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Le pire ennemi de Joe Biden

Si Joe Biden est élu en 2024, à la fin de ce deuxième mandat, il aura 86 ans.
Si Joe Biden est élu en 2024, à la fin de ce deuxième mandat, il aura 86 ans.image: getty, shutterstock, montage: fred valet
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Le pire ennemi de Joe Biden est imbattable

Son âge. Certes, Donald Trump, lui aussi, est vieux. Mais ce n'est pas son seul souci. Dix-huit longs mois avant l'élection présidentielle américaine, le quatrième âge se lance en stéréo dans une course où la mort tiendra le rôle principal. Un pari risqué. Pour tout le monde.
26.04.2023, 12:1205.05.2023, 13:13
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Pas d'âgisme ici. Juste un peu de pragmatisme armé d'une calculette. Joe Biden a 80 piges. Tout rond. Un âge parfaitement honorable, mais que les vieillards traditionnels célèbrent avec des filets de perche à Morges et un roupillon discret contre le dossier de la chaise. Au mieux, ses enfants prient pour que ça ne radote pas sur l'immigration et ses petits-enfants jouent avec le déambulateur dans les pattes des serveurs.

Oui, on caricature. Mais le président des Etats-Unis s'est offert une nouvelle campagne électorale, comme on se paie une Corvette décapotable à l'embouchure de la soixantaine: on aura l'air un peu con et il y a une chance sur trois que le bolide finisse dans un platane. En d'autres termes, l'homme rempile en ayant conscience des risques. S'il est réélu, il accusera 86 ans à la fin du second round. Qu'importe, il dit vouloir «finir le travail».

Attention, Robinette a tout à fait le droit d'espérer rempiler pour quatre ans. Déjà, son bilan n'a rien de catastrophique. Dépoussiérer les infrastructures, poser les deux pieds dans une transition énergétique peu populaire, le président est parvenu à imposer une poignée de victoires étonnantes au Congrès. Sans oublier qu'il n'a pas fini au tapis, comme redouté, durant les midterms. Non, vraiment, Biden dispose de toutes les armes politiques nécessaires pour se présenter la tête haute, notamment face à un Donald Trump qui se prend les pieds dans la justice trois fois par semaine.

Malheureusement, Joe Biden sera quasi impuissant face à son plus féroce adversaire, qui n'est pas à chercher dans la fournaise républicaine, mais dans son propre corps. Certes, son check-up de février dernier le jure «en bonne forme». Mais le président candidat ne pourra, et à aucun moment, faire fi de son âge.

Non seulement les démocrates se disaient moyennement chauds à l'idée de voir leur vaillant papy se jeter une nouvelle fois sur Space Mountain, mais ses ennemis en font déjà un argument phare pour le parquer dans un EMS. Ces deux dernières années, les réseaux sociaux (mais aussi Tucker Carlson) ont débordé d'indélicates allusions à sa dégaine de grand-papa grabataire, supposément dépassé par les événements. Des montages vidéos bricolés à la hâte, à chacune de ses apparitions, l'ont ouvertement accusé de sénilité. Objectif: le décrédibiliser et prouver qu'il n'est plus en mesure de gouverner le monde libre.

Et puis, encore une fois sans volonté de sombrer dans l'âgisme, à 80 ans, on n'a plus 20 ans. Que ce soit en termes de résistance, d'endurance ou d'agilité. Cette campagne électorale, plantée dans une Amérique plus que jamais divisée (et que Biden a échoué à rapprocher durant son premier mandat) risque pourtant d'être encore plus bestiale que la précédente.

L'un de ses objectifs, il l'a déjà annoncé mardi, c'est d'être au chevet de «la liberté» et d'une «démocratie en danger». Un terme abscons pour la population américaine modérée, plus volontiers inquiète pour ses fins de mois. Or, pour parvenir à sauver cette chère démocratie, il devra jeter l'opprobre sur une grosse moitié du pays, dont ses représentants se sont déjà accaparés les sujets les plus populaires et populistes. Difficile de réconcilier ses citoyens quand leur taper dessus sera l'une de ses seules armes efficaces (ou presque).

Enfin, la mort va rôder. Dix-huit mois de campagne, c'est long. Quatre ans de règne, encore plus. Joe Biden, à la popularité fragile, s'est concentré sur sa fin de carrière, au lieu de braquer les projecteurs sur des gouverneurs démocrates tout à fait capables d'assurer la relève. Sans oublier Kamala Harris, qui se voit quasi contrainte d'envisager le pire pour faire évoluer sa carrière.

Biden qui, en 2020, jurait vouloir «incarner le pont entre deux générations» d'élus, se retrouve aujourd'hui dans la peau d'un artiste qui rêve de mourir sur scène. Et c'est moyennement rassurant. Pour les citoyens américains, pour son propre camp, pour les jeunes loups de la politique, pour le pays et, enfin, ses alliés.

Pourtant, des filets de perche, même à Morges, c'était pas si mal comme idée pour célébrer une longévité.

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