International
Autriche

Autriche: qui est Herbert Kickl, le nouveau chancelier?

Qui est le chancelier autrichien, qualifié de «danger pour la sécurité»?

epa11632680 Chairman and top candidate of the Freedom Party of Austria (FPOe) Herbert Kickl arrives in a TV studio in the Austrian parliament, during parliamentary elections in Vienna, Austria, 29 Sep ...
Le président et candidat principal du Parti de la liberté d'Autriche (FPOe) Herbert Kickl arrive dans un studio de télévision au Parlement autrichien, lors des élections législatives à Vienne, Autriche, 29 septembre 2024.Keystone
Le Parti populaire autrichien (ÖVP) fait volte-face. Le chef du Parti libéral autrichien (FPÖ), Herbert Kickl, doit désormais former un gouvernement. Mais qui est vraiment ce politicien controversé?
07.01.2025, 11:52
Stefan Schocher, vienne / ch media
Plus de «International»

« Nous ne serons pas les complices de Kickl», disait Karl Nehammer, ancien dirigeant de l’ÖVP, en octobre 2024. Ce dernier a depuis été remplacé par Christian Stocker, qui dirige désormais le parti conservateur. En août 2024, Stocker, alors secrétaire général, avait qualifié Herbert Kickl de «symbole du chaos», ajoutant qu’il représentait «un danger pour la sécurité nationale».

Dimanche, Christian Stocker a pourtant changé de ton. Selon lui, l’Autriche a besoin d’un gouvernement stable, et l’ÖVP «ne se dérobera pas à cette responsabilité». En guise de geste symbolique envers le FPÖ, Stocker a ajouté qu’il s’attendait à ce que le chef du parti ayant obtenu le plus de voix soit chargé de former le gouvernement.

«Si nous sommes invités à des discussions, nous y participerons»
Christian Stocker

Lorsque le président Alexander Van der Bellen avait refusé en septembre de confier immédiatement la formation du gouvernement au FPÖ après sa victoire aux élections, ce dernier y avait vu une tentative de coup d’Etat orchestrée par l’establishment.

Lundi, après un entretien entre Van der Bellen et Herbert Kickl, le président a finalement annoncé qu’il confiait à ce dernier le job de chancelier et le mandat de former un gouvernement. La veille, il avait noté publiquement que les voix opposées à une collaboration avec Herbert Kickl au sein de l’ÖVP s’étaient faites «plus discrètes». Tout futur gouvernement autrichien devra toutefois respecter certains piliers fondamentaux: l'Etat de droit, la séparation des pouvoirs, les droits de l'homme et des minorités, des médias libres et indépendants ainsi que l'appartenance à l'UE.

«Forteresse Autriche, forteresse de la liberté»

Les valeurs démocratiques mises en avant par Van der Bellen contrastent fortement avec le programme électoral du FPÖ, intitulé «Forteresse Autriche, forteresse de la liberté». Parmi les propositions:

  • Une plateforme pour dénoncer les enseignants critiques.
  • Abaisser l’âge de la responsabilité pénale à 12 ans.
  • Ou encore qualifier l’éducation sur les questions transgenres et la migration de «décomposition sociale».

Ce programme a longtemps justifié le «cordon sanitaire» des autres partis autour du FPÖ. Pourtant, il n’aura fallu que 48 heures à l’ÖVP pour faire volte-face: vendredi, les libéraux des Neos se sont retirés des négociations pour une coalition à trois avec l’ÖVP et le Parti social-démocrate d'Autriche (SPÖ). Samedi, les discussions entre l’ÖVP et le SPÖ ont échoué, entraînant la démission de Nehammer. Dimanche, l’ÖVP a adouci sa position vis-à-vis du FPÖ.

Aux élections de septembre, le FPÖ avait remporté une victoire écrasante, arrivant en tête, mais sans pouvoir constituer une majorité. Le mandat pour former un gouvernement avait donc été confié à la deuxième force politique: l’ÖVP.

L’isolation politique du FPÖ reposait sur des raisons concrètes: ses positions, souvent alignées sur celles des mouvements d’extrême droite, comme les Identitaires, et son discours conspirationniste, prorusse, critique envers les vaccins et hostile à l’Union européenne.

Liaisons troubles avec la Russie

Durant son mandat de ministre de l’Intérieur (2017-2019), Herbert Kickl avait déjà fait parler de lui, notamment après une perquisition controversée au sein des services secrets (BVT), menée par une unité proche du FPÖ. Cette opération, dont les objectifs restent flous, avait abouti à la confiscation de nombreuses données sensibles, dont le sort demeure inconnu.

Depuis, la confiance entre l’Autriche et ses partenaires occidentaux s’est érodée. Des informations sensibles, notamment sur des menaces d’attentats, ne transitent plus par les services secrets autrichiens, mais par des canaux militaires.

Ce climat de méfiance s’explique par l’influence grandissante de la Russie à Vienne, où elle entretient des liens étroits avec presque tous les partis, particulièrement le FPÖ. En 2016, le FPÖ avait même signé un «pacte d’amitié» avec le parti Russie unie de Vladimir Poutine.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

Des monstres envahissent les rues d'Autriche
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
La France a peur de la démocratie
En condamnant Marine Le Pen à la «mort politique», les juges ont honoré le droit mais ils ont indiqué dans le même temps qu'ils se méfiaient de la démocratie.

Interdire le Front national a longtemps été le rêve du camp démocrate opposé à l’extrême droite. Un rêve qui s’est évaporé avec les années. Le Front de Jean-Marie Le Pen est devenu le Rassemblement de sa fille Marine. Le parti a entamé sa «dédiabolisation», laissant aujourd’hui l’antisémitisme à Jean-Luc Mélenchon, le leader de la gauche radicale insoumise, pour concentrer ses flèches sur l’«immigration», sans épargner l’islam mais sans non plus le déclarer incompatible avec la République.

L’article