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Vos vacances vont coûter moins cher, mais c'est une mauvaise nouvelle

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La valeur de l'euro par rapport au franc suisse est en baisse. La crainte d'une nouvelle crise de l'euro se répand.
25.08.2022, 06:1025.08.2022, 12:32
Niklaus Vontobel / ch media
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L'euro s'affaiblit à nouveau. Lundi, il est tombé à un niveau historiquement bas face au franc suisse. Un euro coûtait moins de 96 centimes. Des questions se posent: jusqu'à quel point cette monnaie sera-t-elle faible? Pourquoi perd-elle de la valeur? Pourquoi chute-t-elle aussi par rapport au dollar? Et surtout, est-ce qu’une nouvelle crise de l'euro menace?

Lors de la dernière, la monnaie unique européenne a chuté si rapidement que le président de la Banque nationale suisse (BNS) de l'époque, Philipp Hildebrand, a dû introduire un cours minimum par rapport à l'euro. Dans un communiqué de presse, on pouvait lire, en 2011: «La surévaluation massive actuelle du franc suisse constitue une menace aiguë pour l'économie suisse». Mais pourquoi parle-t-on à nouveau d'une crise de l'euro ? Analyse.

Jusqu'où l'euro va-t-il descendre?

Les économistes de la Banque cantonale de Zurich ont écrit, mardi, que l'euro se trouvait «dans une descente apparemment sans fond». Les stratèges de la banque américaine Goldman Sachs pensent, en revanche, avoir identifié un plancher, mais qui est encore bien plus bas qu'actuellement. Selon les banquiers américains, l'euro pourrait bientôt ne coûter qu’entre 88 et 93 centimes.

Der EU-Rechnungshof hat festgestellt, dass in der EU 4 Milliarden Euro falsch verbucht worden sind. (Symbolbild)
Une crise de l'euro pourrait avoir des répercussions négatives sur l'économie suisse.image: sda

Pourquoi l'euro s'affaiblit-il par rapport au franc suisse?

Un cours inférieur à 90 centimes serait une perte de valeur considérable. En juin, 1 euro valait encore 104 centimes. La BNS a alors surpris en augmentant son taux directeur, alors que la Banque centrale européenne (BCE) attendait encore. Placer de l'argent en francs était donc plus intéressant qu'en euros. Depuis lors, la monnaie européenne s'est affaiblie.

Bientôt, l'euro aura perdu jusqu'à 15% de sa valeur si le scénario des banquiers de Goldman se réalise. Cela donnerait raison à la déclaration de Peter Spuhler. Le patron de Stadler Rail avait vivement critiqué la hausse des taux d'intérêt de la BNS:

«Je ne sais pas ce qu'ils ont fumé»
Peter Spuhler

Pourquoi l'euro s'affaiblit-il aussi par rapport au dollar?

L'euro n'a jamais été aussi bon marché par rapport au dollar américain depuis 20 ans. Selon les prévisions des banques américaines, il pourrait bientôt atteindre 95 centimes. Dès l'été, on a donc vu se multiplier aux Etats-Unis des titres de journaux comme celui-ci:

«Où voyager en Europe tant que le dollar est fort?»

C'est aussi vrai pour vous. En effet, vous êtes plus riche qu'avant quand vous dépensez votre argent dans la zone euro.

Les perspectives économiques, pour les Etats-Unis et pour la zone euro, qui diffèrent, en sont la cause. L'économie américaine se porte plutôt bien, le marché de l'emploi est même en plein essor, mais l'inflation est nettement plus élevée que ne le souhaiterait la banque centrale, la Fed. Elle va donc probablement continuer à augmenter ses taux directeurs afin de refroidir la consommation et, espérons-le, de faire baisser l'inflation. Dans la zone euro, en revanche, la situation est beaucoup plus délicate.

D'une part, l'inflation est beaucoup trop élevée, c'est pourquoi la BCE devrait augmenter sensiblement ses taux directeurs. D'autre part, une récession menace si la hausse des prix de l'énergie étouffe la consommation.

Selon les indicateurs avancés, l'Allemagne et la France sont déjà entrées en récession. La BCE ne devrait donc pas peser davantage sur l'économie. Face à ce dilemme, la BCE augmentera ses taux directeurs moins que ne le fera la Réserve fédérale américaine, c'est du moins ce que pense le marché financier. C’est cette anticipation qui affaiblit l'euro.

Pourquoi parle-t-on d'une «nouvelle crise de l'euro»?

La dernière crise de l'euro a été virulente de 2010 à 2012, lorsque certains pays du sud de l'Europe ont subi la crise de la dette. L'Italie, la Grèce ou l'Espagne devaient alors payer des taux d'intérêt toujours plus élevés pour pouvoir s'endetter sur les marchés financiers. Les Etats étaient menacés de faillite.

epa08780704 Philipp Hildebrand, a former head of the Swiss Central Bank, speaks at a press conference in Bern, Switzerland, 28 October 2020. The Swiss government has nominated Hildebrand as candidate  ...
Philipp Hildebrand, alors président de la BNS, a introduit un taux plancher par rapport à l'euro en 2011.image: keystone

A la suite de cette crise, la zone euro semblait même se désintégrer. L'euro s'est effondré par rapport au franc, si bien que la BNS, sous la direction de son président de l'époque, Philipp Hildebrand, a dû introduire un cours plancher.

Dix ans plus tard, les mêmes taux d’intérêt augmentent à nouveau. L'Italie en particulier doit payer plus. Les médias se demandent déjà si l’Italie va déclencher une nouvelle crise de l’euro. L'augmentation des intérêts payés serait une charge considérable pour le pays. Et lorsqu'une réunion spéciale a été convoquée, en juin, par la directrice de la BCE, Christine Lagarde, on pouvait lire dans Bild-Zeitung:

«Lagarde craint la fragmentation de la zone euro»

Pourquoi la BNS n'est-elle pas intervenue depuis longtemps?

En 2011, lorsque l'euro valait à peine plus de 102 centimes, la BNS est intervenue et a imposé un cours plancher par rapport à l'euro. Elle a certes supprimé ce taux plancher en 2015, mais elle a ensuite soutenu l'euro et l'a longtemps maintenu aux alentours de 110 centimes. Aujourd'hui, elle a laissé tomber l'euro en dessous de 96 centimes. On peut alors se demander pourquoi la BNS laisse désormais faire les choses. Cela s'explique en partie par l'inflation.

Voici l'évolution du prix d'un euro en francs suisses:

Image
source: ezb, graphique: stb

En effet, les produits et services suisses deviennent plus chers lorsque l'euro baisse. En même temps, ils sont devenus moins chers, en comparaison, depuis 2011, car les prix ont moins augmenté en Suisse que dans la zone euro. Il y a donc deux effets à mettre en balance.

Par exemple, en raison de l'affaiblissement de l'euro, les forfaits de ski suisses seront plus chers que les forfaits autrichiens l’hiver prochain. Mais en même temps, depuis 2011, les remontées mécaniques autrichiennes ont augmenté le prix de leurs forfaits beaucoup plus que leurs concurrents suisses.

Depuis la fin de la crise du Covid, ces deux effets se sont à peu près équilibrés. La différence d’inflation d’une part et l’affaiblissement de l’euro d’autre part se compensent. Mais entre-temps, l'euro est devenu trop faible, a écrit cette semaine Thomas Stucki, Chief investment officer de la Banque cantonale de Saint-Gall.

Si les choses restent ainsi jusqu'au printemps, l’affaiblissement de l'euro se répercutera sur le marché des affaires des entreprises suisses. A ce moment-là, l'économie demandera à la BNS d'en faire plus. «Mais nous ne savons pas où se situe la limite pour la BNS, c’est-à-dire à partir de quel cours de l'euro elle ne laissera plus les choses suivre leur cours», a déclaré Thomas Stucki.

Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz.

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