«Je veux vraiment changer le pays», a déclaré dimanche Monsieur Albanese, qui doit prendre ses fonctions lundi et s'envoler peu après pour Tokyo. Il participera mardi au sommet du Quad (Etats-Unis, Japon, Inde, Australie) et rencontrera séparément ses homologues indien Narendra Modi et japonais Fumio Kishida, ainsi que le président américain Joe Biden.
«Cela nous permet de faire savoir au monde qu'il y a un changement de gouvernement», a-t-il déclaré aux journalistes. Il ajoute:
Mais à deux jours de ce premier déplacement officiel à l'étranger, Anthony Albanese attendait toujours, dimanche, de savoir si son Parti travailliste disposera au Parlement australien d'une majorité absolue ou s'il devra trouver des alliés pour gouverner.
Selon les résultats officiels partiels, les travaillistes pouvaient déjà compter dimanche sur 74 sièges à la Chambre des représentants et disposaient d'une légère avance dans une 75e circonscription.
La majorité absolue (76 sièges) à la Chambre, qui compte 151 députés, paraissait donc à leur portée, l'issue étant encore incertaine dans plus d'une dizaine de circonscriptions.
«Le peuple australien a voté pour le changement», a exulté dimanche Anthony Albanese, 59 ans, dont la victoire a mis fin à neuf ans de gouvernement conservateur.
La coalition libérale du Premier ministre sortant Scott Morrison a perdu de nombreux sièges à travers le pays. Mais elle a connu ses pires défaites dans des circonscriptions qui étaient jusqu'à présent ses chasses gardées, face à une poignée de candidats indépendants.
Ces candidats sont surnommés les «teals», un terme qui signifie «sarcelles», mais qui désigne aussi la couleur entre le bleu (des conservateurs) et le vert (des écologistes). Il s'agit pour la plupart de femmes élues sur des programmes pro-environnement, anti-corruption et pour l'égalité des genres.
Le ministre sortant des Finances, Josh Frydenberg, a notamment été humilié dans son fief de Melbourne par la «teal» Monique Ryan.
Madame Ryan s'est dite prête à soutenir le gouvernement de Monsieur Albanese si celui-ci s'engageait sur un objectif de 60% de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d'ici 2030, et s'il créait dans les six mois une puissante agence fédérale anticorruption.
Anthony Albanese a promis de réduire de 43% les émissions d'ici 2030. Son prédécesseur avait été critiqué pour s'en tenir à un objectif de -28% en 2030 par rapport à 2005.
Les «teals» ont exploité la colère des banlieues aisées de Sydney et de Melbourne contre le soutien inconditionnel de Scott Morrison à l'industrie du charbon, malgré trois années d'incendies, de sécheresses et d'inondations aggravés par le réchauffement climatique qui ont bouleversé la vie de millions de personnes.
Dans son discours de victoire, Anthony Albanese a promis de transformer l'Australie en «superpuissance» des énergies renouvelables. Mais il est jusqu'à présent resté sourd aux appels pour en finir avec le charbon, qui reste un des moteurs de l'économie du pays et compte de nombreux partisans chez les travaillistes.
Sa victoire a été saluée par les dirigeants de plusieurs pays insulaires du Pacifique, dont l'existence-même est, pour beaucoup d'entre eux, menacée par le changement climatique.
Le climato-scepticisme affiché par le précédent Premier ministre australien avait envenimé les relations entre Canberra et ses voisins et alliés du Pacifique, une région où la Chine cherche à étendre son influence. (chl/ats)