Le temps est désormais compté. Le gouvernement fédéral américain pourrait manquer d'argent dès le 1er juin si le plafond de la dette n'est pas relevé immédiatement. C'est le pronostic dramatique que la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, une démocrate, a fait dans une lettre publiée lundi.
Le plafond de la dette est une particularité américaine. Selon ce principe, le Sénat et la Chambre des représentants déterminent le montant maximal que Washington peut contracter. Actuellement, ce plafond est de 31 400 milliards de dollars, soit 19 000 milliards de plus qu'au début du mandat du président Barack Obama en 2009. Sous les gouvernements de ses successeurs – Donald Trump et Joe Biden, l'actuel locataire de la Maison-Blanche –, la dette n'a donc pas du tout diminué.
Aujourd'hui, Yellen affirme que cette marge de manœuvre sera bientôt épuisée. Et comme l'Etat américain a de nouveau été dans le rouge au cours du premier semestre de l'année fiscale actuelle — le déficit des caisses fédérales s'est élevé à près de 430 milliards de dollars entre octobre 2022 et mars 2023 — la fin de l'économie déficitaire n'est pas en vue.
Le plafond de la dette doit être relevé, comme il l'a été 17 fois depuis le début de la présidence d'Obama. Sinon, les Etats-Unis, la plus grande économie du monde, ne pourront plus rembourser les crédits, payer les factures ou verser les salaires.
Une telle mesure, qui équivaudrait techniquement à une faillite d'Etat, aurait probablement des conséquences fatales pour l'économie mondiale, comme le disent les économistes. Les investisseurs suisses, qui détiennent près de 290 milliards de dollars de bons du Trésor américain, seraient également directement touchés. Comme il n'est jamais arrivé, dans la longue histoire des Etats-Unis, que le gouvernement fédéral soit à court d'argent, ces prévisions ne sont bien sûr que des spéculations.
Les démocrates de Biden, majoritaires au Sénat, exigent un relèvement sans fioritures du plafond de la dette. Il serait alors prêt à discuter avec les républicains d'un assainissement du budget, dit le président.
De leur côté, les républicains, qui donnent le ton à la Chambre des représentants, veulent lier les deux problèmes. La semaine dernière, la grande chambre du Congrès a donc adopté par 217 voix contre 215 un projet qui prévoit des économies de près de 5000 milliards de dollars, soi-disant, au cours des dix prochaines années. En contrepartie, le plafond de la dette serait relevé.
Le président qualifie cette approche des républicains de «totalement irresponsable». Ses alliés font remarquer que sous la présidence Trump, les républicains n'ont eu aucun problème à approuver des réductions d'impôts pour les entreprises qui n'étaient pas financées en contrepartie. En effet, sous la présidence du républicain, le plafond de la dette a été relevé de près de 9000 milliards de dollars. Mais maintenant, lorsque les démocrates voulaient dépenser de l'argent pour leurs principales préoccupations, comme la protection du climat, les républicains s'y opposent.
Les républicains, quant à eux, reprochent à Biden d'éviter les discussions avec ses adversaires politiques. Lundi, Kevin McCarthy, président (speaker) de la Chambre des représentants a précisé:
McCarthy est actuellement en voyage en Israël. Toujours est-il que les deux hommes se sont entretenus par téléphone. Selon ce dernier, le président souhaiterait réunir des leaders démocrates et républicains à la Maison-Blanche afin de discuter des prochaines étapes du conflit sur le plafond de la dette. Une réunion pourrait avoir lieu la semaine prochaine, écrit Politico. (aargauerzeitung.ch)