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Allocution de Macron: peut-il réparer tout ce qu'il a cassé?

Macron, lors de sa visite du chantier de Notre-Dame, la semaine dernière.
Macron, lors de sa visite du chantier de Notre-Dame, la semaine dernière.keystone
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Macron peut-il réparer tout ce qu'il a cassé?

Lundi soir, dans une allocution officielle télévisée, le président voudra apaiser, rassembler et renforcer les murs porteurs. Le chantier est énorme et les opposants en pleine forme.
17.04.2023, 12:0017.04.2023, 18:38
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L'heure est grave. Emmanuel Macron prendra la parole, lundi soir, dans une allocution officielle diffusée sur les principales chaînes françaises. L'exercice est réservé aux temps troublés. Tout l'Hexagone se souvient de sa déclaration de guerre au Covid-19. Les mauvaises langues disent déjà que l'heure n'est grave que pour le président de la République. Celui qui, vendredi dernier, a promulgué sa réforme des retraites dans la foulée de sa validation (partielle) par le Conseil constitutionnel. Il s'agit désormais, dans l'esprit du pouvoir, de repartir sur de bonnes bases, regarder dans la même direction et penser à l'avenir. Allez, on oublie tout ça et on avance!

Selon les journalistes parisiens infiltrés dans les petits secrets de l'Elysée, ça papotera notamment sens du travail et partage des richesses. Assieds-toi, citoyen courroucé, faut qu'on cause. Après trois mois de colère et de mobilisation contre sa volonté de rafistoler les retraites, de force «mais pour le bien des Français», le président de la République ambitionne d'enterrer une hache de guerre qu'il a lui-même brandie avec une maladresse certaine: qu'il ait été indispensable ou non de renforcer l'embouchure de la vie professionnelle des travailleurs en 2023, la mise en pratique a été, disons, bousculante.

Un «hold-up démocratique» disait encore l’insoumis François Ruffin, au lendemain du verdict des Sages. Pour Olivier Faure, patron du PS, c'est précisément par des armes «démocratiques» qu'il faudra «harceler» pour revenir sur le recul de l’âge de départ à la retraite. Et ça tombe bien, puisque les socialistes ont déjà déposé une proposition de loi dans «l'objectif de voir abroger les 64 ans». Tout un programme, mais qui a le mérite de prouver que le président n'en a pas encore terminé avec cette immense épine plantée dans la chair de son deuxième mandat.

Pire encore, ses opposants lui flanquent déjà un petit chantage sous le nez. «Pas de retrait, pas de JO», devenu comme il se doit un hashtag très populaire ce week-end, menace le président d'une pluie de perturbations, comme une grève monstre des éboueurs, quand le monde entier aura les yeux tournés sur Paris, en 2024. Une parodie d'épreuves olympiques fait d'ailleurs beaucoup rire Twitter depuis la naissance du chantage.

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Les solutions existent, mais...

En affirmant vouloir masser les muscles d'un pays en rogne, en une seule prise de parole magique, c'est évidemment la fin de sa présidence que Macron espère sauver. Une allocution à double tranchant. Avec des retraites désormais aussi impopulaires que lui (selon les derniers sondages), il est allé jusqu'à faire douter de ses manières une partie de sa garde rapprochée la plus mesurée. Rassurer et motiver ne suffira pas, même si c'est l'un de ses exercices préférés.

Et si les solutions existent, aucune n'a véritablement de chance d'aboutir. Revenir en arrière sur la réforme des retraites? Impensable: un échec, d'abord politique, qui serait impossible à assumer jusqu'en 2027. Appuyer sur le frein et pour se dévoiler consensuel sur les réformes futures? Macron, celui qui a été précisément élu en 2017 grâce à sa volonté de dynamiser économiquement le pays, en sera incapable.

Sauver la France ou sa peau?

Que reste-t-il pour espérer fumer le calumet de la paix? Faire sauter la très peu aimée (et aimante?) Elisabeth Borne, histoire de calmer le jeu, du moins artificiellement. Enfin, Macron pourrait être tenté de rassurer et muscler sa base électorale et se rapprocher d'une majorité théorique à l'Assemblée. Les macronistes n'ont pas totalement disparu. Ceux du «en même temps» et du mis à mal «ni de gauche ni de droite». Y compris au sein de l'opinion publique, il existe encore des citoyens rêvant d'un pays qui tient un peu mieux sur ses deux jambes. Mais en la jouant solo, Jupiter, celui qui s'est toujours montré réfractaire au collectif, est de plus en plus isolé.

Peut-être espère-t-il tout simplement que le feu s'éteindra tout seul, dans les veines d'une mobilisation populaire qui, malgré sa colère intacte, perd chaque jour un peu d'endurance. Quoiqu'il en soit, de son bilan personnel ou de l'état de la France, Emmanuel Macron va certainement devoir choisir ce qu'il veut sauvegarder. Lundi soir sur toutes les télés, mais surtout les prochains mois sur les dossiers les plus brûlants de son deuxième mandat.

Des mèmes pour parler de la réforme des retraites en France
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