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Interview

Le CEO de Femsa évoque ses plans européens avec Valora

Valora possède près de 60 filiales de Brezelkönig.
Valora possède près de 60 filiales de Brezelkönig.image: keystone
Interview

Pourquoi un Mexicain vient chasser chez Coop et Migros? La réponse du patron

Daniel Rodriguez est le CEO de Femsa. Cette entreprise mexicaine, qui compte 320 000 employés et 25 000 filiales, s'apprête à prendre d'assaut le marché européen. Premier objectif: le rachat la société suisse Valora qui possède bon nombre d'enseignes dans les gares suisses. L'homme ne cache pas ses ambitions.
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08.07.2022, 05:5115.07.2022, 09:16
Benjamin Weinmann / ch media
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Avez-vous déjà fait des achats dans un magasin Kiosk, en Suisse?
Daniel Rodriguez: Bien sûr. Mon dernier achat, c'était un sandwich et un journal. Dès que je voyage en Europe, j'achète un journal... allemand. Je suis allé dans une école allemande quand j'étais au Chili.

Pourtant, il y a de moins en moins de journaux imprimés dans les magasins Kiosk...
C'est possible, je suis un peu old school, j'aime les journaux papier. Mais il est certain que Valora doit s'adapter aux habitudes des consommateurs et que les gens consultent désormais les infos plutôt en ligne.

Daniel Rodriguez, CEO de Femsa, a ouvertement pour ambition d'étendre ses activités en Europe.
Daniel Rodriguez, CEO de Femsa, a ouvertement pour ambition d'étendre ses activités en Europe. image: dr

L'offre de rachat de Valora a surpris de nombreuses personnes dans votre branche. Qu'est-ce que le commerce de détail suisse a en commun avec son homologue mexicain?
Il s'agit de répondre à la demande du client, et ce dans les deux pays.

«Au Mexique, on mange plutôt des tacos. En Suisse, des bretzels et des sandwiches»
Daniel Rodriguez

Mais le besoin pratique de produits de type «convenience», soit les produits emballés dans du plastique et à consommer en chemin, est le même.

Pourquoi vous êtes-vous décidé pour le marché suisse? Vous ne craignez pas de vous frotter au duopole helvétique Migros-Coop, qui domine le marché?
Non. Nous sommes habitués à la concurrence, nous ferons face à ces rivaux comme aux autres. Valora a su montrer qu'elle pouvait s'imposer sur le marché et devrait dépasser ces deux détaillants dans le domaine de la «convenience».

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Femsa affiche l'ambition d'ouvrir 300 points de vente en plus en cinq ans.Image: keystone

Valora compte environ 2700 points de vente, principalement dans les gares suisses. Vous espérez faire augmenter la croissance de l'entreprise, comment comptez-vous vous y prendre?
Nous souhaitons ouvrir de nouveaux magasins sur les marchés existants en Suisse, mais aussi nous implanter dans de nouveaux pays. Valora est notre porte d'entrée pour le marché européen et nous avons des plans de croissance. Toutefois, nous n'avons pas fixé d'objectifs chiffrés précis...

«Le chiffre de 3000 points de vente de Valora en Suisse est réaliste»
Daniel Rodriguez

... à l'exception des 3000 points de vente que vous avez annoncé vouloir atteindre en cinq ans. Est-ce réaliste?
Oui, bien sûr, nous pourrions même atteindre ce chiffre plus tôt que prévu. Nous pensons à ouvrir de nouvelles enseignes, mais aussi récupérer des points de vente déjà existants. Cela veut aussi dire que nous allons créer de l'emploi. En Amérique du Sud, nous ouvrons 1000 shops qui emploient cinq employés chaque année. Cela fait 5000 places de travail annuelles en plus.

Aussi en Suisse?
Bien sûr, si l'occasion se présente. Ce qui est vrai, c'est que le marché suisse de la «convenience» est quasiment saturé. Mais en Allemagne, il y a encore de la marge à ce niveau et nous y voyons un plus grand potentiel de croissance.

Les enseignes Avec font également partie du portefeuille de Valora.
Les enseignes Avec font également partie du portefeuille de Valora.image: keystone

Avez-vous prévu de lancer des marques mexicaines en Suisse, comme les magasins Oxxo?
Pas vraiment. Nous voulons garder les formats locaux bien connus et qui appartiennent à Valora. C'est avec ceux-ci que nous comptons devenir leaders du marché en Europe.

Et dans l'autre sens? Verra-t-on des Brezelkönig apparaître au Mexique?
Pourquoi pas? Nous gardons toutes nos options ouvertes. Au Mexique, et encore plus dans d'autres pays d'Amérique du Sud, une bonne partie de la population a des origines allemandes et pourrait apprécier ces produits.

«Nous préférons nous attaquer au marché de la "convenience" en Europe plutôt qu'aux Etats-Unis»
Daniel Rodriguez

Les plus critiques vous diront pourtant que le deal n'a pas l'air très solide: les synergies ne sont pas vraiment visibles et Femsa n'a pas encore de présence en Europe.
Je ne vois pas les choses comme ça. En Amérique du Sud, notre présence est forte et nous sommes prêts à franchir une étape supplémentaire dans notre activité principale. Nous avons aussi analysé le marché de la «convenience» aux Etats-Unis, mais cela ne concerne quasiment que des stations-service, ce qui n'est pas dans nos compétences. Nous préférons les magasins situés dans des endroits comme les gares, là où les gens circulent quotidiennement et consomment en déplacement. C'est ce que nous offre Valora. Avec nos savoir-faire respectifs, nous pouvons mutuellement tirer profit de ce deal.

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