Hanouna président, il faut dire que ça fait plusieurs années que ça bruisse. Un animateur populaire, populiste, qui sait hypnotiser et dresser son audience pour la rendre dense, docile et loyale. De l’autre côté de l’Atlantique, un tel personnage fête ce mercredi ses 100 premiers jours de règne et pour la seconde fois de son existence.
La grande force de Cyril Hanouna a toujours été d’entretenir des suspenses qui n’en sont rarement. On se souvient des innombrables effets d’annonce autour de son hypothétique déplacement à Mar-a-Lago, pour causer «liberté d’expression» avec tous les milliardaires de la tech qui gravitent désormais autour de Donald Trump et Elon Musk.
Et puis... plus rien. Pas grave, un autre sujet allait prendre le relais. La fin de TPMP, le futur déménagement dans le groupe M6, la valse des chroniqueurs qui pourraient le suivre, ses projets sur Fun Radio. Mais ça n’aurait jamais suffi pour entretenir la promotion de Cyril Hanouna par Cyril Hanouna jusqu’à la rentrée de septembre.
Est-ce pour cette unique raison que l’animateur fait monter la sauce autour de sa potentielle candidature à l’élection présidentielle depuis de longs mois? Pour combler un vide qu’il peine à supporter? Pour se maintenir artificiellement au sommet des babillages?
En tout cas, la stratégie fonctionne à merveille. Après un premier «scoop» publié par le Nouvel Obs il y a quelques semaines, dévoilant «une envie», voilà que Valeurs Actuelles fait sa couverture de mercredi avec un Cyril Hanouna carrément présidentiable.
Le magazine d’extrême droite prétend, dans son édition de mercredi, avoir mis la main sur son «programme en détail» et le journaliste à l’œuvre assure dans l’article que, «sauf cataclysme, Cyril Hanouna sera candidat». Et, cataclysme... il y a eu. Mardi soir, coup de théâtre: sur Europe 1, puis au bout du fil et en direct sur BFMTV, comme une machine bien huilée, le clown populiste a démenti l’information en ricanant très fort.
Tout ça n’était «qu’une blague». Hanouna a piégé quelques personnes pour «alimenter la rumeur» et a «tout inventé» parce que ça le faisait «marrer».
En manque de buzz, et aussi parce que personne n'écoute Europe 1, Hanouna appele en direct BFM pour annoncer qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle.
— Kunta van den Kinté (@denkinte_2) April 29, 2025
Le facho Tugdual Denis, du média d’extrême droite Valeurs actuelles, découvre en direct qu’il s’est fait manipuler 🤣🍿 pic.twitter.com/vtZ2YXVKnL
Tout cela serait «parti d’un mail» et Cyril Hanouna aurait simplement pris goût au jeu, au point de laisser filer quelques fausses révélations, histoire que la sauce prenne. Mais cette dernière tourne de plus en plus au vinaigre, puisque le célèbre animateur n’est de loin plus qu’un simple «amuseur», comme il a voulu se présenter mardi soir à l’antenne. Et c’est d’ailleurs la raison de la fermeture brutale de C8, condamnée pour les nombreux dérapages politiques sur le plateau de TPMP.
Ces derniers mois, Hanouna n’a pas glissé des spaghetti dans le slip d’un chroniqueur, mais prétendu vouloir prendre le relais d’Emmanuel Macron.
Notre spécialiste français en comm’ politique met le doigt sur un réflexe de l’homme de télé qui n’est pas sans rappeler les stratégies d’un certain Donald Trump. Dernièrement, le président a sorti une casquette «Trump 2028» sur le marché, laissant planer le fou sur ses intentions antidémocratiques en fin de second mandat.
Tout en démentant vouloir tenter de modifier la Constitution américaine pour espérer rester au pouvoir, il en profite pour clamer que les Américains sont «nombreux» à le lui demander. Et pendant que la presse américaine analyse cette éventualité, il fait mine d’être sollicité par le peuple.
"Je ne me présenterai pas en 2027" déclare @Cyrilhanouna dans #OMSLT sur #Europe1 pic.twitter.com/IyraQVHxDv
— Europe 1 (@Europe1) April 29, 2025
On dit souvent que les blagues les plus courtes sont les meilleures. Et, loin des projecteurs, l’ancien animateur chouchou de Vincent Bolloré n’est pas connu pour être un tendre naïf. Hanouna a de l’ambition, des réseaux, des manières fortes. Annoncer une candidature présidentielle à quelques mois d’un nouveau contrat juteux avec le groupe M6 aurait ressemblé à une balle dans le pied.
Mais faut-il pour autant écarter l’idée d’un grand projet politique? «Souffler le chaud et le froid, orchestrer de vraies fausses fuites sur un éventuel grand saut lui permet d’analyser la réaction des Français, des médias, jusqu’à certaines personnalités politiques qui pourraient être tentées de sauter dans le navire Hanouna le moment venu, de manière totalement intéressée», nous dit Alexandre Eyries au bout du fil.
Notre expert avance que l’animateur a «quasiment» tout ce qu’il faut pour prétendre à une candidature, même si elle ne devait débouler que pour «semer la pagaille».
Dans ses nombreuses apparitions et déclarations tonitruantes en politique, Hanouna donne souvent l’impression que la fonction suprême est un boulot à la hauteur d’un chef scout populaire:
Plus rassembleur qu’Eric Zemmour et moins tatillon que l’ancien humoriste Volodymyr Zelensky, pour ne citer que deux politiciens issus du monde de la télévision, Cyril Hanouna a en tout cas choisi le bon timing pour semer la confusion et, qui sait, planter son thermomètre dans les intentions de vote des Français. Sans compter que les tracas judiciaires de Marine Le Pen pourraient bien bousculer certaines lignes dans quelques mois.
Si le principal intéressé semble pour l’heure vouloir se cacher derrière les blagues adulescentes pour justifier son fantasme de candidature, notre expert refuse de minimiser l’exercice: «Pour une simple plaisanterie, il semblait avoir déclenché les grandes manœuvres. Ce n’est pas anodin. Vu le personnage et sa volonté de grande puissance, comme disait Nietzsche, ce renoncement m’étonne un peu. Aurait-il subi des pressions?»
Ce qui est certain, c’est qu’en voulant jouer avec la désinformation et les nerfs de son public, il se place au centre et ne parle que de lui. Pas de la France et encore moins des Français.
La suite au prochain épisode. (Et ça ne saurait tarder.)