International
Analyse

Les républicains sont à la merci de Trump

Former President Donald Trump arrives to speak at his Mar-a-Lago estate hours after being arraigned in New York City, Tuesday, April 4, 2023, in Palm Beach, Fla. (AP Photo/Rebecca Blackwell)
Donald Tr ...
Donald Trump à son retour de New York.image: keystone
Analyse

Les républicains sont à la merci de Trump

Les républicains sont dans un sacré bourbier: l'ancien président Donald Trump a été formellement inculpé, mais le parti n'arrive pas à s'en défaire. En réalité, il a besoin de lui, et surtout de ses fans.
05.04.2023, 18:54
Peter Blunschi
Peter Blunschi
Peter Blunschi
Plus de «International»

Asa Hutchinson, l'ancien gouverneur de l'Arkansas, est un brave homme. Dimanche dernier, il est devenu l'un des premiers républicains influents à s'opposer publiquement à l'ancien président Donald Trump. Dans un entretien pour la chaîne de télévision ABC, l'homme de 72 ans a déclaré:

«Je suis convaincu que les gens veulent des dirigeants qui font appel à ce qu'il y a de meilleur en Amérique, et pas seulement à nos pires instincts»

Au cours de cet interview, Asa Hutchinson a annoncé publiquement sa candidature à la présidentielle américaine de 2024. Et face à la menace d'une inculpation à New York, le candidat a appelé Donald Trump à se retirer.

Mardi 4 avril en effet, l'ancien président s'est présenté devant un juge au tribunal pénal de Manhattan. Le républicain est visé par 34 chefs d'accusation. Des délits plutôt mineurs, comme des malversations, mais que l'on peut considérer comme graves pour un ancien président.

Un traitement de faveur?

Au tribunal, Donald Trump a-t-il bénéficié d'un traitement de faveur en raison de son statut? Il n'a pas eu à porter de menottes ni à se faire tirer le portrait par la police. Après la lecture des chefs d'accusation, le politicien a pu quitter le tribunal sans caution et retourner dans sa résidence, en Floride. Selon le Washington Post, comme il n'a pas d'antécédents judiciaires, l'ancien président n'ira probablement pas en prison. Et ce même s'il est reconnu coupable de tous les chefs d'accusation.

Un «coup monté des démocrates»

De retour dans sa maison de Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump s'en est pris à la justice, une fois de plus. Devant ses partisans, le milliardaire a dit être victime d'un coup monté des démocrates en vue des prochaines élections. Il sait qu'il peut compter sur le soutien de la plupart des républicains influents. Après l'annonce de son accusation, ces derniers s'étaient d'ailleurs immédiatement montrés solidaires.

Mike Pence, l'ancien vice-président de Donald Trump, a parlé de «scandale», pour qualifier l'accusation. Et d'affirmer sur CNN:

«Elle ne servira qu'à diviser davantage ce pays»

Pourtant, aux Etats-Unis, il est bien connu que Mike Pence et d'autres grands noms du parti souhaitent que l'ex-président disparaisse du paysage. Mais rares sont ceux qui osent suivre l'exemple d'Asa Hutchinson.

Une majorité des républicains soutiennent les accusations

La dure réalité semble être la suivante: les républicains ne peuvent pas se passer de Donald Trump. Même s'il a connu quelques petites faiblesses, le milliardaire contrôle à nouveau le parti, presque à sa guise. Dans plusieurs sondages, il devance en effet son plus grand son rival, Ron DeSantis, qui déçoit les espoirs des opposants de Donald Trump au sein du parti.

Les républicains auraient pourtant toutes les raisons de se désolidariser de l'ex-président. Dans un sondage de CNN publié mardi, 60% soutiennent l'accusation portée contre lui. Ce qui signifie que non seulement les démocrates, mais aussi une majorité d'électeurs indépendants condamnent formellement les agissements de l'homme d'affaires.

De plus, depuis sa victoire électorale en 2016, Donald Trump n'a fait que de perdre. Ça a commencé avec les midterms de 2018, puis fin 2020, avec sa non-réélection à la présidence. On lui reproche également l'absence de «vague rouge» lors des élections de mi-mandat en novembre dernier.

Un nouveau départ serait donc conseillé au Grand Old Party (GOP), sans Donald Trump. Mais le courage semble manquer. C'est en tout cas ce qu'a fait remarquer Nikki Haley, ancienne ambassadrice de Trump à l'ONU, lors d'un meeting électoral dans le New Hampshire, la semaine dernière. Dans son discours, Nikki Haley a indiqué que son ancien patron avait dans son camp environ un quart de la base républicaine.

En réalité, l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud, jusqu'à présent seule challenger un tant soit peu sérieuse de Donald Trump pour les élections présidentielles de 2024, voulait simplement exprimer par là que les trois quarts de l'électorat républicain étaient ouverts à la nouveauté. Ce faisant, elle a mis en lumière le dilemme qui touche son parti.

De plus, les fans de Donald Trump vouent un culte inconditionnel à leur idole. En novembre 2024, il n'est donc pas sûr qu'ils votent pour un autre candidat ou une autre candidate. Ce qu'il risque de se passer, c'est qu'ils boudent tout simplement le bureau de vote.

epa10548150 Republican candidate for United States President, former Ambassador Nikki Haley, addresses a group of New Hampshire voters, during a campaign stop at the Elks Club in Salem, New Hampshire, ...
Nikki Haley, la concurrente de Donald Trump, la semaine dernière à Salem dans le New Hampshire.image: keystone

Donald Trump reste intouchable

En janvier 2021, après l'assaut du Capitole, la chaîne de droit Fox News a pris ses distances avec Donald Trump. Conséquence: une partie de son public a migré vers des chaînes encore plus extrêmes, comme Newsmaxx et One America News Network (OANN). Aujourd'hui cependant, Fox News soutient à nouveau ouvertement Trump.

Pour les républicains, c'est un avertissement. Aux yeux des fans de l'ex-président, malgré ses nombreuses inculpations (par exemple pour incitation à la fraude électorale dans l'État de Géorgie), il reste intouchable. Et le milliardaire en est bien conscient. Il avait d'ailleurs lui-même déclaré lors de la campagne électorale de 2016:

«Je pourrais abattre quelqu'un sur la Cinquième Avenue et je ne perdrais pas d'électeurs»

Le parti est donc à la merci de Donald Trump. Ce qui le place dans une position plus que difficile: il ne peut pas gagner avec, ni sans lui. Cela vaut d'autant plus dans le cas où il manquerait l'investiture et se présenterait comme candidat libre.

Des mèmes pour parler de la réforme des retraites en France
1 / 15
Des mèmes pour parler de la réforme des retraites en France
source: instagram
partager sur Facebookpartager sur X
Ces moments super bizarres du procès de Gwyneth Paltrow
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Le prince Harry a échappé au bain de sang
Bien que prêt à en découvre avec le groupe médiatique du milliardaire Rupert Murdoch, News Group Newspapers (NGN), le prince a renoncé à son procès en échange d'excuses historiques et de «réparations substantielles».

L'annonce a fait l'effet d'une bombe, ce mercredi matin, devant la Haute Cour de Londres. Alors qu'un procès long et douloureux s'annonçait pour le prince exilé contre le groupe de tabloïds NGN, pour l'avoir espionné illégalement pendant des décennies, des négociations de dernière minute ont permis d'aboutir à un accord. C'est l'avocat principal de Harry, David Sherborne, qui a fait part de la nouvelle à la surprise générale.

L’article