Sur la scène politique européenne, Martin Selmayr est une figure aussi connue que controversée. Il s'agit du collaborateur le plus proche de l'ancien président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Lors de son entrée en fonction à la place de Juncker, Ursula von der Leyen a exilé à Vienne ce fonctionnaire de l'Union européenne, conscient de son pouvoir. Peine perdue. En tant qu'ambassadeur de l'Union européenne, Martin Selmayr a provoqué récemment une tempête.
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Lors d'une table ronde, cet Allemand de 52 ans a déclaré qu'il ne comprenait pas pourquoi la population autrichienne ne protestait pas face à la dépendance gazière toujours élevée de l'Autriche vis-à-vis de la Russie.
En Autriche, le ton est monté. La ministre autrichienne des Affaires européennes Karoline Edtstadler a qualifié cette déclaration de «pas sérieuse» et de «totalement unilatérale». Se sentant visé par l'attaque de l'Allemand Martin Selmayr, le parti d'extrême droite autrichien FPÖ a exigé la démission du «gouverneur des élites de l'UE» et un «aller-simple pour Bruxelles». Martin Selmayr a même été convoqué au ministère des Affaires étrangères: du jamais vu.
Une fois le soufflé retombé, d'autres voix se sont fait entendre. Le quotidien viennois Die Presse a écrit que «sur le fond, Selmayr a raison».
Alors que les pays de l'UE ont réduit leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, l'Autriche continue d'acheter plus de la moitié de son gaz à Poutine, même après plus d'un an de guerre contre l'Ukraine. En juillet, cette part était de 66%. Par ailleurs, les liens économiques de Vienne avec la Russie restent étroits. Le magazine économique britannique The Economist a placé l'Autriche en deuxième position de sa liste des «idiots utiles de Poutine», juste derrière la Hongrie de Viktor Orban.
L'Autriche a longtemps entretenu des liens étroits avec la Russie. En tant que pays neutre d'Europe centrale, Vienne se considérait comme un tampon amortisseur entre l'Est et l'Ouest pendant la guerre froide. Cela se reflète également dans la politique. Ce n'est qu'après de nombreuses critiques publiques que l'ex-chancelier ÖVP (droite) Wolfgang Schüssel a démissionné l'année dernière de son poste de membre du conseil de surveillance du groupe pétrolier russe Lukoil.
Le FPÖ entretient des relations particulièrement étroites avec Moscou. En décembre 2016, il a conclu un accord de partenariat avec le parti de Poutine «Russie unie». Plusieurs de ses représentants passent pour de véritables amis de Poutine. En 2018, le président russe a assisté au mariage de l'ex-ministre des Affaires étrangères du FPÖ, Karin Kneissl.
Lors d'une danse, elle a honoré le maître du Kremlin d'une génuflexion, alors qu'elle incarnait sa fonction de ministre. Aujourd'hui, elle a émigré en Russie pour y diriger un groupe de réflexion associée à l’université de Saint-Pétersbourg et qui s’occupe de géopolitique.
En Autriche, l'actuelle direction du FPÖ emmenée par Herbet Kickl demande une levée des sanctions «absurdes» contre la Russie et critique le «démantèlement de la neutralité» par le gouvernement actuel du chancelier Karl Nehammer (ÖVP, associé au Verts dans le gouvernement).
Si les élections avaient lieu aujourd'hui, le FPÖ serait, selon les sondages actuels, le premier parti d'Autriche avec environ 30% des voix.