5 morts à la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan
Cinq personnes ont été tuées jeudi dans des tirs à la frontière entre Afghanistan et Pakistan que chaque pays a imputés à l'autre, au moment où ils tentent pourtant de concrétiser une trêve qui avait ramené le calme dans la région.
D'après Islamabad, ce cessez-le-feu est «intact», bien que le gouvernement taliban a fait état de brefs tirs dans l'après-midi à Spin Boldak, ville afghane accolée à la frontière.
«Alors qu'un troisième cycle de négociations avec la partie pakistanaise a débuté à Istanbul, malheureusement les forces pakistanaises ont de nouveau ouvert le feu sur Spin Boldak», a accusé Zabihullah Mujahid, porte-parole du gouvernement taliban.
Kaboul «n'a pas encore riposté, par respect pour l'équipe de négociateurs et pour empêcher la perte de vies civiles», a-t-il poursuivi, dans un communiqué.
Cinq personnes – quatre femmes et un homme – ont été tuées côté afghan, a rapporté à l'AFP un responsable de l'hôpital de district de Spin Boldak.
Une source militaire afghane, s'exprimant sous couvert d'anonymat – n'ayant pas l'autorisation de s'exprimer auprès des médias – a indiqué que le Pakistan avait «utilisé des armes légères et lourdes et visé des zones civiles».
Le ministère pakistanais de l'Information a répliqué:
Estimant que le cessez-le-feu restait «intact», la source a ajouté:
Le ministère a écrit sur X:
La province afghane de Kandahar, où se trouve Spin Boldak, a fait état d'un retour au calme, après des tirs ayant duré dix à quinze minutes, selon des témoins contactés par l'AFP.
Les tirs sont intervenus le jour de la reprise de négociations en Turquie, censées concrétiser une trêve approuvée le 19 octobre au Qatar, qui a mis fin à une semaine d'affrontements meurtriers.
Les discussions ont abouti à une impasse la semaine dernière à Istanbul lorsqu'il s'est agi de finaliser les contours du cessez-le-feu, chacun accusant l'autre de ne pas être de bonne volonté dans ce processus.
Chacun a aussi mis en garde contre une reprise des hostilités en cas d'échec.
D'après la Turquie, qui assure la médiation avec Doha, ce nouveau rendez-vous doit permettre d'établir «un mécanisme de suivi et de vérification garantissant le maintien de la paix et l'application de sanctions à la partie qui la viole».
D'après l'ONU, cinquante civils ont été tués du côté afghan de la frontière en octobre. Au moins cinq personnes sont mortes à Kaboul dans des explosions.
L'armée pakistanaise a de son côté indiqué que 23 de ses soldats avaient été tués, sans évoquer de victimes civiles.
Au coeur des tensions bilatérales récurrentes: des questions sécuritaires, les deux pays s'accusant mutuellement de soutenir des groupes armés visant le territoire de l'autre, en traversant une longue frontière très poreuse.
Confronté à une résurgence d'attaques contre ses forces de sécurité, Islamabad veut de son voisin afghan des garanties qu'il arrêtera de soutenir ces organisations armées, en tête desquelles les talibans pakistanais (TTP), que Kaboul dément abriter.
Le gouvernement taliban veut que la souveraineté territoriale de l'Afghanistan soit respectée.
Islamabad accuse aussi les autorités talibanes d'agir avec le soutien de l'Inde, son ennemi historique, sur fond de rapprochement entre les deux pays. (ats/afp)
