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Suisse: il faut se méfier des crédits à la consommation en 2024

Pourquoi il faut se méfier des crédits à la consommation en Suisse

Au début de l'année, les intérêts débiteurs maximaux ont augmenté pour les crédits. Pourquoi cela peut vite faire mal au porte-monnaie? Et comment éviter le piège de l'endettement? Explications.
31.01.2024, 14:56
Ann-Kathrin Amstutz / ch media
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Elle est l'égérie de la banque Cembra: l'ex-miss et présentatrice Christa Rigozzi fait depuis des années de la publicité pour les crédits à la consommation avec des slogans comme «Quand un crédit fait sens» ou «Ton crédit: simplement Cembra». Les affiches suggèrent qu'il est facile de s'offrir une nouvelle voiture ou un appartement plus cher.

A bill poster of the advertising company APG|SGA attaches a poster, in Lausanne, Switzerland, on May 29, 2015. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)

Ein Plakatkleber der Werbefirma APG|SGA befestigt ein Plaka ...
Image: KEYSTONE

Mais un tel crédit n'est possible qu'en échange d'intérêts débiteurs élevés, qui peuvent rapidement creuser un trou dans le porte-monnaie. Et depuis le début de l'année, le danger s'est même aggravé.

«Les prêts seront plus chers»

Le 1er janvier 2024, la Confédération a en effet augmenté d'un point de pourcentage les taux d'intérêt maximaux pour les crédits à la consommation. Les banques peuvent désormais exiger des intérêts jusqu'à 12% pour les crédits de caisse (souvent appelés aussi crédits privés). Et pour les crédits à découvert, par exemple lorsque le solde du compte est inférieur à zéro après des paiements par carte de crédit, ce taux peut même atteindre 14%.

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Pour les prêts déjà en cours, le taux d'intérêt reste le même. Mais pour les nouveaux prêts ou ceux qui doivent être renouvelés, les taux devraient augmenter. C'est ce que prévoit Pascal Pfister, secrétaire général de Dettes Conseils Suisse. Il affirme:

«Je pars du principe que les prêteurs vont adapter leurs taux d'intérêt à la hausse. Dans l'ensemble, les prêts seront donc plus chers».

Selon lui, les taux d'intérêt maximaux sont trop élevés. Ils résultent du taux d'intérêt Saron comme base, plus une majoration de 10 points de pourcentage. Pascal Pfister s'insurge contre cette majoration:

«Les prêteurs font des bénéfices importants et très peu de crédits font défaut en Suisse. Compte tenu du faible risque, la majoration est trop élevée».

Il estime également que la politique a la responsabilité de veiller à ce que les intérêts débiteurs soient raisonnables.

Plus le crédit est long, plus la facture est salée

Certains fournisseurs de crédit ont déjà adopté les nouveaux taux d'intérêt maximaux. Ainsi, les taux d'intérêt possibles auprès de la Bank Now, filiale du Credit Suisse, s'échelonnent de 6,9 à 11,9%, les propriétaires de logements pouvant bénéficier d'un taux préférentiel à partir de 5,9%. Chez Cembra, les taux vont même de 7,95% à 11,95%.

La Banque Migros propose des conditions nettement plus avantageuses. Ici, les taux d'intérêt annuels se situent entre 4,9 et 7,9%. Ainsi, même le taux maximal est encore plus bas que le taux minimal chez Cembra.

Les taux de Cembra sont-ils si élevés parce qu'ils impliquent des risques plus importants? Sur demande, la banque explique qu'elle attache de l'importance à «l'octroi de crédits professionnels et responsables». Depuis de nombreuses années, le taux de pertes est «très bas, même en période économiquement difficile». Au premier semestre 2023, il était de 0,7%.

Cembra défend également les taux d'intérêt plus élevés: «le contexte exigeant en matière de taux d'intérêt» a entraîné une nette augmentation des coûts de financement. Le relèvement du taux d'intérêt maximal contribue à atténuer quelque peu cette hausse.

Le coût final pour les emprunteurs dépend aussi en grande partie de la durée du crédit. Les longues durées semblent certes séduisantes, car les mensualités diminuent. Mais plus le crédit est long, plus la facture est salée. Les prestataires proposent des durées très longues, allant jusqu'à six ans (Cembra), voire sept ans (Bank Now et Banque Migros). Il vaut donc la peine de faire attention aux taux d'intérêt lors du choix du prestataire et de choisir une durée la plus courte possible.

Crédits à la consommation répandus en Suisse

En Suisse, les crédits à la consommation sont très répandus. Fin 2022, près de 358 000 crédits à la consommation étaient en cours dans toute la Suisse, comme le montrent les chiffres de la Centrale d'information de crédit (ZEK). Cela correspond à une somme totale de 8,4 milliards de francs — un nouveau record.

Les données de la ZEK permettent une comparaison à long terme depuis le début du millénaire. Il en ressort que le nombre de crédits à la consommation octroyés a eu tendance à diminuer au cours des 15 dernières années. Mais le montant moyen des prêts a fortement augmenté – d'environ 16 500 francs en 2008 à environ 23 500 francs en 2022.

6% de la population est endettée

On ne sait pas combien d'emprunteurs ne pourront pas rembourser leurs dettes dans un avenir proche et seront donc considérés comme surendettés. Selon l'Office fédéral de la statistique, 15% des ménages se débattent avec des retards de paiement. L'agence privée de renseignements économiques Crif calcule, sur la base des poursuites connues, un taux d'endettement de 6% de la population.

La plupart des personnes qui cherchent conseil auprès de Dettes Conseils Suisse ont des dettes fiscales (76%). Les primes d'assurance maladie (59%) et les frais de santé (27%) sont également un gros piège à dettes. Mais les crédits à la consommation occupent les quatrième et cinquième places: pour 23%, il s'agit de crédits en espèces, pour 22% de dettes de cartes de crédit. Dans le service de conseil en matière de budget et d'endettement d'Argovie-Soleure, près de deux personnes sur cinq se battent également avec des crédits ouverts.

Selon Pascal Pfister, les crédits à la consommation sont encore plutôt sous-représentés dans ces statistiques. De nombreuses personnes à faible revenu et ayant des dettes multiples viennent consulter. Celles-ci échoueraient souvent aux examens de solvabilité et ne devraient même pas obtenir de crédit à la consommation. Il explique:

«L'endettement par le biais de crédits est plutôt un sujet qui concerne la classe moyenne»

Pascal Pfister souligne qu'il est toujours plus avantageux de payer les investissements avec l'argent épargné plutôt qu'à crédit. Mais si l'on veut emprunter de l'argent, par exemple pour une nouvelle voiture, le leasing est toujours préférable à un crédit. «Avec le leasing, on a une contre-valeur. Celui qui ne peut pas payer les mensualités doit simplement rendre la voiture.» Avec un crédit à la consommation, il n'y a pas de telle contrepartie – on reste plutôt sur ses dettes.

Pascal Pfister déconseille donc avec véhémence de couvrir les dépenses courantes ou un déficit dans le budget avec un crédit. Selon lui:

«C'est un mauvais calcul et cela ne vaut pas du tout la peine, d'autant plus que les crédits sont si chers»

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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