Tout, ou presque, a désormais été dit et analysé autour du drame du Titan. L'engin a implosé lors d'une visite autour du Titanic avec ses cinq passagers, dont une partie des restes ont été découverts autour des débris repêchés de l'appareil.
Pourtant, de nouveaux éléments viennent expliquer ce qui s'est passé durant les dernières minutes de la vie des passagers. Selon José Luis Martín, un officier espagnol de la marine marchande également ingénieur et spécialisé en sous-marins, le moment qui a précédé l'implosion a laissé à l'équipage le temps de comprendre qu'il plongeait vers son funeste destin.
Il explique dans les colonnes du média Nius que l'engin n'aurait en effet pas implosé d'un coup, mais après une «chute libre» terrible de près d'une minute dans les profondeurs. C'est cette descente (trop) rapide qui aurait provoqué la rupture de la coque.
Selon le Huffington Post, qui a traduit l'article original de l'espagnol, le début de la descente se passe pourtant comme prévu. Jusqu'à ce que la communication avec le bateau à la surface soit coupée. Pour l'ingénieur, il n'y a qu'une seule explication possible: une panne de courant.
«Position horizontale»: ces deux mots sont ici essentiels. Car la panne provoque aussi l'arrêt des petits moteurs de l'engin, conçus en forme de cylindre. Et ceux-ci ne lui permettent pas seulement de plonger dans les profondeurs, mais aussi de rester stable à l'horizontale.
La situation devient d'autant plus délicate que les cinq passagers du Titan pèsent au total près de 400 kilos. Au fur et à mesure que l'appareil s'incline, ses passagers se seraient retrouvés les uns sur les autres. Et l'appareil a fini par plonger tout droit à la verticale.
A ce point-là, l'horreur ne fait que commencer. L'appareil plonge à pic, à une vitesse beaucoup trop élevée. Et dangereuse. En effet, comme lors d'une chute libre, le petit sous-marin cylindrique accélère lors de sa descente.
L'équipage savait-il à ce moment-là qu'il allait droit vers sa mort, ou espérerait-il que l'engin allait se redresser? Les navigateurs les plus expérimentés, comme l'aventurier britannique Hamish Harding ou le sous-marinier français Paul-Henri Nargeolet ont-ils compris que leur chute rapide risquait de provoquer un effondrement de la coque de l'engin?
Les sous-marins doivent descendre à une certaine vitesse pour gérer la pression croissante sur l'appareil. Une descente trop rapide met en danger la sécurité physique de la coque. Comme l'indiquait un expert suisse dans nos colonnes il y a quelques semaines:
La chute ne pouvait donc se terminer autrement que par un drame. Elle aurait duré, estime José Luis Martín, de 48 à 71 secondes. Une longue minute durant laquelle les passagers auront été entassés les uns sur les autres, écrasés, dans l'obscurité et la panique.
Selon le scientifique espagnol, un petit levier présent dans le sous-marin, s'il avait été actionné, aurait pourtant permis au sous-marin de remonter à la surface. Mais il n'a jamais été actionné. Que s'est-il passé? Les cinq hommes étaient-ils entassés et écrasés les uns sous les autres de telle manière que le levier n'a pas pu être atteint?
Puis, l'inévitable se produit. L'appareil continue d'accélérer et passe le point où sa coque ne peut plus supporter le changement trop rapide de pression. Celle-ci augmente «non pas progressivement, mais instantanément»: l'engin implose. Tuant ses cinq occupants.
Selon les calculs de l'ingénieur, qui a pris en compte l'accélération de l'engin en fonction de son poids et la pression croissante sur celui-ci, cela est arrivé entre 800 et 900 mètres plus bas, à environ 2600 mètres de profondeur. Les débris auront ensuite coulé jusque vers l'épave du Titanic, à 4000 mètres de profondeur.
(acu)