Défendre son pays en temps de guerre était un honneur pour les générations précédentes de Britanniques. Trois millions d'hommes se sont portés volontaires pour le service militaire pendant la Première Guerre mondiale. Pourtant, s'il y avait une troisième guerre mondiale dans les années à venir, la situation serait probablement différente.
En effet, après que le chef d'état-major Patrick Sanders a évoqué la semaine dernière la possibilité d'un service militaire obligatoire face à la menace russe en Europe de l'Est, il n'a pas fallu longtemps pour que la génération Z, c'est-à-dire les personnes nées entre 1995 et 2010, se manifeste. Des scénarios qui leur permettraient d'échapper à cette éventualité ont rapidement émergé.
Dans une vidéo, le Tiktokeur Max Balegde se plaint et dit:
Le jeune homme de 25 ans n'a pas mis les pieds au sport depuis les cours d'éducation physique à l'école. «Je vais rester à la maison, cuisiner et faire rire tout le monde», propose-t-il à la place de faire le service militaire. Près d'un demi-million de personnes ont mis «j'aime» à la vidéo. Dans un commentaire, quelqu'un écrit:
Reste à savoir à quel point ces vidéos doivent être prises au sérieux.
Ce qui est sûr en revanche, c'est que la population n'est plus aussi facilement mobilisable qu'il y a 110 ans. Selon un sondage du journal britannique GB News, seuls 14% des Britanniques âgés de 18 à 24 ans seraient prêts à se battre pour leur pays s'ils étaient appelés à participer à une troisième guerre mondiale. Plus de 40% du même groupe ont déclaré qu'ils feraient tout pour ne pas être envoyés au front.
Pour rappel, l’armée britannique a le plus faible effectif depuis Waterloo en 1815. La Royal Navy ne trouve pas de matelots et ses deux porte-avions sont rarement utilisés en raison de réparations permanentes.
Le Premier ministre Rishi Sunak ne veut toutefois pas entendre parler des projets de service militaire obligatoire. Il n'y a aucun projet d'introduction de la conscription et il n'est «pas utile de parler d'hypothétiques scénarios de conflit». Les documents stratégiques officiels du gouvernement s'en chargent déjà depuis des années. En 2016, une analyse de l'armée avait été transmise au Times: les armes conventionnelles de Moscou, comme les lance-grenades, les pièces d'artillerie et les systèmes de défense antimissile, sont «considérablement supérieures» à celles du Royaume-Uni. Il en résulte une «vulnérabilité disproportionnée».
Depuis des années, le gouvernement conservateur semble hésiter dans sa position vis-à-vis de la menace russe et de l'état des forces armées. Le ministre des Affaires étrangères David Cameron parle de «voyants rouges allumés dans le monde entier».
Mais le Premier ministre Rishi Sunak n'a rien fait l'été dernier pour convaincre l'ex-ministre de la Défense Ben Wallace, le plus efficace et le plus populaire depuis longtemps, de rester à son poste. A la place de l'ancien capitaine de la garde, c'est désormais Grant Shapps, loyal et totalement inexpérimenté en matière de politique de sécurité, qui dirige ce ministère difficile.
Le célèbre institut de stratégie IISS a chiffré le nombre de soldats professionnels actifs à 150 350 en 2022. Et la baisse continue. Selon un recensement du ministère de la Défense (MoD), 139 490 hommes et femmes étaient encore sous les armes en octobre. A cela s'ajoute une réserve d'environ 70 000 personnes.
Le parti travailliste d'opposition a compté que les forces armées ont perdu au total près de 40 000 personnes depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs en 2010. Un navire de guerre sur cinq et 200 avions de combat ont été retirés du service.
Faute de marins, deux vieilles frégates devront bientôt être mises au rebut, avant que de nouveaux navires de remplacement ne soient construits à partir de 2026. La Royal Navy dispose certes à nouveau de deux porte-avions modernes, mais les deux navires doivent pour l'instant se débrouiller sans leurs propres avions.
Traduit et adapté par Noëline Flippe