Le Niger a fermé dimanche soir son espace aérien «face à la menace d'intervention qui se précise à partir des pays voisins». La CÉDÉAO avait donné aux militaires putschistes nigériens jusqu'à minuit (01h00 en Suisse) pour rétablir le président renversé Mohamed Bazoum.
L'ultimatum avait été lancé le 30 juillet par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO), sous peine d'une intervention armée.
Le CNSP précise dans son communiqué que «toute tentative de violation de l'espace aérien» entraînera «une riposte énergique et instantanée». Il affirme également qu'un «prédéploiement pour la préparation de l'intervention a été fait dans deux pays d'Afrique centrale», sans préciser lesquels:
Dimanche après-midi, quelque 30 000 partisans du coup d'Etat dont beaucoup brandissaient des drapeaux du Niger, du Burkina Faso et de Russie, se sont livrés à une démonstration de force dans le plus grand stade du Niger à Niamey. Des membres du CNSP sont arrivés triomphalement au stade, acclamés et entourés par une foule enfiévrée:
Le général Mohamed Toumba, numéro trois du CNSP, a pris la parole pour dénoncer ceux «qui sont tapis dans l'ombre» et qui «sont en train de manigancer la subversion» contre «la marche en avant du Niger». «Nous sommes au courant de leur plan machiavélique», a-t-il dit.
Les contours de la force pour une possible intervention militaire ont été «définis» vendredi par les chefs d'état-major de la CÉDÉAO.
Le coup d'Etat a été condamné par l'ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, mais les militaires nigériens ont reçu le soutien de leurs homologues du Mali et du Burkina Faso - également arrivés au pouvoir par des putschs en 2020 et 2022 et eux aussi confrontés à la violence islamiste - qui affirment qu'une intervention au Niger serait une «déclaration de guerre» à leurs deux pays.
La perspective d'une intervention militaire ouest-africaine suscite inquiétudes et critiques. Samedi les sénateurs du Nigeria, poids lourd de l'organisation avec ses 215 millions d'habitants et partageant une frontière de 1500 km avec le Niger, ont appelé le président Bola Tinubu à «renforcer l'option politique et diplomatique».
Samedi soir l'Algérie, acteur majeur dans le Sahel, qui a près de 1000 km de frontière avec le Niger, a également émis des réserves. Le président Abdelmadjid Tebboune a estimé à la télévision publique qu'une intervention serait «une menace directe» pour son pays. «Il n'y aura aucune solution sans nous» l'Algérie, a-t-il ajouté, craignant que «tout le Sahel ne s'embrase» en cas d'intervention.
«Il faut empêcher le scénario catastrophique d'une guerre», a alerté de son côté un collectif de chercheurs, spécialistes du Sahel, dans une tribune publiée samedi soir dans le quotidien français Libération:
Les militaires putschistes ont dénoncé des accords de coopération militaire et sécuritaire avec Paris, qui déploie au Niger 1500 soldats pour la lutte antiterroriste, une mesure pour l'instant ignorée par Paris. (ats/jch)