Selon Christian Mougenot, délégué de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) GE steam power à Belfort, 300 postes sont menacés en Europe dans le cadre de cette acquisition.
Après de longs pourparlers, les deux groupes ont signé «un accord définitif pour l'acquisition par EDF des activités de GE steam power portant sur l'îlot conventionnel» des futures centrales nucléaires, françaises en particulier, dont les turbines constituent l'élément principal, a annoncé EDF dans un communiqué.
«Les turbines à vapeur de GE steam power peuvent notamment équiper les réacteurs de technologie EPR et EPR2 (réd: European pressurized reactor) ainsi que les SMR (réd: Small modular reactor)», a détaillé l'énergéticien.
Cette transaction permettra à EDF «de maîtriser les technologies et les compétences relatives à l'ilot conventionnel des centrales nucléaires, essentielles pour la pérennité du parc nucléaire existant et les futurs projets», fait valoir le groupe.
Alors que le besoin d'électricité va croître pour permettre au pays de s'extraire des énergies fossiles, Paris soutient la construction de six réacteurs EPR de nouvelle génération, avec une option pour huit autres, parallèlement à l'essor des énergies renouvelables, solaire et éolien marin d'abord.
La réalisation de l'acquisition est «envisagée au second semestre 2023», après levée des conditions suspensives habituelles et l'obtention des autorisations réglementaires requises.
L'annonce de cet accord survient deux jours après la présentation en conseil des ministres d'un projet de loi visant à accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.
En février, les deux groupes avaient synchronisé l'annonce d'un «accord d'exclusivité» préalable avec la présentation à Belfort par le président Emmanuel Macron de la stratégie énergétique de la France, là même où sont fabriquées les gigantesques turbines Arabelle. Ces turbines équipent les centrales françaises, utilisant la vapeur d'eau issue des réacteurs nucléaires pour faire tourner les alternateurs qui produisent l'électricité.
La vente en 2015 des activités qui formaient la branche énergie d'Alstom à l'américain General electric, lorsque Emmanuel Macron était ministre de l'Economie, avait suscité d'intenses polémiques.
L'annonce intervient également alors qu'EDF est en plein processus de renationalisation, une opération à 9,7 milliards d'euros, lancée le 4 octobre par l'Etat afin de relancer un vaste programme nucléaire après une année noire pour le groupe.
L'énergéticien fait face à une baisse de sa production électrique, à un niveau historiquement bas en raison de l'indisponibilité de près de la moitié des 56 réacteurs du parc nucléaire, à l'arrêt pour des maintenances prévues ou des problèmes de corrosion soupçonnés ou avérés.
Le groupe a revu jeudi soir une nouvelle fois à la baisse son estimation de production nucléaire pour l'année 2022, en raison notamment d'un arrêt plus long que prévu de quatre réacteurs.
Prenant acte de l'accord, les Confédérations générales du travail (CGT) de l'énergie et de la métallurgie ont exigé vendredi «la clarification du projet industriel que souhaite porter le groupe EDF avec GE steam en son sein». Elles entendent aborder «ces questions stratégiques essentielles dès la prise de fonction du futur PDG, Luc Rémont (...), dont la nomination est en cours de finalisation».
Lors de la vente controversée en 2014 de la branche énergie d'Alstom à GE, celui-ci conseillait Alstom comme banquier à Bank of America Merrill Lynch. (chl/ats)