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Comment les réseaux sociaux attisent les paniques bancaires

Comment les réseaux sociaux attisent les paniques bancaires

La chute de la Silicon Valley bank a été accélérée par un climat anxiogène, alimenté sur les réseaux par des retweets, rumeurs et - parfois - fake news.
18.03.2023, 16:3019.03.2023, 11:53
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Le 10 mars, coup de tonnerre dans le monde de la finance: la Silicon Valley bank (SVB) se voit obligée de déposer son bilan. En cause: son incapacité à faire face aux retraits massifs de ses clients, et surtout son incapacité à lever du capital dans l'urgence de la crise. La banque, malgré son appel au calme, n'a pas pu arrêter ce qu'on appelle le «bank run» (une panique bancaire). Et dans cette chute, les réseaux sociaux ont joué le rôle d'accélérateur, selon BFMTV. Les plateformes d'échange digitales semblent désormais capables en quelques clics de raviver les craintes sur la solidité de l'ensemble du secteur bancaire.

En cause: le nouveau profil des investisseurs, «technophiles et ultra-connectés». Les marchés sont désormais bien plus influencés que par le passé par les rumeurs et messages relayés sur Twitter, Whatsapp, ou encore Slack. Les considérations enflammées de certains analystes ou membres reconnus du monde de la finance peuvent provoquer en quelques heures une cascade de réactions anxiogènes sur les plateformes, et pousser les investisseurs à récupérer leur cash le plus rapidement possible. Voici quelques exemples cités par BFMTV.

Jason Calacanis, un investisseur spécialisé dans la tech:

«LA CONTAGION A DÉJÀ COMMENCÉ»

L'investisseur Bill Ackman, sur Twitter samedi: «L'échec de @SVB_Financial pourrait détruire un moteur important de l'économie à long terme, car les entreprises soutenues par le capital-risque comptent sur SVB pour obtenir des prêts et conserver leurs liquidités d'exploitation.»

Le site Fortune cite également Byrne Hobart, un blogueur très influent dans la Silicon Valley, et suivi par une grande partie des investisseurs de la tech, qui affirmait fin février dans sa newsletter que la Silicon Valley bank avait été «techniquement insolvable au dernier trimestre». En conséquence...

«...tout le microcosme de la Silicon Valley a commencé à regarder de très très près les actualités autour de cette banque»
Le site Fortune

Difficile également pour les marchés de faire face au fake news et leur conséquence. BFMTV donne l'exemple de l'investisseur Mike Alfred, qui s'est prononcé «sans preuve» sur les «apparentes difficultés opérationnelles de First republic bank». Si les messages ont été effacés par la suite, le mal était fait, provoquant l'emballement sur les réseaux.

«Le mélange de technologies et de rumeurs qui se propagent rapidement a alimenté une crise d'une rapidité sans précédent»
Jonathan Welburn, chercheur au centre de réflexion Randbfmtv

«Bank run» digital

La chute de SVB a en outre été davantage impactée par le poids croissant de Twitter et d'autres réseaux digitaux auprès des masses. La plateforme à l'oiseau bleu, qui a vu le jour en 2006, en était encore à ses balbutiements lors de la crise de 2008. Les Iphones également. En conséquence, la spirale des retweets et des échanges sur Slack était loin d'être aussi dense qu'à l'heure actuelle.

«Rien à voir avec l’époque de la crise des subprimes en 2008, quand les "bank runs" étaient d’une autre nature : les gens se déplaçaient aux guichets et le tout pouvait prendre plusieurs jours, laissant aux autorités un peu de temps pour réagir.»
Alexandre Baradez, analyste financier pour IG France, relayé par France 24

A ce titre, le site Fortune estime que cette crise restera dans l'Histoire «comme le premier "bank run" de l’ère des réseaux sociaux».

Quelles solutions pour demain?

Dans la finance, les réseaux sociaux sont un outil à double tranchant, comme l'explique Hilary Allen, spécialiste des nouvelles technologies financières à l'American University à Washington, à BFMTV.

D'un côté, les marchés ont «profité de l'utilisation grandissante des plateformes en ligne avec les "meme stocks", des actions comme Game stop ou AMC qui se sont envolées après des discussions sur le forum Reddit». Mais d'un autre,« les réseaux sociaux peuvent également exacerber la perte de confiance et la panique». Et si la digitalisation du secteur bancaire est un vrai facilitateur administratif, elle a également permis à de nombreux clients de fermer leur compte en quelques clics.

La conséquence: un temps de réaction raccourci pour permettre aux autorités compétentes de réagir, voire de prévenir les crises. Dans le futur, pour éviter des «panic runs» en série, celles-ci devront inventer une «nouvelle façon de communiquer en ligne lorsque de tels événements se produisent», indique encore Hilary Allen à BFMTV. Elle pense notamment à des coupe-circuits, qui suspendent les transactions en cas d'événement imprévisible, comme une cyberattaque ou une panique bancaire. «Mais développer ce type de mécanisme est très, très politique», achève la professeure.

(jod)

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