Rien ne lui est impossible. Le Chuck Norris de la politique américaine a basé une grande partie de ses carrières sur l’idée qu’il est capable de repousser les limites. Celles du business, de la justice et de la morale. Trois exemples récents nous montrent qu’il adore se mettre en scène dans le personnage du méchant de Marvel que rien n’arrête.
Pour commencer, il y a son retour en politique, avec sa candidature à un deuxième mandat, annoncée en novembre 2022. Douze mois plus tard, il usera toutes les ficelles marketing et judiciaires pour prouver que les innombrables accusations qui pesaient contre lui allaient le catapulter à la Maison-Blanche au lieu de le jeter derrière les barreaux.
Enfin, le 13 juillet 2024 en Pennsylvanie, il utilisera de manière poussive la tentative d’assassinat à son endroit pour renforcer une certaine image d’immortalité.
Toute sa vie, le milliardaire de Mar-a-Lago n’a jamais été aussi bon que dans le rôle de l’outsider. Car, maintenant qu’il est parvenu à déloger les démocrates de la fonction suprême, il paraît beaucoup moins à l’aise lorsqu’il s’agit de défendre ses actions et son bilan. Et sa cote de popularité, bien que solide en début de mandat, chute désormais à vue d’œil.
Il lui reste donc son arme favorite: la menace. Plurielle et continue. Donald Trump menace la terre entière avec des taxes douanières, ses voisins d’une invasion, l’Ukraine d’un abandon des Etats-Unis, les migrants d’une expulsion. Mais ça ne semble pourtant pas suffire pour rassurer sa base d’électeurs, notamment sur l’inflation, et étendre sereinement son pouvoir.
Cette semaine, le voilà donc de retour dans le rôle du Chuck Norris de la politique américaine, avec une nouvelle munition: une casquette Trump 2028. Autrement dit, il est temps de faire planer un doute officiel quant à sa volonté de souder ses fesses derrière le Resolute Desk du Bureau ovale, au nez et à la barbe de la Constitution, qui lui interdit de briguer un troisième mandat.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, la mise en scène avait l’air déjà bien rodé, aidé par une journaliste de Fox News qui n’est pas parvenue à prononcer autre chose qu’un... «wow», dénué de tout esprit critique.
incredible 😂 pic.twitter.com/f4cqaVjL32
— Tiffany Fong (@TiffanyFong_) April 24, 2025
On le sait, rien ne sera jamais plus efficace dans l’univers MAGA que cette increvable casquette rouge à message blanc. Dans le shop en ligne du 47e président des Etats-Unis, ont trouve donc depuis quelques heures un nouvel accessoire et... un nouveau message.
Donald Trump en a d’ailleurs profité pour rapatrier le gros dossier du moment dans la présentation du nouveau goodie, en précisant bien que cette casquette est Made in America, contrairement au reste de sa collection qui ne s’embarrasse même pas d’une quelconque origine. Sans compter que ce ballet menaçant bénéficie d’une chorégraphie aux petits oignons. Dans la foulée, l’un des fils, Eric Trump, s’est affiché avec un exemplaire en exclusivité, histoire d’humaniser la moindre cette nouvelle charge antidémocratique.
A wonderful compliment! #NeverSayNever https://t.co/oJ9aGkLXWM
— Eric Trump (@EricTrump) April 24, 2025
Vous l’aurez deviné, cette sortie en fanfare permet désormais aux militants MAGA de branler une communication toute fraîche, bien loin des difficultés actuelles de leur gourou. Alors que ses actions sont de plus en plus remises en cause, l’heure est à l’après.
Un après théoriquement impossible, mais qui permet de jeter un nouveau froid sur l’avenir des Etats-Unis et de redouter prématurément une passation de pouvoir compliquée, en 2028. Du Trump tout craché, excité à l’idée de faire peser ses fantasmes narcissiques sur le reste du monde.
Surtout qu’il joue avec les mots. «Trump 2028» n’est pas tout à fait «Donald Trump 2028». La famille est grande et, peut-être, motivée à reprendre le flambeau. Trump est aussi une marque, doublée d’un mouvement qui pourrait bien lui survivre dans quatre ans. Et JD Vance, décrit aujourd’hui comme idéologiquement plus dangereux que le patron, a tout pour bomber le torse en fin de mandat de vice-président. Le doute et la diversion, toujours.
Car Donald Trump sait que ses propos seront propagés et analysés. Et la presse américaine, bien que l’idée d’abroger le 22e amendement semble inaccessible, s’effraie déjà toute seule des petits pas de côtés dont le milliardaire est friand. L’un deux seraient de faire élire JD Vance et reprendre le flambeau une fois qu’il aurait savamment rendu le tablier. Résultat, comme durant son marathon judiciaire en 2024, le milliardaire fait bûcher les juges et les constitutionnalistes sur une question qui ne devrait même pas être dans les esprits. D’autant qu’en face, ça réagit avec les mêmes armes, renforçant indirectement le flou.
Obama 2028.
— Brian Krassenstein (@krassenstein) April 24, 2025
Because the Constitution no longer matters. pic.twitter.com/GiGu3BNzQy
La véritable force de Donald Trump, difficile à combattre tant c’est de l’ordre de la provocation pure, n’est pas tellement d’être, mais de menacer de ne jamais disparaître. En 2025, une simple casquette permet de terrifier le reste de la planète. En cela, seule sa propre mort pourrait déjouer ses plans.