Il a permis d'affronter la pandémie, d'éviter des hausses catastrophiques du chômage et il s'achève définitivement ce jeudi. Lui, c'est le programme de chômage partiel britannique.
Prévu pour aider les travailleurs les plus jeunes à amortir le choc de la pandémie, particulièrement nombreux dans la distribution ou l'hôtellerie-restauration, le programme de chômage partiel britannique concerne aujourd'hui davantage des salariés plus âgés.
Quelques chiffres pour comprendre l'ampleur de ce programme:
La fin du programme ne sera donc pas sans conséquence: au premier rang desquelles la suppression de nombreux emplois. Un constat confirmé par le centre de réflexion Institute for Fiscal Studies (IFS).
Qui plus est, cette augmentation du nombre de chômeurs se produirait en même temps que la baisse des minimas sociaux, constate Daniel Tomlinson, économiste du centre de réflexion Resolution Foundation.
Le taux de chômage se situait à 4,6% en juillet. Fin 2020, il atteignait un sommet à 5,2%. Avant la pandémie, il se maintenait un peu en dessous de 4%.
270 000 personnes sont touchées. Parmi elles:
Parmi ces personnes, la moitié vit dans un foyer où seul un adulte travaille. Elles pourraient donc se retrouver en situation très précaire.
A la fin de ce soutien financier et à la baisse des minimas sociaux s'ajoute encore une hausse des prix de l'énergie de 12% au 1er octobre. Cela pourrait aggraver les risques de voir les plus vulnérables basculer dans l'extrême pauvreté.
Cette conjonction de facteurs risque même de créer une «crise massive» qui verra le nombre de sans-abris augmenter dans le pays, selon le magazine The Big Issue, dont les recettes sont destinées à aider les personnes pauvres ou sans domicile fixe.
Toutefois, certains économistes relativisent la «catastrophe» à venir. Paul Dates de Capital Economics estime que la fin du chômage partiel:
Selon lui, après une hausse du chômage en octobre, il pourrait bien connaître une nouvelle baisse au mois de novembre. L'arrêt du dispositif «pourrait également aider à améliorer une partie des pénuries de main d'œuvre» auxquelles fait face le pays en ce moment.
Les manques importants de travailleurs dans certains secteurs freinent la reprise au Royaume-Uni. Il a perdu de l'élan avec une hausse du produit intérieur brut (PIB) de seulement 0,1% en juillet.
Chiffre record: Le pays dénombre plus d'un million d'emplois vacants.
L'arrivée de nouveaux chômeurs sur le marché du travail ne résoudrait pas les pénuries de main d'œuvre, selon les organisations professionnelles britanniques. Et ce, même si les secteurs qui manquent de bras proposent des augmentations de salaire.
Pourquoi? Les salariés voulant se reconvertir auraient avant tout besoin de temps.
Exemple emblématique: les chauffeurs de poids lourds. Il en manquerait 100 000 dans le pays, en raison notamment de la pandémie et du Brexit. Conséquences? Des problèmes d'approvisionnement de plus en plus critiques dans tous les secteurs de l'économie britannique.
Mais pour les nouveaux prétendants aux postes, «la conduite d'un camion est un travail qualifié (...) et il n'y a tout simplement pas assez de capacité de tests de conduite pour augmenter rapidement le nombre de chauffeurs», résume Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown.
Pour résoudre le problème, le gouvernement conservateur s'est finalement résolu samedi à amender sa politique d'immigration post-Brexit et accordera jusqu'à 10 500 visas de travail. Toutefois, pour une durée de trois mois, et seulement pour les chauffeurs routiers ou le secteur de la volaille (dont on vous expliquait en détails le pourquoi du comment), où le manque de bras était le plus criant. (mbr/ats)