Le changement climatique, qui a provoqué plusieurs vagues de chaleur historiques en Espagne cette année, ne semble pas effrayer les vacanciers. Le pays méditerranéen a enregistré un nouveau record de visites au cours des douze derniers mois: près de 85 millions de touristes étrangers ont visité l'Espagne en 2023, selon les estimations de l'industrie du voyage.
Ce record est alimenté par deux choses. Tout d'abord, les températures de plus en plus douces en basse saison provoquent un boom des voyages et font de l'Espagne une destination agréable toute l'année. La station balnéaire de Malaga, dans le sud de l'Andalousie, a enregistré 30 degrés en plein mois de décembre. C'est du jamais vu et cela et attire les amateurs de soleil.
Majorque, qui a tutoyé les 26 degrés en décembre, voit ainsi son paysage touristique évoluer. L'île n'hiberne plus durant l'hiver. Un nombre croissant d'établissements hôteliers sont ouverts à longueur d'année, observe la Fédération des Hôtels (FEHM).
Deuxièmement, l'Espagne bénéficie de sa réputation de destination sûre. Le conflit au Moyen-Orient a fait chuter les réservations dans les pays voisins d'Israël, tels que la Jordanie et l'Égypte. Selon le ministère espagnol du Tourisme à Madrid, cela a entraîné un changement des flux touristiques.
Au lieu de se tourner vers la mer Méditerranée orientale et la mer Rouge, on réserve de plus en plus des destinations sur la mer Méditerranée occidentale - au bénéfice de l'Espagne, qui est déjà, selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), le pays le plus visité au monde après la France.
8000 kilomètres de plages de rêve et plus de 300 jours de soleil par an: voici ce qui fait de l'Espagne une destination de choix. Cela vaut d'autant plus pour l'île de Majorque, qui reste sans conteste la destination de vacances la plus prisée du pays.
Plus de dix millions de visiteurs y ont passé leurs vacances en 2023. 40% des touristes à Majorque parlent allemand et viennent d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse ou du Luxembourg.
A l'échelle nationale, ce sont pourtant les anglophones qui constituent le groupe de touristes le plus important: les Britanniques représentent près de 20% de tous les visiteurs en Espagne. Même le Brexit n'a rien changé au phénomène.
La France arrive au deuxième rang, suivie de l'Allemagne. Avec environ 2,5 millions de visiteurs, la Suisse occupe la 7ᵉ place dans ce classement, derrière les États-Unis, mais devant la Pologne.
Jusqu'à présent, la crise climatique mondiale n'a pas fait bégayer le tourisme espagnol, même si le réchauffement climatique préoccupe l'industrie du voyage. Cet été, des pics de température de plus de 45 degrés ont été enregistrés à l'ombre. De quoi faire gémir habitants et vacanciers.
Selon une étude du ministère espagnol de l’Environnement, le changement climatique, déjà perceptible, entraînera un déplacement des flux de voyageurs.
En effet, le nombre de vacanciers sur la côte atlantique continentale espagnole, plus froide et jusqu'ici beaucoup plus calme, a augmenté de 30% cet été, selon l'association Exceltur. De leur côté, Majorque et les Canaries affichent une augmentation importante des réservations pour les mois d'hiver.
Le ministre espagnol du Tourisme, Jordi Hereu, se réjouit que son pays devienne de plus en plus une destination annuelle: «Nous sommes en train de transformer notre tourisme».
Les experts appellent cela la «désaisonnalisation». Cette meilleure répartition des voyageurs permet de contrer le «surtourisme», la surpopulation de nombreuses destinations de vacances à des périodes bien précises, un phénomène qui pose de nombreux problèmes et qui énerve de plus en plus d'Espagnols.
(Traduit de l'allemand par Tim Boekholt)