L'ex-dirigeante civile Aung San Suu Kyi, détenue depuis le coup d'Etat militaire de 2021 en Birmanie, a bénéficié d'une grâce partielle dans le cadre d'une amnistie de la junte. Sa peine de prison est réduite de six ans.
L'amnistie de la junte à l'occasion du carême bouddhiste concerne plus de 7000 prisonniers, ont annoncé les médias d'Etat mardi. La Birmanie accorde fréquemment l'amnistie à des milliers de prisonniers pour commémorer des fêtes bouddhistes.
«Le président du Conseil d'administration de l'Etat a gracié Daw Aung San Suu Kyi, qui a été condamnée par les tribunaux compétents, en vertu de la loi sur les droits de l'homme», a annoncé le journal télévisé.
Une source juridique explique à l'AFP:
Aung San Suu Kyi a été condamnée à 33 ans de prison pour une série de chefs d'accusation:
Cette figure de la démocratie en Birmanie n'a été vue qu'une seule fois depuis qu'elle a été arrêtée après le putsch du 1er février 2021, sur des photos de mauvaise qualité prises par les médias d'Etat dans une salle d'audience d'un tribunal de Naypyidaw, la capitale construite dans la jungle par l'armée.
Selon un groupe de surveillance local, plus de 24 000 personnes ont été arrêtées depuis que les militaires ont chassé le gouvernement de la dirigeante civile du pouvoir en 2021.
L'ancien président Win Myint a également bénéficié d'une grâce partielle dans deux affaires, selon les médias d'Etat, qui ont précisé que 125 prisonniers étrangers seraient graciés et libérés.
Par ailleurs, certains prisonniers passibles de la peine de mort ont vu leur peine réduite à la réclusion à perpétuité.
L'état de santé de la lauréate du prix Nobel, âgée de 78 ans, suscite des inquiétudes depuis sa détention, notamment lors de son procès devant un tribunal de la junte qui l'obligeait à assister à des audiences quasi quotidiennes.
Les militaires «jouent un jeu cruel avec une prisonnière politique», a déclaré l'expert indépendant David Mathieson.
Pour Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie de Human Rights Watch, la junte cherche à «donner l'impression de modération et de dialogue alors qu'en réalité, il n'y en a pas».
La réduction de peine montre le caractère arbitraire des tribunaux militaires de la junte, a estimé Joe Freeman, porte-parole d'Amnesty International pour la Birmanie. «Ceux qui sont pris dans ses griffes ne savent jamais ce qui peut leur arriver», a-t-il ajouté.
(baf/ats)