Que personne ne vienne dire que Bernard Arnault est près de ses sous. Le boss de LVMH, à la tête de Louis Vuitton, Dior, Moët et Chandon ou encore Tiffany, fait même preuve d'une certaine fibre sociale. L'homme le plus riche du monde selon Forbes a accordé une prime de 1500 euros aux employés ayant les salaires les plus bas. En 2022, son groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 80 milliards d'euros et un bénéfice net de 14 milliards d'euros.
Et Bernard Arnault n'est pas le plus généreux dans le domaine. Pour son concurrent, Hermès, les activités dans le domaine de la maroquinerie, des foulards et des sacs à main n'ont jamais été aussi bonnes en 2022. Le chiffre d'affaires a grimpé à 11,6 milliards d'euros et le bénéfice net à 3,4 milliards d'euros. Le bénéfice opérationnel permet ainsi une marge de 41%. Hermès versera donc à la fin du mois une prime de 4000 euros à ses presque 20 000 employés.
L'année dernière, l'enseigne parisienne de luxe avait déjà donné une augmentation de salaire de 6% ainsi que des primes sporadiques de 100 euros chacune. Avec d'autres primes de participation, les collaborateurs atteindraient au total 17 mois de salaire, selon Axel Dumas, directeur d'Hermès.
La tendance aux gratifications généreuses pour les collaborateurs n'est pas seulement connue dans le secteur du luxe. Dans des secteurs voisins, le groupe de cosmétiques L'Oréal offre 2000 euros à ses employés, le constructeur automobile Ferrari même 13 000 euros.
Les marques de luxe parisiennes nagent dans l'argent. Elles semblent intouchables. Et pour cause: ni l'augmentation des prix des matières premières, ni la politique du «zéro Covid» imposée par Pékin ne les auront écorchées.
Le groupe de luxe français Kering, qui comprend des noms comme Yves Saint-Laurent, Gucci ou Boucheron, a réalisé l'an dernier près d'un tiers de son chiffre d'affaires (20,4 milliards d'euros) et de son bénéfice (3,6 milliards d'euros) en Chine. Son président, François-Henri Pinault, s'est lui-même étonné la semaine dernière en rentrant de Shanghai: «J'ai eu l'impression qu'il n'y avait jamais eu de virus en Chine.»
Le fait que les marques de luxe les plus connues réalisent actuellement des performances supérieures à la moyenne s'explique notamment par leur pricing power, c'est-à-dire leur capacité à fixer elles-mêmes leurs prix et à les augmenter même en période de crise. L'institut spécialisé parisien Sup de Luxe écrit, par exemple, qu'un marketing sophistiqué permet d'augmenter les désirs de la clientèle aisée.
Et vu l'engouement pour des sacs à main comme le Birkin (d'Hermès) ou le Lady Dior (LVMH), ce n'est pas difficile de le constater. Même le «2.55» – un sac Chanel – a vu son prix augmenter de 25% ces derniers mois. Il coûtera bientôt 10 000 euros sur le site Internet de Chanel. En raison de l'augmentation du coût du cuir? En partie, mais surtout à cause de la demande.
Lors de la présentation des résultats d'exploitation, le patron de LVMH Bernard Arnault s'est dit très confiant quant au fait que la Chine reste la locomotive de l'activité luxe cette année. Et ce d'autant plus que les Chinois disposent de «quantités incroyables d'économies» épargnées durant le Covid.
Traduit de l'allemand par Anaïs Rey