Aïe, ça fait mal! Depuis le début de l'année, le prix de l'essence en Suisse a augmenté de près de 20 centimes par litre. Passer à la pompe en ce moment peut donc vite s'avérer douloureux pour notre porte-monnaie. Surtout que les tarifs du carburant avaient chuté au moment du premier semi-confinement avant de se stabiliser à un niveau particulièrement bas – parfois même en dessous de 1 franc 40 par litre – durant l'année 2020.
Mais la récréation est finie. Les prix ont repris l'ascenseur (dépassant même par endroits 1 franc 70) et le coupable est tout désigné: le vaccin contre le Covid:
«Le prix du pétrole a fortement augmenté, ce qui a entraîné une hausse des prix des produits que sont l'essence et le diesel», confirme Laurent Pignot, responsable communication du TCS. Au rang des explications, il met notamment en avant les prévisions des bourses mondiales qui prédisent que le succès des campagnes de vaccination entraînera une normalisation de la demande de pétrole dans les mois à venir.
Car le pétrole est une matière première que nous utilisons quotidiennement mais aussi un actif financier sur lequel certains spéculent, comme le rappelle Sergio Rossi, professeur d'économie à l'Université de Fribourg. Pariant que l'économie va retrouver des couleurs grâce à la vaccination, de grands acteurs financiers investissent donc dans le pétrole, espérant gagner de l'argent sur le moyen terme.
Conséquence de cette demande accrue, le prix du baril de Brent* a franchi la barre des 70 dollars (65 francs) en début de semaine, un seuil qui n'avait plus été atteint depuis près de deux ans. «Il suffit d'une annonce comme l'accélération des campagnes de vaccination pour faire rebondir le marché. Les acteurs financiers surréagissent à leurs émotions. Quand le moral est à la baisse, ils vendent, ce qui fait baisser les prix. À l'inverse, quand le moral est à la hausse, ils cherchent à racheter et les prix augmentent», explique Sergio Rossi.
A noter que d'autres facteurs influencent également le prix du pétrole brut, notamment les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, région représentant plus de la moitié des réserves connues dans le monde.
Au niveau helvétique, Sergio Rossi souligne le rôle joué par la hausse de 3,7 centimes de l'impôt sur l'essence entrée en vigueur le 1er janvier dernier.
De son côté, Avenergy Suisse met également en avant le poids des taxes – désormais environ 85 cts par litre au total – dans le prix à la pompe. L'organisation, qui représente les intérêts des importateurs de combustibles et carburants liquides, pointe, entre autres, la votation du 13 juin prochain concernant la nouvelle loi sur le CO2. «Si elle est acceptée, les prix des carburants pourraient augmenter de 10 à 12 centimes par litre. Ce serait une grande charge pour l'économie et pour la population.»
* Le baril de Brent est l'une des trois mesures de référence dans le domaine du pétrole. Notamment utilisée en Europe, elle porte le nom d'un gisement en mer du Nord exploité depuis les années 70.