En Suisse, selon l'Office fédéral de la statistique, une personne sur dix a du mal à joindre les deux bouts à la fin du mois. Près d'un cinquième ne peut pas faire face à une facture inattendue de 2500 francs. Plus de 700 000 personnes vivent dans la pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 2284 francs par mois.
Pour ces individus, il est tentant d'acheter des articles électroniques ou vêtements bon marché auprès de sites web chinois dédiés au commerce en ligne comme Temu. Il s'agit parfois exactement des mêmes produits que les commerçants suisses proposent pour un prix plus élevé.
La question est légitime. Le consommateur informé n'aime pas se faire arnaquer. Toutefois, chaque paquet de Temu devrait être accompagné d'une notice explicative indiquant les risques et les effets secondaires de la chasse aux bonnes affaires. Les points suivants devraient y figurer.
L'économie chinoise n'arrive plus à écouler ses produits sur son propre territoire. C'est pourquoi la Chine inonde le marché occidental de «produits à prix artificiellement bas», comme l'a récemment constaté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
La secrétaire au Trésor américain Yanet Yellen a également mis en garde contre les effets néfastes de la surproduction chinoise. Les conséquences ne se font pas seulement sentir sur les voitures électriques subventionnées, mais aussi sur les textiles, comme ceux vendus par Temu. Aux Etats-Unis, huit usines textiles ont dû fermer l'année dernière. Elles ne pouvaient plus faire face aux prix cassés vendus par les revendeurs chinois.
L'application Temu est une mine d'or du point de vue des données. Elle peut lire pratiquement toutes les données personnelles sur les téléphones portables, comme l'indiquent les dossiers judiciaires américains.
Et ce n'est pas tout: le Parti communiste chinois a lui aussi un accès illimité aux informations collectées. Depuis 2017, une loi permet au parti du dirigeant Xi Jinping de récupérer toutes les données des entreprises chinoises.
La machine marketing de Temu fonctionne comme sur des roulettes. Même pour la fête nationale suisse, la plateforme a proposé à la clientèle locale des offres adaptées: une machine à glaçons (10,99 fr.), des chaussures de course respirantes (12,89 fr.) ou un short à motifs (8,39 fr.).
Ce qui devait servir aux Suisses pour le 1er août pourrait toutefois provenir du travail forcé ouïghour. La Chine réprime brutalement cette minorité ethnique depuis des années. Une commission de la Chambre des représentants américaine a déclaré dans un rapport qu'il y avait «un risque très élevé que la chaîne d'approvisionnement de Temu soit entachée par le travail forcé». En tant que plateforme, Temu exige de ses distributeurs qu'ils respectent certaines normes, mais le suivi est «douteux».
Shein et Temu envoient ensemble 9000 tonnes de marchandises par jour dans le monde entier. Cela remplit 88 avions de type Boeing 777 et le bilan climatique est par conséquent mauvais. En effet, le transport par avion consomme 50 fois plus de carburant que l'envoi par bateau.
Une bonne affaire n'est donnée à personne. D'autant plus si l'on dispose d'un budget serré. Mais même si l'on est à court d'argent, il ne faut pas tomber aveuglément dans les pièges du marketing chinois. Avant l'achat, quelques réflexions ne sont pas de trop:
Ces questions devraient être posées avec encore plus d'insistance par les consommateurs qui perçoivent chaque mois un salaire suffisant et qui n'ont en fait pas besoin de marchandises bon marché issues d'une production douteuse.