Des avions de combat britanniques et allemands ont intercepté des jets russes au-dessus de la mer Baltique vendredi dernier. Les quatre avions volaient près de l'Estonie, a rapporté lundi sur Twitter la «Team Luftwaffe», les forces aériennes de l'armée allemande. «Beaucoup de choses se passent au-dessus de la mer Baltique. Aujourd'hui, la patrouille d'alerte a intercepté pas moins de quatre avions russes.»
Alarmstart in EST! Die Alarmrotte aus Ämari hat heute eine IL-20 abgefangen. Der 🇷🇺 Aufklärer ohne Transpondersignal wurde von zwei SU-27 Kampfjets begleitet. Unsere #Eurofighter haben sie identifiziert und ein Stück über der Ostsee begleitet. #VAPB #SecuringTheSkies @GermanyNATO pic.twitter.com/wiyLHG0r5H
— Team Luftwaffe (@Team_Luftwaffe) April 14, 2023
Et ce n'est pas la première fois que cela arrive. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les avions et les drones de l'Otan et de la Russie se croisent toujours plus souvent et ces conflits ne se terminent pas toujours sans heurts. En mars, deux avions de combat russes ont forcé un drone américain au-dessus de la mer Noire à s'écraser. En outre, des avions russes volent régulièrement en direction de la frontière extérieure de l'Otan.
Les provocations de Poutine montrent surtout une chose: dans les airs aussi, il y a une nouvelle guerre froide entre l'Occident et la Russie. Les violations de l'espace aérien sont un jeu dangereux. Mais ces vols ont-ils un sens pour le Kremlin? Si l'on se penche sur cette question, on constate d'abord que de tels incidents aériens à la frontière entre l'Otan et la Russie se produisent régulièrement depuis la guerre froide. Par le passé, leur nombre a tantôt augmenté, tantôt diminué. Mais dernièrement, il est en forte hausse.
Viel los über der Ostsee: Heute hat die 🇩🇪 🇬🇧 Alarmrotte gleich 4 🇷🇺 Flugzeuge abgefangen. Zuerst identifizierten die #Eurofighter eine Tu-134, dann zwei Su-27 und zuletzt eine AN-12. Im Anschluss kehrten sie zur Ämari Air Base in 🇪🇪 zurück. #WeAreNato #SecuringTheSkies #VAPB pic.twitter.com/I9C6T8kSbs
— Team Luftwaffe (@Team_Luftwaffe) March 17, 2023
Ainsi, les intercepteurs de l'Otan ont dû décoller 570 fois en 2022 pour intercepter et escorter des avions militaires russes, a rapporté le Redaktionsnetzwerk Deutschland (RND). Une information confirmée par les milieux de la sécurité de l'Otan. Le nombre d'interventions a ainsi presque doublé par rapport à 2021. Cette année-là, 290 cas de ce type avaient eu lieu. Selon l'Otan, plus de 60 avions de combat de l'organisation seraient prêts à intervenir à tout moment dans les pays baltes.
L'armée allemande intervient de plus en plus régulièrement. «En 2021, il y a eu trois missions, en 2022, des avions de combat de l'armée de l'air ont dû décoller 30 fois d'Allemagne et d'Estonie pour identifier et éventuellement escorter des aéronefs militaires russes au-dessus de la région de la mer Baltique», explique un porte-parole de l'armée de l'air allemande.
En janvier et février 2023, l'alarme s'est déjà déclenchée neuf fois. Et comme à chaque fois, ce sont des avions militaires russes qui sont à l'origine de ces interventions. Les rotations d'alerte s'intensifient également lorsque le contact radio avec des avions civils est rompu.
L'armée de l'air n'a en revanche pas voulu donner d'informations sur l'armement des avions russes. Pour l'heure, tous ont toujours pu être interceptés à temps avant d'atteindre l'espace aérien de l'Otan.
D'une part, l'Otan et la Russie testent régulièrement la capacité de réaction de l'autre. Pour Moscou, il s'agit entre autres de savoir combien de temps il faut aux avions de l'Otan pour réagir aux approches russes. En cas de conflit militaire, il s'agirait d'informations importantes pour une première frappe stratégique ou une contre-attaque.
Mais ce qui est beaucoup plus significatif pour la Russie, c'est la démonstration politique de sa force militaire face à l'Otan. Poutine perd actuellement son potentiel de dissuasion militaire en raison des lourdes pertes russes en Ukraine. La Russie est certes la plus grande puissance nucléaire du monde, mais en matière de forces armées conventionnelles, seule l'armée de l'air russe est encore bien placée – même si les avions de combat russes manquent de missiles guidés.
Il est en outre dans l'intérêt politique de Poutine de déstabiliser les sociétés occidentales afin d'affaiblir le soutien de l'Occident à l'Ukraine. Le Kremlin joue ici sur la peur d'une guerre entre l'Otan et la Russie, ou sur la crainte d'un conflit nucléaire. Des bombardiers russes dotés d'armes nucléaires volent donc parfois en direction des frontières de l'Otan. Cette démonstration de muscles nucléaires sert avant tout à l'intimidation.
Les provocations viennent certes du côté russe, mais des avions de l'Otan volent aussi régulièrement vers la frontière russe. En mars, un bombardier américain de type B-52 a survolé les eaux internationales en direction de Saint-Pétersbourg avant de se diriger vers le sud, en direction de l'Estonie. Les Etats-Unis n'ont certes pas violé l'espace aérien russe, mais le message envoyé à Moscou était clair: le B-52 peut également être équipé d'armes nucléaires. Par ailleurs, les manœuvres risquées des avions de combat russes contre le drone américain au-dessus de la mer Noire ont eu lieu peu après.
Cette escalade aérienne rend donc la situation dangereuse.
Poutine sait que l'Occident veut éviter un conflit direct. Son armée de l'air tente ainsi, par des tentatives d'intimidation, d'inciter l'Otan à agir plus prudemment dans ses propres missions de vols. Mais les provocations augmentent la probabilité que des erreurs humaines puissent conduire à des incidents qui pourraient coûter la vie à certains. Et cela renforce le potentiel de conflit, y compris au-dessus de la mer Baltique.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder