Un «dimanche de la honte» qui a vu Credit Suisse, le maillon faible du système financier européen, se faire avaler par UBS pour plus de 3 milliards - alors qu'elle était encore cotée en bourse à 7 milliards vendredi dernier.
Ce lundi matin, la tendance ne s'est pas inversée: l'action a chuté de 63,5%, tombant sous le seuil du franc. Elle est à 80 centimes à l'heure où nous écrivons ces lignes. De son côté, l'action UBS reprenait des couleurs. Vers 14h40, le titre du numéro un bancaire suisse s'envolait de 6,02% à 18,14 francs. A la clôture, le titre d’UBS a pris 1,26% à 17,325 francs.
L'action Credit Suisse sera cotée jusqu'à que la fusion soit effective et entérinée. Comme évoqué lors de la conférence de presse, les actionnaires recevront le prix d'achat, soit 76 centimes par action. Evidemment, ils perdront de l'argent par rapport à ce que cela valait il y a quelques semaines ou mois.
Alors, faut-il rapidement acheter des actions Credit Suisse alors qu'elle est à l'agonie? Est-il possible de faire une bonne affaire? Selon les experts, c'est non. Ce n'est même pas la peine d'y penser. Selon les spécialistes interrogés, le modèle est beaucoup trop volatile.
Le deal entre les deux banques est scellé. UBS avait proposé un milliard, qui équivalait à 25 centimes par action. Puis les discussions ont abouti à 3 milliards, pour monter l'action à 76 centimes. Concrètement, les actionnaires de Credit Suisse recevront une action UBS pour 22,48 actions Credit Suisse détenues. Mais les modalités ne sont pas connues.
Notre expert affirme:
Notre interlocuteur assure que certains connaisseurs tenteront sûrement de «gratter quelques pourcentages», en faisant du day trading, c'est-à-dire de l'achat et de la vente d'actifs, au cours d'une même journée, en espérant en tirer un bénéfice. Il déconseille la démarche, surtout pour des néophytes.
En revanche, il y a un autre domaine qui capte les regards actuellement. Le prix de l'or, propulsé par les inquiétudes liées au secteur bancaire, a dépassé lundi le seuil symbolique de 2000 dollars (1861 francs) l'once.
Alors que les titres des grandes banques plongeaient en Bourse lundi, les investisseurs craignant une réaction en chaîne se rabattaient sur l'or, valeur refuge traditionnelle. Depuis la faillite de l'américaine Silicon Valley Bank (SVB) il y a dix jours, le prix de l'or sur le marché financier a grimpé de près de 9%.
Du côté de notre interlocuteur, il rappelle que la fusion fera des dégâts. «Il y aura des doublons et certains employés UBS aussi doivent se faire du souci.» Un gros gâchis que le trader qualifie de «bien triste journée pour la place financière helvétique».