Au Rwanda, la musique ne sera pas autorisée dans les lieux publics, ni à la radio. Evénements sportifs et films seront interdits de diffusion à la télévision, sauf s'ils sont liés aux commémorations.
Les commémorations officielles débutent ce dimanche 7 avril, jour des premières tueries de ce qui deviendra le dernier génocide du XXe siècle. Il a fait 800'000 morts, majoritairement dans la minorité tutsi, mais aussi des Hutu modérés.
Le président Paul Kagame – chef du Front patriotique rwandais (FPR) qui a renversé le régime génocidaire hutu en juillet 1994 – a allumé une flamme du souvenir au Mémorial de Gisozi, à Kigali.
Peu de temps auparavant, aux côtés notamment du président congolais Denis Sassou-Nguesso et du chef de l'Etat sud-africain Cyril Ramaphosa, Paul Kagame s'est recueilli devant une gerbe de fleurs, en hommage aux victimes des massacres.
Il doit également prononcer un discours dans une arène de 10'000 places, où les Rwandais organiseront plus tard une veillée aux chandelles.
Plusieurs personnalités politiques participeront à la cérémonie:
A l'occasion de cet anniversaire, le président français Emmanuel Macron, qui avait déjà reconnu en 2021 les «responsabilités» de la France dans le génocide de 1994, a fait un pas supplémentaire:
Le président français doit s'exprimer ce dimanche par une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Les tueries du printemps 1994 ont été déclenchées au lendemain de l'attentat contre l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana, dans une frénésie de haine alimentée par une virulente propagande anti-Tutsi.
Trois mois durant, l'armée, les milices Interahamwe (bras armé du régime génocidaire hutu), mais aussi de simples citoyens massacreront, avec fusils, machettes ou gourdins, les Tutsi, appelés par leurs bourreaux «Inyenzi» («cafards» en langue kinyarwanda), et des opposants hutu.
Le carnage prend fin lorsque la rébellion tutsi du FPR s'empare de Kigali le 4 juillet, déclenchant un exode de centaines de milliers de Hutu vers le Zaïre voisin (aujourd'hui République démocratique du Congo).
La communauté internationale avait été vivement critiquée pour son inaction avant et durant le génocide. Paris, qui entretenait des relations étroites avec le régime hutu quand le génocide a commencé, a longtemps été accusé de «complicité» par Kigali.
Après des décennies de tensions, allant jusqu'à une rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali entre 2006 et 2009, un rapprochement a été permis entre les deux pays à l'issue de la mise en place d'une commission par Emmanuel Macron qui a conclu en 2021 à des «responsabilités lourdes et accablantes» de la France, tout en écartant la complicité.
Depuis 30 ans, le Rwanda mène un travail de réconciliation, avec notamment la création en 2002 de tribunaux communautaires, les «gacaca» où les victimes pouvaient entendre les «aveux» des bourreaux.
La justice a également joué un rôle majeur mais selon Kigali, des centaines de personnes suspectées d'avoir participé au génocide sont toujours en liberté, notamment dans les pays voisins, comme la République démocratique du Congo (RDC) et l'Ouganda.
Des organisations de défense des droits humains, dont Amnesty et Human Rights Watch, ont appelé à l'accélération des poursuites contre les responsables du génocide.
(bag/afp)