«En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, je viens reconnaître nos responsabilités». Reconnaître et non s'excuser. Telle a été la position du président français durant son allocution lors de sa première visite au Rwanda, après avoir visité le mémorial où reposent les restes de plus de 250 000 victimes du génocide, sur une colline de Kigali.
Emmanuel Macron n'a pas présenté d'«excuses», comme le réclamaient certains responsables rwandais et français, mais il a déclaré espérer que ceux qui «ont traversé la nuit» du génocide des Tutsi puissent «nous faire le don de nous pardonner».
Egide Nkuranga, le président de la principale organisation de rescapés, s'est exprimé devant une centaine de personnes jeudi. Il a notamment regretté que le président français n'ait «pas présenté clairement des excuses au nom de l'Etat français» ni «même demandé pardon».
Selon lui, la France a fait «trop longtemps prévaloir le silence sur l'examen de la vérité». En 2010, Nicolas Sarkozy, le seul président à s'être rendu à Kigali depuis le génocide, avait déjà reconnu de «graves erreurs» et «une forme d'aveuglement» des autorités françaises ayant eu des conséquences «absolument dramatiques».
Mais pour Emmanuel Macron, la France n'a cependant «pas été complice» des génocidaires, ce qu'avait également conclu le rapport d'historiens dirigé par Vincent Duclert remis en mars dernier.
La France a un rôle, une histoire, une responsabilité politique au Rwanda. Elle a un devoir : celui de regarder l’Histoire en face et de reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de vérité. pic.twitter.com/78YU5P6o9X
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 27, 2021
La question du rôle de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsi du Rwanda, qui a fait plus de 800 000 morts entre avril et juillet 1994 selon l'ONU, a été un sujet brûlant pendant des années, conduisant même à une rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali entre 2006 et 2009.
Le fossé s'est cependant comblé depuis le début du quinquennat de Macron avec une série d'initiatives françaises pour sortir de l'impasse. Dont le rapport de Vincent Duclert, qui a conclu aux «responsabilités lourdes et accablantes» de la France et à l'«aveuglement» du président socialiste de l'époque François Mitterrand et de son entourage face à la dérive raciste et génocidaire du gouvernement hutu que soutenait alors Paris.
Le président rwandais Paul Kagame a déclaré pouvoir «s'accommoder» de ces conclusions, confirmées ensuite par le rapport d'un cabinet d'avocats demandé par Kigali. Pour concrétiser cette normalisation, Emmanuel Macron et Kagame pourraient annoncer le retour d'un ambassadeur français à Kigali, où le poste est vacant depuis 2015. (ats/mndl)