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La Suisse importe plus de gaz liquéfié russe que jamais

La Suisse importe plus de gaz russe que jamais et Poutine s'enrichit

L'UE, et la Suisse, importe plus de gaz liquéfié russe que jamais
Terminal GNL à Zeebrugge, Belgique.Image: aargauerzeitung
Alors que la part du gaz de pipeline continue de diminuer, l'Europe achète de plus en plus de gaz à la Russie. Ce qui a permis à Poutine de faire entrer plus de 5 milliards de francs dans son trésor de guerre au cours des sept premiers mois de l'année.
31.08.2023, 12:0501.09.2023, 11:20
Remo Hess, bruxelles / ch media
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Quand le président russe Vladimir Poutine a coupé le robinet de gaz aux pays européens il y a un an, l'Union européenne (UE) a décidé de devenir totalement indépendante des combustibles fossiles russes d'ici 2027. Comme la Suisse est également sous perfusion européenne, elle s'est également retirée du gaz russe. Alors qu'avant la guerre, 53% du gaz consommé dans le pays provenait de Russie, ce chiffre n'est plus que de 10% aujourd'hui.

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Cela ne concerne toutefois que le gaz provenant de gazoducs comme le tube Nordstream 1, qui a depuis été dynamité. Le gaz naturel liquéfié (GNL) russe, qui arrive en Europe par bateau-citerne, continue d'arriver en quantités considérables dans l'UE et en Suisse. Malgré la guerre en Ukraine, les quantités ne diminuent pas – au contraire, elles augmentent.

L'UE absorbe plus de la moitié des exportations russes

L'Espagne et la Belgique, notamment, importent plus que jamais du GNL russe via leurs terminaux méthaniers. Après la Chine, les deux pays de l'UE sont même les plus gros acheteurs de GNL russe au monde, comme le montre une évaluation de l'organisation non gouvernementale Global Witness, spécialisée dans les matières premières.

Au total, les importations de GNL russe en l'UE ont augmenté de 40% au cours du premier semestre 2023. Cela représente environ 22 millions de mètres cubes et a permis à Poutine de faire entrer environ 5,3 milliards d'euros dans son trésor de guerre.

Comment est-ce possible, alors que l'UE souhaite se détacher du gaz russe? En fait, la sortie du gaz a été décidée politiquement, mais l'achat et le commerce ne sont pas sanctionnés. Et contrairement au gaz de pipeline, qui est lié à une infrastructure, le gaz liquide est librement négociable sur le marché mondial, comme l'explique Thomas Hegglin, porte-parole de l'Association suisse du gaz. Il s'agit de processus commerciaux complexes et dans cette mesure, il n'est pas étonnant que du gaz naturel liquéfié russe arrive en Europe.

La part russe reste modeste

En effet, depuis le début de la guerre, l'Europe a fortement développé son approvisionnement en gaz liquéfié, à la place du gaz de pipeline russe. Environ 40% de l'approvisionnement en gaz se fait aujourd'hui avec du GNL, alors que la part n'était que d'environ 10% il y a quelques années. Les principaux fournisseurs sont les grands producteurs de GNL que sont les Etats-Unis, le Qatar et les pays africains. Mais parallèlement, la part russe a également augmenté: elle est aujourd'hui de 16%.

Il ne faut toutefois pas comparer cela à la dépendance gazière à la Russie d'avant la guerre: «Il est important de considérer le changement en chiffres absolus», explique Thomas Hegglin. Avant la guerre, la Russie approvisionnait l'Allemagne en gaz naturel à plus de 60% et l'a rendue dépendante. Aujourd'hui, elle fournit certes davantage de gaz liquide, mais dans l'ensemble, elle n'en fournit toujours qu'une fraction. Selon l'expert en gaz, il n'y a plus de risque de concentration.

Mais l'UE tente également de mettre fin à l'approvisionnement résiduel en gaz russe. La commissaire européenne à l'énergie, Kadri Simson, a déjà demandé aux fournisseurs de gaz de ne plus s'approvisionner auprès des fournisseurs de GNL russes. Et la ministre espagnole de l'Energie Teresa Ribera, dont le pays assure actuellement la présidence de l'UE, s'est prononcée en mars pour l'imposition de sanctions sur le GNL russe.

Il est également clair que la guerre du gaz déclenchée par Poutine a mis l'industrie russe en grande difficulté. Le groupe gazier public Gazprom n'a toujours pas trouvé de substitut à la disparition des ventes européennes. Certes, les Chinois achètent désormais plus de gaz, mais à des prix beaucoup plus bas. Et les prix de gros, qui s'étaient envolés et avaient procuré à la Russie des revenus exorbitants, sont revenus à la normale. Enfin, la météo a également joué un mauvais tour à Poutine: l'hiver dernier a été si doux que les réservoirs de gaz européens sont déjà remplis à plus de 90%, plusieurs mois avant la période de chauffage. (aargauerzeitung.ch)

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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