? Sophie Michaud Gigon appelle à une «répartition plus équitable» alors que les assurés supportent déjà deux tiers de la facture. La FRC travaille sur un nouveau modèle dont elle discutera le 5 septembre lors d'un «sommet sur le pouvoir d'achat» à Berne. Le gel des primes devrait être levé uniquement lorsque le Parlement aura réussi à réduire les coûts de la santé.
Le conseiller national socialiste Pierre-Yves Maillard comprend la demande de la FRC. Il estime que la majorité bourgeoise du Parlement a échoué dans la politique de santé et qu'il est maintenant décisif qu'un contre-projet efficace à l'initiative populaire du PS soit adopté. Les socialistes veulent en effet que personne ne dépense plus de 10% de son revenu pour l'assurance maladie. Pierre-Yves Maillard souligne qu'il a lui-même introduit ce seuil alors qu'il était au Conseil d'Etat vaudois. Désormais, le canton dépense plus d'argent pour garder les primes sous contrôle.
Le Parlement fédéral examine également une initiative populaire du Centre sur les coûts de la santé. Elle demande que si les coûts de la Lamal augmentent d'un cinquième de plus que les salaires, la Confédération prenne des mesures en collaboration avec les cantons pour contenir les coûts. Le président du Centre, Gerhard Pfister, reconnaît, comme la FRC, que le Parlement n'est pas parvenu à des réformes concluantes. Mais geler les primes n'apporterait rien à ses yeux:
De son côté, le conseiller national PLR Andri Silberschmidt qualifie d'«insensée» la requête de la Fédération romande des consommateurs.
Selon le libéral-radical, il faudrait privilégier les traitements ambulatoires au lieu des prises en charge stationnaires. Autre proposition: élargir les modèles d'assurance alternatifs et les rendre plus attrayants. «Et on peut supprimer l'obligation de contracter entre les caisses maladie et les médecins». En clair, cela signifierait que les assurances pourraient choisir librement les médecins auprès desquels les soins seront remboursés. Cette déclaration peut surprendre, la suppression de l'obligation de contracter étant une vieille revendication que le Parlement a rejetée à plusieurs reprises par le passé.
Le conseiller national UDC Thomas de Courten est d'accord avec Andri Silberschmidt pour assouplir l'obligation de contracter. Bien que, selon lui:
Les pistes pour diminuer les coûts de la santé ne manquent pas. La balle est désormais dans le camp du Parlement, qui doit parler d'une seule voix pour se concentrer sur mesure forte unique.
Traduit et adapté par Valentine Zenker