International
Analyse

Donald Trump est plus puissant que jamais

Image
keystone
Analyse

Pourquoi Donald Trump est plus puissant que jamais

La même semaine, le candidat à l'élection présidentielle de 2024 retrouve les deux armes qui ont fait son succès (et sa victoire) en 2016: son compte Facebook, mais aussi le terrain. Ce week-end, il décapsule officiellement ses premiers meetings.
27.01.2023, 06:1327.01.2023, 07:41
Suivez-moi
Plus de «International»

Mi-janvier, la garde rapprochée de Donald Trump demandait officiellement à Meta de lui rendre ses comptes Facebook et Instagram. L'argument principal de ses avocats fut simple et terriblement factuel. Donald Trump n'est plus (que) l'ancien président des Etats-Unis éternellement en rogne contre la victoire «volée» de Joe Biden en 2020, mais le potentiel 47e patron de la plus grande puissance mondiale. En d'autres termes: un peu de respect, que diable.

«On ne peut pas réduire au silence un candidat à la présidentielle»
Les avocats de Donald Trump, dans une lettre personnelle adressée à Mark Zuckerberg, mi-janvier.

Jeudi 26 janvier, la société de Mark Zuckerberg a mis fin à deux ans de verrouillage, survenu dans la foulée de l'assaut du Capitole pour une série de publications considérées comme des incitations à la violence. En 2023, même si Meta précise bien que Trump ne pourra pas y faire ou dire n'importe quoi, l'empire californien considère à nouveau que le public doit «entendre ce que toutes les personnalités politiques ont à dire, afin de pouvoir faire des choix éclairés». Pour Donald Trump, c'est une victoire politique, stratégique et personnelle: le Capitole (symboliquement) c'est du passé.

Enjeux financiers

Pour l'heure, rien n'indique que le milliardaire sautera sur l'occasion et son compte tout neuf pour s'y montrer aussi teigneux qu'à l'époque. Absout par Elon Musk il y a quelques mois, Maga Boy n'a toujours pas touché à son compte Twitter. Mais le nerf de la guerre est ailleurs. Comme le précise le site Politico, il y a aussi des gros sous qui se planquent derrière cette réhabilitation virtuelle. Pour Meta comme pour le candidat. De mai 2018 à janvier 2021, «les équipes de Trump ont dépensé 113 millions de dollars en publicité avec le compte de Donald Trump». Sans page officielle, et depuis juin 2021, c'est moins de deux millions. Dans une époque où la chute des revenus publicitaires pèse sur le géant bleu.

«La publicité sur Facebook a été une grande partie de la victoire en 2016, et a été une grande partie de la défaite en 2020. Le retour de Trump sur Facebook est une aubaine pour la campagne, mais aussi sa structure publicitaire»
Un conseiller de Trump, anonyme, cité par Politico.

La nuance est malgré tout importante: Trump n'est pas de retour, il est toujours là. Bien qu'affaibli et abandonné par certains de ses copains d'alors, il retrouve simplement, la même semaine, les deux armes lui ayant offert la victoire en 2016, les algorithmes et le terrain.

Le retour des meetings

Car le timing est parfait: Donald Trump s'apprête à déflorer ses premiers meetings de campagne, ce week-end. Sur la feuille de route, New Hampshire, puis Caroline du Sud. Bien sûr, et de manière générale, l'accueil sera moins bouillant qu'à la naissance du Maga, il y a sept ans. Pour ne citer que lui, Chris Sununu, gouverneur du New Hampshire, n'est plus l'auto-proclamé «pro-Trump de bout en bout» qui soutenait encore à haute voix son héros face à Biden en 2019.

Il y a moins de deux ans, le gouverneur avait traité Trump de «fucking crazy guy», avant de souligner, un peu malgré lui, l'une des plus grandes qualités de son nouvel ennemi:

«C'est quelqu'un qui sait être sur le terrain, qui peut serrer des mains, se montrer particulièrement social, avoir de véritables conversations, en passant avec agilité de la politique aux Patriots ou aux Red Sox»
Chris Sununu, gouverneur républicain du New Hampshire, sur NBC News.

Depuis l'élection de Joe Biden, Donald Trump n'avait pour ainsi dire plus que son réseau Truth Social (et ses 5 petits millions de followers) pour rassembler ses troupes, galvaniser les foules et occuper l'espace. Pour se défendre, aussi. Raison pour laquelle il s'est empressé d'annoncer sa candidature à la prochaine élection présidentielle, alors qu'aucun rival n'est encore officiellement sorti du bois. Son principal concurrent potentiel étant toujours Roy DeSantis, dont on dit qu'il est plus intelligent et redoutable que son daddy spirituel.

Le 24 janvier dernier, les sondages concentrés sur les primaires républicaines hissaient Trump à 55%, contre 29% pour le puissant gouverneur de Floride. Ce dernier étant le fer de lance de cette frange conservatrice américaine rêvant de perpétuer (sinon durcir) le trumpisme, mais sans Donald Trump.

Janvier 2023, le voilà donc non seulement virtuellement remis en liberté, mais aussi back on the road. Car c'est bien Donald Trump en personne, qui, il y a sept ans, et à grands coups de meetings bâtis comme des concerts de rock ou des matchs de boxe, s'est approprié le drapeau américain et a donné chair à un slogan populiste qui n'a pas faibli d'une syllabe: Make America Great Again. C'est sur la route et sur scène, visière rouge sur le front, que le milliardaire se montre définitivement le plus à l'aise.

C'est devant la foule, la sienne, grimée aux couleurs de sa politique, que Trump parvient à convaincre. Le même cirque ultra-conservateur qui avait fait pouffer les plus coriaces des éditorialistes occidentaux, pourtant bouches bées d'effroi à l'annonce des résultats en 2016.

Certes, Donald Trump a 76 ans et traîne désormais un nombre incalculable de dossiers, au mieux, gênants. Mais il semble avoir conservé cette vigueur physique et politique qui peut par exemple manquer à Joe Biden (80 ans), une fois sur l'estrade. Si le jeune et fringuant DeSantis paraît effectivement le mieux placé pour s'approprier le courant Maga 2.0, il devra indéniablement faire ses preuves dans le gras de l'Amérique. Car c'est d'abord sur les petits chemins électoraux que le trumpisme, (et le populisme en général) parvient à semer son aura.

Taylor Greene en vice-présidente de Trump?

C'est le très controversé Steve Bannon qui l'a affirmé en premier. Marjorie Taylor Greene n'a pas lâché Trump. Au point qu'elle se profile comme la colistière idéale sur la route de la Maison Blanche pour 2024. «Elle est à la fois stratégique et disciplinée. Elle est prête à supporter la pression et les colères à court terme avec comme objectif à plus long terme de rester sur le devant de la scène», analyse celui qui a été récemment condamné à quatre mois de prison pour son refus de collaborer avec la commission d'enquête du Capitole.

Le nouveau binôme présidentielle pour 2024?
Le nouveau binôme présidentielle pour 2024?

Taillée dans le même bois que son maître, Taylor Greene, complotiste de compétition, anti-vaccin et adepte de premier plan des théories fumeuses du mouvement QAnon, devra poncer quelques angles. Un job qu'elle mène tambour battant au Congrès, où MTG est devenue en très peu de temps une personnalité majeure chez les républicains. Elle vient d'être nommée par Kevin McCarthy dans deux commissions importantes de la Chambre des représentants, mais au comité restreint chargé d'enquêter sur... la gestion de la pandémie de Covid-19.

Evidemment, Donald Trump n'aura pas que son aura à défendre ses prochains mois. Ses fesses sont toujours pendues aux deux enquêtes menées par le «pitbull» Jack Smith. La première concerne l'implication du milliardaire dans l'assaut du Capitole, dont l'ex-président (il faut le rappeler) a été acquitté dans le deuxième procès en destitution, un mois après les faits.

La deuxième étant l'affaire des documents confidentiels conservés dans sa résidence de Mar-a-Lago. Mais la récente découverte de paperasse tout aussi classifiée au domicile de Joe Biden pourrait bien dégonfler la gravité des entorses de Trump et faire que les regards de la justice se détournent suffisamment. Jack Smith devra avoir les balls suffisamment accrochées pour oser balancer officiellement un candidat à l'élection présidentielle sur le bas-côté.

En janvier 2023, Donald Trump a donc été non seulement remis en liberté sur les GAFA, mais le voilà back on the road. Et peut-être plus dangereux et puissant que jamais. Les prochains mois seront réellement décisifs.

Des Pakistanais en colère brûle le drapeau suisse
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Israël doit laisser entrer l'aide à Gaza, ordonne la CIJ
Suite à l'attentat perpétré par le Hamas contre Israël le 7 octobre, l'Etat hébreu a riposté et mène une attaque brutale contre Gaza où se cachent les terroristes. Voici les dernières infos.
L’article