La Russie a décidé de cacher, désormais, un tiers de ses dépenses budgétaires au grand public. Cet exercice de non-transparence montre à quel point une année de guerre contre l'Ukraine a redessiné les finances gouvernementales et les priorités économiques de Moscou.
En effet, les dépenses classifiées ou non spécifiées – autrement dit cachée –, ont explosé pour atteindre 2,4 billions de roubles (28 milliards de francs) au 24 mars. En clair, c'est plus du double par rapport à la même période l'année précédente, selon les estimations de Bloomberg. Pourtant, les plans établis pour 2023 par le Kremlin prévoyaient que cette part ne représente qu'un quart du budget cette année, toujours selon les calculs du média économique.
La hausse massive des dépenses classifiées indique que les dépenses liées à la guerre sont en hausse, a déclaré Alexandra Suslina, une économiste russe indépendante:
L'experte fait référence aux parties de l'est et du sud de l'Ukraine annexées par le président Vladimir Poutine en septembre dernier et que les forces ukrainiennes ont promis de reprendre.
Les frais liés à la défense et à la sécurité sont donc désormais le deuxième poste de dépenses le plus important du gouvernement, après les programmes sociaux. Cela témoigne de l'ampleur de l'engagement budgétaire pour l'effort de guerre qui, selon Poutine, n'aura «aucune limite», rapporte Bloomberg.
Or, d'après la loi sur le budget, c'est le président qui détermine quels programmes secrets seront adoptés et alloués dans le cadre des différents plans de dépenses. Des élus se réunissent lors de sessions législatives à huis clos pour examiner des dépenses sur lesquelles le public n'a aucune surveillance.
En plus d'afficher à quel point le fardeau de la guerre pèse sur les finances publiques russes, les statistiques montrent également que les dépenses pour la défense ont augmenté considérablement. En effet, celles pour l'éducation et les soins de santé n'ont connu qu'une légère augmentation par rapport à l'année précédente, tandis que celles pour l'économie et les programmes sociaux sont restées constantes. 👇
Les dépenses de guerre de Poutine risquent de continuer à grimper, analyse Bloomberg, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes sur l'économie russe. En effet, le déficit budgétaire prévu – pour l'instant – en 2023 est de 3 à 4% du produit intérieur brut. Il ne faut pas douter qu'avec sa guerre contre l'Ukraine, le gouvernement russe prévoit d'augmenter considérablement les dépenses militaires.
La situation économique de la Russie pourrait donc être encore plus grave que ce qui a été annoncé de source officielle. Bien que les responsables aient expliqué que le déficit budgétaire record était dû aux paiements anticipés pour soutenir les entreprises et l'économie, les données montrent que l'augmentation la plus importante a été consacrée à la défense et aux transferts vers les régions. (jah)