
Les CFF ont prévu le pire en cas de pénurie d'électricité.Image: shutterstock/watson
Outre des conséquences radicales pour les passagers, le secteur craint des pertes financières massives. Voici le plan de bataille pour éviter le pire.
30.10.2023, 07:2130.10.2023, 07:21
Pascal Michel / ch media
C'est une question embarrassante qui a tenu la Suisse en haleine l'année passée: la pénurie d'électricité. La guerre contre Ukraine a fait grimper les prix de l'énergie, les pays voisins ne voulaient plus fournir autant d'électricité à la Suisse qu'auparavant et, à l'intérieur du pays, les barrages étaient à peine remplis.
Grâce à un hiver doux, il n'y a finalement pas eu de crise énergétique aiguë. Mais cette année encore, le danger n'est pas écarté. La Confédération et les milieux économiques ont donc pris des mesures pour éviter les pannes. Celles-ci concernent en particulier les 34 000 gros consommateurs, à qui le Conseil fédéral imposerait des contingents d'électricité en cas de crise.
Le secteur a exigé une solution spéciale
Les mesures d'économie parfois rigides ne fonctionnent que partiellement pour les transports publics, le secteur le plus gourmand de Suisse. En effet, les CFF et compagnie dépendent d'un approvisionnement continu sans lequel ils risquent de s'effondrer. Ils mettent donc en garde contre les «interventions ponctuelles dans des rouages fins». Si la Confédération attribuait, par exemple, des contingents différents aux CFF, aux entreprises de transport zurichoises et aux chemins de fer régionaux, ce serait le chaos et les correspondances ne seraient plus assurées.
En conséquence, les CFF ont élaboré, en collaboration avec l'Office fédéral des transports et d'autres acteurs, ce que l'on appelle un «modèle de gestion». Ce concept, récemment mis en ligne, prévoit de gérer et de réduire globalement les besoins en électricité dans les transports publics. Le plan d'urgence table sur les scénarios suivants:
- Niveau 1, interdictions et restrictions: les éclairages non obligatoires comme les panneaux publicitaires seront éteints. «En outre, il faut déjà s'attendre à des restrictions pour les offres touristiques, le trafic de loisirs et les courses spéciales», peut-on lire dans le document.
- Niveau 2, contingentement moyen à fort: l'horaire est réduit. Tout d'abord, l'offre supplémentaire aux heures de pointe disparaît, tout comme certains types de wagons inutiles. Ensuite, les trains se raccourcissent et des bus diesel remplacent les trolleybus électriques. Enfin, la branche revoit l'offre de base à la baisse, ce qui correspond au maximum à une réduction de capacité de 30%.
Mais selon les CFF, il ne suffit pas d'alléger l'horaire et de raccourcir les trains. Il faut aussi appeler la population à voyager moins. «Sans quoi, l'ensemble du système pourrait être mis à mal par une surcharge. La sécurité en pâtirait elle aussi». Pour éviter cela, il faudrait revivre des scènes mémorables de la pandémie, comme lorsque le ministre de la Santé, Alain Berset, avait déclaré devant les médias: «Restez chez vous».
- Niveaux 3 et 4, contingentement fort à extrême: le Conseil fédéral doit intervenir fortement dans tous les domaines de la vie publique. Pour les transports en commun, cela signifie l'interruption du trafic voyageur par le rail. En effet, pour le trafic voyageur sur le réseau à voie normale, «la colonne vertébrale des transports publics», les prestations ne peuvent être réduites que jusqu'à un tiers. Des économies supplémentaires conduiraient à l'effondrement. Dans ce scénario, le trafic de marchandises serait également amoindri et, si nécessaire, limité aux marchandises vitales.
- Niveau 5, coupures cycliques du réseau: il y a un «grounding immédiat», selon les termes du plan de crise. Le trafic ferroviaire est interrompu de manière structurée. Les bus et les trams ne peuvent pratiquement plus circuler. Si un black-out se produit, l'ensemble du système ferroviaire doit être arrêté encore plus rapidement. Selon les CFF, les cantons devraient alors s'occuper d'un «grand nombre de clients bloqués». La reprise du service normal devrait prendre des mois.
Trou colossal dans la caisse
Les conséquences de l'arrêt ne seraient pas seulement désastreuses pour les passagers et l'économie. Les entreprises de transport, déjà ébranlées par le Covid, devraient également s'attendre à des pertes financières massives. Surtout que la Confédération n'est pas tenue d'aider les entreprises. Du moins, aucune base légale ne l'y oblige. C'est pourquoi le plan de crise stipule que la gestion des dommages économiques suivrait celle de la pandémie de coronavirus, c'est-à-dire en se basant sur «l'appréciation politique».
Les pouvoirs publics avaient en effet soutenu à l'époque les transports publics en injectant environ un milliard de francs. Et ce, en plus des fonds publics habituels de plusieurs milliards par an. Entre-temps, les recettes des entreprises de transport se sont stabilisées. La clientèle afflue à nouveau dans les trains et les ventes de billets augmentent.
La branche a donc tout intérêt à éviter les lourdes conséquences de potentielles coupures de réseau et autres black-out.
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker
Voici comment les voleurs des bornes CFF opèrent
Video: watson
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