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La véritable raison du succès des populistes en Occident

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Voici la véritable raison du succès des populistes de droite en Occident

Aux Etats-Unis, un nouveau mandat de Donald Trump pointe à l'horizon. En Europe, de plus en plus de gens votent pour les partis «anti-mainstream». Mais tout le monde n'est pas soudainement devenu raciste: l'explication est ailleurs.
14.01.2024, 11:3914.01.2024, 17:57
Remo Hess, Bruxelles / ch media
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Quelque chose se prépare. Pas seulement en Europe, mais dans tout l’hémisphère occidental. Pendant de nombreuses années, la politique établie a ignoré le problème et a détourné le regard. Mais en vérité, plus on attend, moins ça fonctionne.

La liste des partis montants qui s’opposent aux valeurs libérales fondamentales est longue. Là où les populistes de droite ne sont pas encore au pouvoir, ils en gagnent. La menace planera sur toute l'Europe au mois de juin prochain, puisque le Parlement européen sera renouvelé lors de votations populaires.

Ce qui unit les extrémistes de droite européens, c'est leur rejet de l'immigration, parfois ouvertement raciste. Mais briser les tabous n’a plus d’effet dissuasif. Au contraire: malgré la diabolisation des médias et des experts, les électeurs ont surmonté leur peur du contact avec l’extrême droite. Le «cordon sanitaire» s’effrite, les «murs coupe-feu» sont démolis.

L'origine du glissement à droite

Mais quelles sont les raisons profondes de ce brusque virage à droite, qui rappelle à certains observateurs les temps les plus sombres du 20e siècle? S’agit-il «uniquement» de migration et du sentiment de perte de contrôle qui y est associé? Ou y a-t-il quelque chose de plus important qui se passe en arrière-plan?

Oliver Nachtwey, professeur de sociologie à Bâle, en est convaincu: la montée effrénée des populistes de droite montre avant tout la profonde désillusion de larges couches de la population par rapport à la politique établie. Selon lui, les gens ne votent pas pour les partis d’extrême droite parce qu’ils sont soudainement devenus racistes. Non, ils votent pour eux en guise de règlement de compte avec les autres partis politiques.

Dans son livre The Descent Society, publié en 2016, Oliver Nachtwey pense en avoir trouvé la raison. Il écrit:

«Le problème, ce sont les promesses non tenues de la société capitaliste»
Oliver Nachtwey

Alors que le miracle économique de l’après-guerre a transformé des millions de travailleurs en propriétaires de maisons, aujourd’hui, de nombreuses personnes ont le sentiment «d'être sur le déclin». «On a le sentiment de ne faire aucun progrès, même si l’on fait de plus en plus d’efforts», estime Oliver Nachtwey. Cela crée de la frustration, du ressentiment et de la colère, qui s’expriment à l’encontre des migrants. L'expert poursuit:

«La migration devient un jeu à somme nulle, dans lequel chaque immigrant supplémentaire menace mon propre avancement».

Un nouveau type d'électeur protestataire

Outre les craintes de déclin, réelles ou imaginaires, Oliver Nachtwey identifie une autre raison qui est peut-être encore plus dangereuse pour la démocratie, car elle repose sur un noyau irrationnel: le sentiment de perdre sa «liberté» dans un monde en évolution rapide (mesures face à la pandémie, changement climatique, débat sur le genre).

«Ces gens ont le sentiment qu’ils ne peuvent plus parler, ne plus penser et ne plus agir comme ils l’entendent»
Oliver Nachtwey

Ils sont donc en résistance, ce qui est fondamentalement une réaction à tout ce qui a été compris comme «évolution progressive» au cours des dernières décennies.

Selon Oliver Nachtwey ce nouveau type d'électeur est devenu visible durant la pandémie de Covid-19. Lui-même a pu les rencontrer lors d'entretiens individuels pour son étude Affronted Freedom: Aspects of Authoritarian Liberalism.

«La seule alternative éligible»

«Leur rejet est dirigé contre tous les partis établis, car ils seraient perçus comme faisant partie d’un cartel de pouvoir.» Les «populistes de droite» et les «anti-conformistes» sont perçus comme la seule alternative éligible.

Geert Wilders aux Pays-Bas, Donald Trump aux Etats-Unis et Javier Milei en Argentine ont un point commun: ils se présentent comme des «combattants de la liberté». Ils ont décidé de détruire l’ordre existant des «élites», l’un à la tronçonneuse, l’autre par la prise du Capitole.

Ce qui est inquiétant, c’est qu’il ne s’agit souvent plus de contenus et de programmes politiques, mais plutôt d’une critique fondamentale du système lui-même. Sombres perspectives pour la démocratie libérale.

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Tags racistes dans la salle des professeurs du CEC André-Chavanne, à Genève. La directrice, Joyce Mollet, serait visée.
source: dr
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Ce quoi ce trend de riches qui dansent dans leur manoir?
Video: watson
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