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Ukraine: comment Amnesty traque les crimes de guerre

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Amnesty traque les crimes de guerre en Ukraine, voici comment

«La méthode classique consiste à croiser des témoignages récoltés sur place», explique Nadia Boehlen, porte-parole d'Amnesty Suisse.
«La méthode classique consiste à croiser des témoignages récoltés sur place», explique Nadia Boehlen, porte-parole d'Amnesty Suisse.image: keystone/twitter/watson
A peine une semaine après le début des combats, les forces armées russes auraient déjà commis une dizaine de crimes de guerre potentiels, affirme Amnesty International. Grâce à la technologie, l'ONG peut les documenter en temps réel, sans s'exposer aux dangers du champ de bataille.
04.03.2022, 06:1109.05.2023, 17:53
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Cela fait tout juste une semaine que la Russie a lancé son opération militaire en Ukraine. Au cours des huit derniers jours, une dizaine de crimes de guerre potentiels ont déjà été commis. C'est du moins ce qu'affirme Amnesty International. L'ONG a documenté plusieurs attaques menées par l'armée russe contre des hôpitaux, des écoles et des habitations. Des armes interdites auraient également été utilisées.

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Image: datawrapper/watson

Le 25 février, un enfant et deux civils ont par exemple perdu la vie à Okhtyrka lorsque l'école maternelle où ils s'étaient réfugiés a été touchée par une bombe à sous-munitions. Ce terme désigne une arme interdite, transportant de nombreux projectiles explosifs. C'est la quatrième attaque contre une école recensée par Amnesty depuis le début de l'invasion. Trois jours plus tard, au moins neuf civils ont péri dans les bombardements qui frappent Kharkiv.

>>> Toutes les infos sur la situation en Ukraine en direct

La liste des crimes de guerre commis en Ukraine semble donc déjà longue. Ce qui soulève les questions suivantes: comment ces violations des droits de l'homme sont-elles documentées? Comment Amnesty liste et vérifie-t-elle les différentes attaques?

«La méthode classique consiste à croiser des témoignages récoltés sur place», explique Nadia Boehlen, porte-parole d'Amnesty Suisse. Une stratégie qui peut maintenant compter sur un puissant allié: la technologie. Grâce à une équipe appelée «Crisis Evidence Lab».

Réalité augmentée et images satellites

Mobilisé quelques heures après le début de l'opération militaire russe, le «Crisis Evidence Lab» est spécialisé dans le développement et l'utilisation de nouvelles solutions technologiques. Ce qui permet de poursuivre un double objectif: détecter les violations des droits humains en temps réel, et le faire à distance. L'équipe, qui comptait six personnes en 2021, est basée à Berlin.

Mais comment ça marche, concrètement? Des informations publiées sur le site d'Amnesty International décrivent la démarche du laboratoire. Ses membres analysent des vidéos et des photos d'attaques qui circulent notamment sur les réseaux sociaux. Pour vérifier leur authenticité, ces images sont croisées avec des contenus provenant d'autres sources: des images satellites et des informations open source, c'est-à-dire publiques et largement disponibles. Pour ce faire, l'équipe du laboratoire coordonne un réseau d'environ 150 étudiants provenant de sept universités. La modélisation 3D et la réalité augmentée sont aussi des instruments exploités par les enquêteurs.

«Tout cela peut ensuite être croisé avec des témoignages, récoltés par exemple grâce à des appels téléphoniques», complète Nadia Boehlen. La recherche que le laboratoire mène sur l’Ukraine se concentre sur la documentation des victimes civiles, des dommages causés aux installations civiles et sur l'utilisation d'armes proscrites par les conventions internationales.

«Un premier pas»

Le travail du «Crisis Evidence Lab» et d'Amnesty permet donc d'identifier les attaques et de vérifier qu'il s'agisse bien de crimes de guerre. Et après? «Notre rôle est de documenter, ce qui constitue un premier pas», explique Nadia Boehlen. «Ensuite, les crimes doivent être reconnus comme tels par la justice internationale.» Ce qui risque bien d'arriver puisque la Cour pénale internationale a annoncé mercredi qu'elle allait ouvrir une enquête.

De manière générale, l'ONG préfère rester prudente: «Nous utilisons souvent le conditionnel dans nos communications, cela permet de respecter la présomption d'innocence et de laisser une marge à la justice», complète la porte-parole. Qui tient à assurer: «A partir du moment où nous annonçons un crime de guerre, cela veut dire que l'information a été vérifiée plusieurs fois.»

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